RETRAITES

AGE PIVOT, PENIBILITE ET EMPLOI DES SENIORS

Ce mardi, Muriel Pénicaud reçoit les syndicats au ministère du Travail pour évoquer la pénibilité et l'emploi des seniors. Dans le projet de loi de réforme des retraites, c’est le flou qui continue de dominer concernant la façon dont seront gérés certains aspects du texte, dont deux qui sont aujourd’hui à l’ordre du jour: la pénibilité et l’emploi des seniors. Ce mardi 14 janvier, la ministre du Travail Muriel Pénicaud reçoit les syndicats pour plancher sur ces thèmes qui, pour des raisons différentes, sont tout aussi sensibles que l’âge pivot, finalement suspendu.

Critères de pénibilité.

La meilleure prise en compte de la pénibilité est une obligation pour le gouvernement, qui entend mettre fin aux régimes spéciaux tout en introduisant des spécificités « qui ne seront pas liées à des entreprises, mais à des métiers ». Pour ce faire, la CFDT et l’Unsa ont une idée toute trouvée: la réintroduction des quatre critères de pénibilité, supprimés par les « ordonnances Macron » au début du quinquennat. Ces critères, qui avaient été définis en 2015, portaient sur la manutention manuelle de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les agents chimiques dangereux. Ne reste dorénavant dans le « compte personnel de prévention » que le travail de nuit, le travail répétitif, le travail dit « en 3x8 », le travail en milieu « hyperbare » (sous forte pression), bruits et températures extrêmes. “Avec les critères reconnus aujourd’hui, c’est 180.000 personnes concernées, si on met les quatre autres critères, ça fait 800.000 personnes, et là, ça commence à avoir du sens”, justifiait Laurent Berger

Mais le gouvernement est, pour le moment, complètement opposé à cette option. Le secrétaire d’État en charge du dossier, Laurent Pietraszewski, a clairement fermé la porte, au motif que ces critères « n’étaient pas ou peu évalués dans la vie des entreprises ». Une réticence d’ailleurs partagée par le Medef.

De son côté, l’exécutif souhaite plutôt encourager « des dispositifs de reconversion » pour les personnes exerçant un métier pénible. Autre piste formulée par Édouard Philppe: rendre « plus généreux » le système actuel, en faisant baisser par exemple le nombre de nuits travaillées pour pouvoir bénéficier de la prise en compte du critère.

L' emploi des seniors.

Autre point qui sera discuté entre Muriel Pénicaud et les partenaires sociaux: l’emploi des seniors. Un secteur sur lequel la France est très en retard en comparaison de ses partenaires européens, selon les chiffres de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). Un rapport de la Cour des comptes publié en octobre chiffre le taux d’emploi des 55-64 ans à 52,3%. Or, et même si l’âge pivot a été retiré (provisoirement) du texte, le gouvernement a bien l’intention d’inciter les Français à travailler plus longtemps. Un vœu qui entre en contradiction avec la cruelle réalité du marché de l’emploi des seniors.  40% des salariés aujourd’hui, quand ils arrivent à la retraite, ne sont déjà plus au travail.

Reste maintenant à savoir quelles pistes seront évoquées ce mardi. Le Medef propose d’instaurer une « retraite progressive »”, en proposant aux salariés concernés de passer à 80% puis 60% de temps de travail, en compensant le reste du salaire manquant par une pension versée par la caisse de retraite. En d’autres termes, de soulager les entreprises du coût des seniors.

Les syndicats réformistes préfèrent des solutions de reclassement et le lancement de campagnes d’information pour « valoriser l’intergénérationnel », comme le veut la CFDT.

Jenny Chase pour DayNewsWorld