DUMBO OU LA MAGIE BURTONNIENNE

Tim Burton refait-il du grand Tim Burton ? Si certains estimeront que Big Fish est son dernier chef-d’œuvre, d’autres pensent que Miss Peregrine et les enfants particuliers symbolisait déjà sa renaissance.

Et qu'en est-il de « Dumbo » qui arrive en salles ce mercredi 27 mars ?

Tim Burton a accepté, cette fois, de reprendre le classique Dumbo mais avec un glissement de point de vue. Dumbo nouvelle génération délaisse le regard de l’éléphanteau pour celui de nouveaux protagonistes.

Le film de Tim Burton est plus qu’un simple remake, avant tout grâce au scénario d’Ehren Kruger, très fidèle à l’esprit de l’original tout en inventant des personnages et des péripéties très cohérents avec l’univers de l’éléphant volant.

A  l’instar d’Holt Farrier (Colin Firth), vétéran de la première guerre mondiale, avec un bras en moins, de retour dans le cirque dont il était autrefois la vedette.

Il y retrouve ses deux enfants, Milly et Joe, éprouvée par la mort récente de leur mère. L’heure n’est plus au faste: Max Medici (Danny DeVito), propriétaire du lieu, voit sa petite entreprise connaître la crise.

Surgit alors la solution à tous ses maux : un éléphanteau, prompt à attirer les foules sous son chapiteau. La suite est connue de tous : Dumbo se retrouve séparé de sa mère, se découvre, puis s’envole dans un final mémorable.

Le dessin-animé de Disney ne durant qu’une heure, Tim Burton a pu développer la trame à loisir. Esthétiquement, la patte du cinéaste se fait sentir dès l’introduction: des visages de freaks défilant sur un train.

C'est surtout dans les pures scènes de cirque que le film se démarque, retrouvant la magie enfantine de l’original. Mentions spéciales pour la fabuleuse reprise du numéro des bulles de savon et toutes les scènes où Dumbo virevolte au-dessus de l’assemblée.

Après ce début familier, le long-métrage se transforme en charge anticapitaliste, traversé par une figure de businessman sans scrupule. V.A Vandevere (Michael Keaton), propriétaire du parc d’attractions Dreamland, achète Dumbo et accueille la troupe de Medici dans son empire du divertissement. On trouve alors dans « Dumbo » la critique des businessmen qui croient pouvoir tout acheter, et qui, en transformant un artisanat en industrie, en tuent toute la poésie.

Il est d'ailleurs assez piquant que ce « Dumbo » par Burton, véritable ode aux artistes fragiles et sans défense, soit produit par l’actuel groupe Disney, devenu le géant tentaculaire de l’industrie du spectacle à Hollywood et partout dans le monde.

Conte sur les périls de vendre son âme à une multinationale, Dumbo s'appréhende aussi comme un miroir sur la relation entre réalisateurs et grands studios.

À cette métaphore, on préférera le déluge visuel que nous offre le cinéaste, à peine entrés dans cette antre de la démesure. De quoi pallier les défauts du film... Quand la caméra s’attarde sur Dumbo, observant en caméra subjective la foule, ou dodelinant au rythme de la musique de Danny Elfman, le film trouve enfin sa vraie magie.

Au casting, on retrouve Eva Green dans le rôle de Colette Marchant, une belle trapéziste enfermée dans sa cage dorée. Colin Farrell, le cow-boy de retour de guerre. Mais aussi Nico Parler, Finley Hobbins, Michael Keaton, Danny DeVit.

Entre émotions et frissons, le film tient ses promesses de magie visuelle et enfantine à la fois. Un long-métrage léché qui offre des moments de fulgurances burtoniennes.

Dumbo, film fantastique de Tim Burton avec: Colin Farrell, Eva Green, Michael Keaton, Danny DeVito…

Durée: 1 h 52.

Abby Shelcore pour DayNewsWorld