VOITURES ELECTRIQUES ET REVOLUTIONS

ACTE I

Le bouleversement dans le secteur automobile va être sans précédent d'une radicalité aussi féroce que l'a été le passage de la machine à vapeur au moteur à explosion, prédit-on. Et tout le monde ne gagnera pas au change !!!

Quand on pense que il y a peu d'année encore on pensait voiture à pétrole. Mais le Dieselgate est passé tel un ouragan rasant nos vieilles certitudes et le tout environnement a ouvert d'autres perspectives dont la plus attendue : la voiture électrique.

Le tout environnement ? 

Faire baisser les émissions de gaz à effet de serre et assainir l'air localement ? 

Une appellation de "voiture écologique" qui fait déjà polémique depuis sa (re)naissance.... 

Une lapalissade : la seule voiture vraiment écologique est celle qui n'existe pas !

Mais quelle capitale n'a pas annoncé à grand coup de fanfare sa volonté de bannir les moteurs thermiques des villes : 

Paris, Madrid, Oslo, Athènes pour aboutir d'ici 2030 à plus de 30% pour la part de marché des véhicules hybrides ou électriques.

Révolution économique

Des prédictions à prendre au sérieux tant la filière automobile va affronter un  big bang !

Dans tous les cas c'est un chamboulement radical qui s'annonce tant pour les constructeurs que pour les usagers.

Quand on sait que dès le premier maillon, les constructeurs vont devoir changer leur chaînes de production et mettre sur la table des milliards d'euros alors même que l'incertitude sur le choix de l’investissement : 

100% électrique, hybride, hybride rechargeable ? 

Nul ne sait encore. 

Prudence oblige chez PSA on a choisi "une stratégie de plate-forme multi-énergie qui permet d’amortir les investissements industriels" révèle Christian Chapelle, responsable du développement des chaînes de traction du groupe PSA. 

Les autres constructeurs emboîtent le pas, excepté Renault et Tesla, mais à quel prix ? 

L’Alliance Renault-Nissan n'a pas hésité à investir4 milliards d’euros. Mais que de mutations en cours :

1° Pour les moteurs cette activité occupait 112.000 salariés en 2015 répartis dans 126 usines en Europe. 

"Si le marché s’oriente vers l’hybride, ce sera une bonne nouvelle pour l’emploi automobile, car fabriquer ce type de modèle demande 50% de temps en plus que pour un véhicule thermique, commente Laurent Petizon, directeur chez AlixPartners. Mais si c’est l’inverse…

2° Le profil du salarié. Le véhicule zéro émission requiert davantage de qualifications dans l’électronique et le "soft" que dans la mécanique...

3°Les marges vont aller diminuant la structure de coût du véhicule électrique étant plus élevée que pour le thermique ..

 D'où des plans d’économies à prévoir pour les groupes à l’image de Daimler: 4 milliards.

Les équipementiers dans le monde automobile de demain vont devoir se mettre rapidement à la page : 

ainsi les experts de la société de services financiers UBS ont démonté pièce par pièce une Chevrolet Bolt de General Motors, vendue en Europe sous le nom d’Opel Ampera-e. 

Résultat : le coréen LG contribuait pour plus de 50% au contenu du véhicule avec sa batterie et une myriade des modules clés. Les équipementiers traditionnels, du type Delphi ou Bosch eux seulement pour 28%.Donc un virage à prendre éminemment pour certains…

Le pétrole et les pétroliers vont devoir aussi changer leur stratégie si les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE)se réalisent : 

près de 450 millions de voitures électriques sillonneraient les routes d’ici à 2035 (batterie et hybrides rechargeables confondus). 

Une baisse de 4 millions de barils par jour en consommation mondiale de pétrole qui ne semble pas dramatique par rapport au 55 millions de barils/jour pour l'automobile. 

De plus le parc de voitures "classiques" dans les pays émergents, devrait continuer son augmentation sans compter celui des bus et camions des besoins des transports aérien et maritime…

Et aux pétroliers de rester sur leur lancée de développement de carburants alternatifs plus verts (bio et gaz) et de se préparer à la mutation technologique.

Ce qu'ils font déjà puisque le fabricant de batteries Saft a été racheté par Total qui

installera des bornes de recharge. A Shell d'avoir repris le néerlandais spécialiste de la recharge électrique NewMotion à la tête de 30.000 points privés et de 50.000 points publics en Europe.

Les compagnies minières spécialisées dans le cobalt, le lithium, le nickel ou le graphite présents dans les batteries sont de grandes gagnantes. Tout comme les producteurs de cuivre

Fabricants de batteries ont tout à gagner. 

D'ailleurs dans la chimie des batteries les asiatiques Panasonic, LG Chem, Samsung, CATL et d'autres ont acquis une avance déterminante. 

Or les accumulateurs (10.000 euros en moyenne) représentent aujourd’hui la moitié du coût de fabrication d’un véhicule électrique et plus du tiers de son prix final !!!

Mis à part Mercedes, les autres se fournissent en Asie avant l'assemblage des packs dans leurs usines. 

Une dépendance à l’égard de l'Asie préoccupante pour Bruxelles qui envisagerait de monter un "Airbus des batteries automobiles" en Europe. 

Tesla n'a pas attendu pour installer son "Boeing" dans le Nevada...

Quant aux garagistes ils vont devoir passer des habilitations délivrées par un organisme de formation.

Dans le cas de l’hybride il faudra deux homologations pour maîtriser la nouvelle technologie.

Les Midas, Speedy, Norauto et autres verront également environ 20% des interventions traditionnelles disparaître mais ces réseaux aux plus gros moyens sont déjà très tournées vers l’électronique.

A suivre...




Carl Delsey pour DayNewsWorld