L'ACTEUR AMERICAIN KIRK DOUGLAS N'EST PLUS

L'acteur américain Kirk Douglas est mort, mercredi 5 février 2020, à l'âge de 103 ans, a annoncé son fils Michael Douglas, sur Facebook. « C'est avec une immense tristesse que mes frères et moi vous annonçons que Kirk Douglas nous a quittés aujourd'hui à l'âge de 103 ans. Pour le monde, il était une légende, un acteur de l'âge d'or du cinéma, (...) mais pour moi et mes frères, Joel et Peter, il était simplement papa », écrit l'acteur. « Kirk a eu une belle vie et il laisse derrière lui des films pour les générations à venir, et le souvenir d'un philanthrope reconnu qui a œuvré pour le bien public et la paix dans le monde », poursuit Michael Douglas

« Né dans la misère, vous ne pouvez pas aller plus bas »

De son vrai nom Issur Danielovitch Demsky, Kirk Douglas était né le 9 décembre 1916 à Amsterdam, petite ville de l'Etat de New York. Malgré son enfance misérable, ou peut-être à cause d'elle, ce fils de chiffonnier juif ayant fui la Russie n'avait d'yeux que pour le cinéma.

Kirk Douglas se décrivait en effet comme « homme en colère.

La colère a été le moteur de ma vie, une colère immense contre l’injustice ». Colère contre son enfance. Une enfance misérable à la David Copperfield où il souffre en outre de l’antisémitisme et de l’indifférence d’un père alcoolique et analphabète .

C’est lorsqu’il débarque à New York pour faire carrière d’acteur qu’il prend Kirk Douglas comme nom de scène, avant de l’adopter officiellement et légalement juste avant de s’enrôler dans la marine en 1941.Il s' enrôle dans la Marine durant la Seconde Guerre mondiale, et fait la campagne du Pacifique à bord d’un chasseur de sous-marins.

Naissance de la légende d'Hollywood

Démobilisé, il enchaîne les petits rôles avant de connaître le succès en 1949 avec Le Champion, où il campe un boxeur caractériel. Hollywood lui ouvre alors ses portes et il enchaîne les films, une centaine au total.

La carrière de l’acteur au regard azur et à la célèbre fossette au menton décolle : films d’aventures (Vingt Mille Lieues sous les mers, 1954), péplum (Spartacus, 1960), films de guerre (Les Sentiers de la gloire, 1958, «, 1966), westerns (La Captive aux yeux clairs, 1952, Règlement de comptes à OK Corral, 1957)…

Kirk Douglas rencontre Vincente Minnelli, son réalisateur d’élection. En 1952, ils tournent ensemble Les Ensorcelés, représentation impitoyable et paroxystique de la magie noire du cinéma, qui corrompt et exalte. En 1956, c’est La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, « le seul rôle dans lequel j’ai failli me perdre », avouera plus tard l’acteur. .Kirk Douglas ne sortait pas du personnage entre les prises, et qualifiera l’expérience d’effrayante, proche de la folie, allant jusqu’à se toucher l’oreille pour vérifier qu’elle était toujours là. Minnelli et Douglas se retrouvent une troisième fois pour Quinze jours ailleurs, en 1962.

Douglas a beau ne pas sacrifier aux techniques de l’Actors Studio que Marlon Brando et James Dean ont imposées à Hollywood, il s’engage à chaque fois dans ses rôles, quitte à se mettre en danger psychiquement ou physiquement. Il finit le tournage de La Captive aux yeux clairs (1952), le western bucolique d’Howard Hawks, avec une pneumonie. Et c’est bien lui qui danse sur les rames d’un drakkar en mouvement dans Les Vikings.

Ce grand ami de Burt Lancaster tourne avec les plus grands réalisateurs, de Kubrick à Mankiewicz en passant par Huston, Minelli, Hawks, Preminger et Kazan .

« J’ai longtemps été l’acteur le plus détesté d’Hollywood ».

Il devient producteur et réalise lui-même quelques films avec la création de sa société de production, Bryna, ainsi baptisée en l’honneur de sa mère. Cette indépendance lui permet de mettre en chantier des films qui s’éloignent de l’« entertainment » hollywoodien. Même Les Vikings, film à grand spectacle, dans lequel il a pour partenaire Tony Curtis, se distingue par les efforts des scénaristes et des décorateurs pour parvenir à un semblant de vérité historique. Kirk Douglas s’est réservé le rôle du barbare, un homme que ses appétits monstrueux mènent à sa perte. Dans la foulée, il engage le jeune Stanley Kubrick pour réaliser Les Sentiers de la gloire, drame antimilitariste situé en 1917.

Acteur engagé, proche depuis toujours des démocrates, il n’hésite pas, en pleine chasse aux sorcières maccarthyste dans les années 1950, à embaucher un scénariste figurant sur la liste noire des personnes à ne pas embaucher en raison de leurs supposées sympathies communistes. On le surnomme « l’emmerdeur ». « A cause de mon franc-parler, j’ai longtemps été l’acteur le plus détesté d’Hollywood ».

Un Oscar d'honneur récompensant l'ensemble de sa carrière.

Malgré la gloire, les succès et trois nominations dans les années 1950, Kirk Douglas n'a jamais obtenu d'Oscar au cours de sa carrière, son grand regret. Il confesse également un autre grand regret au cinéma : ne pas avoir décroché le rôle de Vol au-dessus d’un nid de coucou, le chef-d’œuvre de Milos Forman de 1975. « C’est une tragédie pour moi. C’est Nicholson qui l’a eu et il a eu un oscar. Et moi je n’en ai pas… ». La légende d'Hollywood a dû attendre 1996 pour remporter un Oscar d'honneur récompensant l'ensemble de sa carrière.

Un auteur à succès.

Kirk Douglas est devenu un auteur à succès. Il publie Le Fils du chiffonnier, en 1988. Best-seller aux Etats-Unis, le livre est traduit dans le monde entier. Douglas y raconte son enfance misérable, ses amours, ses combats artistiques et politiques.

Kirk Douglas laisse derrière lui une dynastie du cinéma. Deux fils comédiens, dont Michael, né d’un premier mariage et désormais au moins aussi célèbre que son père, deux autres fils producteurs, une belle-fille actrice, Catherine Zeta-Jones, et un petit-fils, Cameron, également comédien.

Avec son regard d’acier et sa mâchoire carrée, Kirk Douglas a traversé le siècle et les genres à Hollywood. Dernier grand monstre sacré de l’âge d’or du cinéma américain, il avait été décoré en France de la Légion d’honneur en 1990.

« Kirk a gardé son charisme de star de cinéma jusqu'à la fin de sa vie merveilleuse », a écrit Steven Spielberg au magazine spécialisé Hollywood Reporter, ajoutant que ses « notes manuscrites, ses lettres et ses conseils paternels » lui manqueraient.




Alyson Braxton pour DayNewsWorld