NICOLAS DUPONT AIGNAN

PRIVATISATION DE ADP OU PILLAGE EN FRANCE

«On va vendre une infrastructure qui rapporte à la France, qui produit des dividendes et qui est bien gérée, pour la placer sur un fonds qui va rapporter au budget 2 à 3 fois moins » et «  qui va faire la transaction ? » ajoute-t-il : « C’est la Bank of America ». Et qui « s’occupe de ce dossier chez Bank of America ?  … c’est Bernard Mourad un soutien fidèle d’Emmanuel Macron ».

Ces propos ont été tenus devant un public gêné et à l’air constipé sur le plateau de l’émission de RMC , Les Grandes Gueules où officiaient, nos confrères médusés ce jour là , Alain Marshall et Olivier Truchot .

L’attaque a fait bredouiller Thibault Lanxade (le fils de l’ancien amiral) PDG du Groupe Jouve, une entreprise financière de services numériques et d’impressions spécialisées dans les datas dont on apprend qu’il a été nommé le 10 janvier 2018, par la Ministre du Travail , Muriel Pénicaud et par le Ministre des Finances et de l’Economie, Bruno Le Maire, ambassadeur à l’intéressement et à la participation ?

Que sa quo ?

Savait-il ou ne savait-il pas ?

Nous penchons pour la seconde hypothèse, car Thibault Lanxade a cherché à esquiver la question , tout en niant, quelques secondes après, une situations de conflit d’intérêts.

Pour sauver l’affaire sur le plateau, quelques voix se sont élevées pour indiquer que c’est l’UE qui ordonnait à la France de vendre ses bijoux de famille ( ?), et « de la dépecer comme cela s’est passé en Grèce… ».

Une très mauvaise argumentation en tout état de cause à quelques semaines des élections européennes du 26 mai .

Mais qui est donc Bernard Mourad ?

Bernard Mourad est un banquier qui vient (lui aussi) d’être nommé (en septembre 2018/ l’annonce de la privatisation d’ADP a été faites officiellement en octobre 2018) à la direction du Siège Parisien de la Bank of América-Merryl Lynch.

Bernard Mourad , 43 ans, est le grand copain d’Emmanuel Macron depuis 2008. Il fait toujours parti du premier cercle, notamment de celui qui s’est engagé dans la conquête du pouvoir.

En dehors du dossier d’Aéroport de Paris (ADP) de gros dossiers sont dans les mains du banquier qui est assisté depuis septembre 2018 de 200 traders rapatriés de la City (400 personnes au total) en raison du Brexit qui s’approche (comme on le voit, tout le monde ne sera pas perdant dans cette affaire du Brexit).

Bank of America a signé un bail pour plus de 10 000 m2 de bureaux , rue de la Béotie, dans les anciens locaux de la Poste (adieu services publics) rénovés à grands frais .

Les deux hommes ont toujours été proches. Quand Bernard Mourad appelle le Président de la République (ou précédemment le candidat à la Présidentielle d’En Marche) on s’échange des « mon lapin » ; Bernard Mourad bombarde Emmanuel Macron de « Forza, tient bon mon chou !». Par messagerie chiffrée Telegram , il lui susurre « Love U.. » (voir enquête interview faite par notre excellente collègue Sophie des Déserts pour Vanity Fair publiée en décembre 2018, n°24)

Avant qu’Emmanuel Macron devienne le résident de l’Elysée les deux hommes se rencontraient souvent dans un bar parisien, devant une bière ou un déjeuner.

Là, ils se donnaient rendez vous pour le prochain meeting de campagne .Le magasine Vanity Fair déroule dans son papier la confiance de l’époque qui règne entre Bernard Mourad et celui qui fut son poulain et à qui il lançait régulièrement avant de se quitter : « je viens avec une perruque rose et un string En Marche… t’as intérêt à être bon » ! Ce à quoi Emmanuel Macron répliquait « qu’il allait balancer la sauce » !

Les échanges sur ce ton ont duré encore longtemps, car le nouvel occupant de l’Elysée avait encore besoin des conseils de son ami qui connait le Tout Paris de la finance et de la politique. En décembre 2018, le banquier était parait il encore fier de son ami Président. Il avouait néanmoins que, les mois défilant, il s’agaçait, en se mettant à ne plus reconnaitre son ami de l’époque Rothschild. Certains pensaient même que les liens étaient coupés.

L’affaire ADP vient de démontrer le contraire… on ne se voyait plus, pour des raisons stratégiques ?

Les liens personnels sont de toute évidence encore très forts, pouvant aller jusqu’au conflit d’intérêts que Nicolas Dupont Aignan (Debout la France/Droite Nationaliste) compare à une opération de  pillage de la France.

Le projet de privatisation de ADP , défendu par Edouard Philippe et Bruno Le Maire suscite de nombreuses critiques . A l’heure où nous écrivons l’Assembée Nationale vient de voter pour le dossier de privatisation d’ADP, et ceci même si le Sénat l’avait rejeté à l’automne.

Selon Nicolas Dupont Aignan, le gouvernement espère retirer 300 millions d’€ de l’opération, alors qu’elle rapporte beaucoup plus aujourd’hui !

Les députés PS, PCF et LFI ont déjà annoncé qu’ils saisiront le Conseil Constitutionnel où l’arrivée d’Alain Juppé début mars 2019 (mais est ce un hasard) va donner au gouvernement une majorité de soutien.

Face à la levée de boucliers contre son projet, Bruno Le Maire a donné des gages aux députés, notamment en ce qui concerne le contenu du Cahier des Charges qui sera imposé au concessionnaire et qui sera révisé tous les 10 ans (ce qui n’est pas le cas pour les concessions d’autoroutes)

Le  ministre de l’Economie et des Finances accuse néanmoins Nicolas Dupont Aignan « d’abuser l’esprit public » et de « renforcer les théories du complot ».

Sauf que, il faut en convenir les révélations de NDA ont fait tomber à plat les accusations de Bruno Le Maire, en caractérisant tout aussi bien les liens malsains qui existent entre Emmanuel Macron et Bernard Mourad que la précision du jeu de chaises musicales qui s’est joué depuis le début du mandat présidentiel.

Les Gilets Jaunes auront une fois de plus des raisons d’être en colère !


Clara Mitchell pour DayNewsWorld