LE DESTIN CONTRARIE DE L'IMPERATRICE MASAKO

DU JAPON

Proclamé empereur en mai dernier après l'abdication de l'empereur Akihito, le prince Naruhito a officiellement été intronisé mardi 22 octobre lors d'une cérémonie solennelle avec, à ses côté son épouse Masako, qui a obtenu le titre d'impératrice consort du Japon.

Polyglotte, cette dernière était destinée à une brillante carrière diplomatique ayant été admise dans plusieurs universités prestigieuses comme Harvard ou encore Oxford, avant d'intégrer le Ministère des affaires étrangères au Japon. Le destin en a voulu autrement. Son mariage avec le prince Naruhito mettra un terme à la brillante carrière qui se dessinait pour elle.

Masako ne veut cependant pas se restreindre au rôle de ryosai kenbo, une bonne épouse et une mère avisée en japonais. Tout juste princesse, elle veut dépoussiérer la fonction: elle invite alors des ambassadeurs et chefs d’État au palais et développe  la communication autour de son image. Mais le Kunaicho – agence d’administration de la maison impériale – ne supportant pas de voir Masako faire la une de la presse, mais aussi s’entretenir avec le président Clinton comme si elle dirigeait le Japon, lui rappelle alors son plus strict devoir : prier pour les Japonais et donner un héritier mâle.

C'est chose faite six ans après leur union : la princesse est enceinte mais elle fait une fausse couche. Le couple se lance alors dans un processus de procréation médicalement assistée, sujet tabou au Japon .Masako tombe enfin enceinte et accouche en 2001 d'Aiko, une fille, ce qui ne satisfait pas les Japonais. Car au Japon, seuls les hommes peuvent accéder au trône du Chrysanthème. Un échec de plus qui plonge alors la princesse dans la dépression. La princesse s’enferme petit à petit dans sa bulle et dans une dépression qui la ronge.

En 2004, son médecin lui diagnostique un « trouble de l’adaptation » en raison du stress lié à sa condition de princesse. Il la pousse même à la démission, ou au moins, à ne pas honorer ses obligations officielles. Naruhito prend alors publiquement la défense de son épouse, accusant l'Agence impériale d'avoir provoqué sa maladie. C’est alors la première fois qu’un membre de la famille impériale se rebelle .

Et alors que le Premier ministre réfléchit à changer la législation afin que la princesse Aiko puisse succéder un jour à son père, la princesse Kiko - épouse du frère cadet de Naruhito, accouche d'un héritier mâle à la dynastie.

Encore une fois humiliée, la princesse Masako ne quitte plus le palais Togu. Elle devient la cible d'un lynchage médiatique. Elle est accusée de mener une vie fastueuse alors que le pays traverse une crise économique.

Le 30 avril 2013, Masako sort enfin de sa prison dorée sur l'insistance de la reine des Pays-Bas, pour assister à l’avènement du roi Willem-Alexander. En 2015, elle assiste au couronnement du roi Tupou VI au Tonga. Un an plus tard, l'empereur Akihito fait part de son souhait de se retirer du pouvoir, cédant ainsi sa place à son fils Naruhito. À l'idée de devenir impératrice, rapporte le magazine Point de vue, elle déclare à l'occasion de ses 54 ans : «Lorsque je pense à l’avenir, je le considère avec une crainte respectueuse… En suivant l’empereur et l’impératrice comme mes guides, je vais intensifier mes efforts pour être en mesure de remplir mes devoirs et [de lui] apporter tout mon soutien.»

Et peut-être aussi de prendre sa revanche et de ne plus se taire.

Kate White pour DayNewsWorld