LA ZOOPHILIE UNE PRATIQUE BIEN REELLE A PUNIR

Elle est ignorée. Tabou. Et pourtant la zoophilie est une pratique bien réelle, qui entraîne des maltraitances pour les animaux qui en sont victimes.

Il s’agit d’un « bien d'un phénomène de masse », révèle une enquête de l’association Animal Cross, qui dénonce, outre les « sévices inadmissibles » que cette « déviance sexuelle » fait supporter aux animaux, une « atteinte grave à la dignité humaine » et un problème de santé publique.

Une étude publiée sous un titre choc « Les animaux, les nouveaux sex-toys » s’appuie notamment sur la thèse d’une jeune docteure vétérinaire, Marjolaine Baron :

« La zoophilie dans la société : quel rôle le vétérinaire peut-il tenir dans sa répression ? »

Internet une caisse de résonance pour la zoophilie

C'est sur Internet que la zoophilie trouve une caisse de résonance sans filtre. «Internet est l'antichambre d'une sorte de gigantesque bordel dans lequel les animaux sont les victimes sexuelles», dénonce Benoît Thomé.

Cette pratique s’est considérablement développée avec Internet et les supports numériques.

L’association estime ainsi à 1,6 million le nombre de visites d’internautes français enregistrés, chaque mois, sur les sites spécialisés diffusant des vidéos zoophiles – ce chiffrage n’a pas pris en compte le trafic des nombreux tubes pornographiques « généralistes » qui proposent, eux aussi, cette thématique.

« Quelques secondes, un ou deux mots clés sur les moteurs de recherche suffisent pour accéder gratuitement à ces sites ; la plupart ne prennent même pas la peine de vérifier que l’utilisateur a plus de 18 ans », déplore l’enquête d’Animal Cross. « Il existe donc un voyeurisme massif de personnes consommant de la zoo-pornographie », en déduit son auteur, qui évalue à 150 000 le nombre d’adeptes français de la zoophilie.

Il est difficile cependant de savoir combien passent à l’acte en l’absence de données scientifiques fiables, les enquêtes officielles sur la sexualité des Français s’abstenant d’aborder ce sujet scabreux. Selon les analyses d' Animal Cross « autour de 10 000 » serait l’effectif de cette communauté active. Un nombre qui ne ferait que croître avec les forums et les formats numériques. « La zoophilie est souvent présentée comme la nouvelle expérience sexuelle à découvrir absolument », note le rapport. On est loin de quelques idées reçues. Cette pratique ne concerne pas seulement le valet de ferme ou des personnes isolées en situation de misère sexuelle. « Le faute de mieux est une motivation minoritaire ; pour la plupart des zoophiles, cela tient du choix délibéré », souligne Benoît Thomé, président de l'association. Les zoophiles sont souvent jeunes et de sexe masculin.

Le président d’Animal Cross en établit une sorte de cartographie, des « voyeuristes passifs », consommateurs de vidéos, aux « zoo-sadiques », qui pratiquent la torture sur leur proie, parfois jusqu’à sa mise à mort ; entre les deux, des pratiques graduées qui vont de la caresse au rapport sexuel intégral.

Des conséquences multiples sur les animaux

Pour les animaux, les conséquences sont multiples. Marjolaine Baron, docteure vétérinaire, qui a consacré une thèse à la zoophilie l'affirme : « Les lésions sont essentiellement physiques et anatomiques, sur les parties anales ou vaginales, explique la praticienne. Mais on peut aussi avoir des oreilles fibrosées, car ces parties servent parfois de poignées, ou bien des hématomes, car l’animal se débat. » Les actes s’accompagnent parfois de zoosadisme avec volonté de torturer l’animal, et pour certaines espèces, les incompatibilités anatomiques entraînent la mort de l’animal. « On a aussi beaucoup de cas où il n’y a aucune lésion. Cela rend le diagnostic difficile à poser », poursuit Marjolaine Baron,

Des risques sanitaires

« Outre les souffrances qu’elle provoque, la zoophilie constitue un problème sanitaire grave, pour les risques de maladies vénériennes qu’elles font courir aux humains ». Une étude brésilienne fait apparaître que 45 % des personnes atteintes d’un cancer pénien ont admis avoir eu au moins un rapport sexuel avec un animal. Le rapport souligne une « prévalence importante » des maladies sexuellement transmissibles, chez les zoophiles, et donc « une préoccupation de santé publique ».

«Autre risque pointé par l'association : celui des déviances. « Une paraphilie se déclare rarement seule. […] La zoophilie, les actes de bestialité prédisposent les individus aux violences interhumaines. […] Ils doivent servir de sonnette d’alarme pour prévenir les comportements nuisibles, notamment la pédophilie. Les vétérinaires ont un rôle important dans ces interventions », lit-on dans le rapport.

Renforcer la législation

« Notre objectif n’est pas de nous ériger en police des bonnes mœurs, mais de nous préoccuper des animaux victimes d’agressions sexuelles, dans l’incapacité de dire non », précise Benoît Thomé, président d’Animal Cross et rédacteur du rapport.

Dans ses conclusions, l'auteur pointe du doigt le vide juridique qui entourerait la diffusion de la zoophilie sur Internet et appelle à renforcer la législation existante, à l’encontre des zoophiles, comme on l’a vu récemment en Allemagne.

Trop d’affaires font encore l’objet d’un classement sans suite, faute de preuve ou en opportunité. La pratique s’opérant à l’abri des regards, les signalements sont peu nombreux, et quand ils le sont, les preuves sont difficiles à apporter.

L’article 521-1 du Code pénal punit de deux ans d’emprisonnement le fait d’exercer des sévices graves ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal.

« Nous considérons qu’à terme les animaux devraient bénéficier de la même protection juridique que les mineurs », conclut le président d’Animal Cross évoquant un « non-consentement par nature » de l'animal.




Larry Ricky pour DayNewsWorld