AVANCEES OU STATU QUO SUR LA REFORME DES RETRAITES ?

Les discussions engagées par Edouard Philippe avec les partenaires sociaux sur le projet de réforme des retraites n'ont pas permis de lever les désaccords de fond, notamment sur « l'âge d'équilibre » malgré quelques signes d'ouverture.

Les syndicats ont cependant obtenu la tenue de discussions début janvier sur quatre chantiers : pénibilité, transitions vers le futur système unique de retraites par points, minimum contributif et fins de carrière.

1° Age d'équilibre

Sur l'instauration progressive à partir de 2022 d'un âge pivot à 64 ans à l'échéance 2027, le chef du gouvernement a dit avoir pris acte de l'hostilité des syndicats, la CFDT au premier chef, mais maintient le principe de cette option « juste » selon lui pour rééquilibrer financièrement le système.

« L'âge d'équilibre, ce n'est pas simplement demander à certains de partir un peu plus tard, c'est aussi pour beaucoup de permettre de partir beaucoup plus tôt », a-t-il notamment plaidé alors que la CFDT reste fermement opposée à un scénario paramétrique « inacceptable »

Edouard Philippe s’est redit «radicalement opposé» à deux solutions alternatives: une baisse des pensions, d’une part, et une augmentation des cotisations d’autre part, qui alourdirait le coût du travail.

Le premier ministre a avancé des arguments principalement budgétaires. «Personne ne croira dans notre nouveau système, personne ne croira dans nos nouveaux droits si nous ne disons pas comment nous les financerons», a-t-il plaidé. Le futur système devra donc être solide, financièrement, d’une manière ou d’une autre.

Néanmoins, Edouard Philippe a laissé la porte ouverte à un aménagement des «trajectoires» de l’âge d’équilibre, par exemple par la «reconnaissance de la pénibilité, du handicap ainsi que [par] la retraite progressive», a-t-il suggéré

2° Minimum de pension

Il a en outre identifié des pistes d'amélioration pour le minimum contributif prévu par la réforme, parmi lesquelles une hausse au-delà de 85% du smic pour les carrières complètes. Aucun chiffre précis n’a toutefois été évoqué jusqu’ici. De leur côté, plusieurs partenaires, dont la CFDT, souhaitent le porter à 100% du smic.

3° Les régimes spéciaux

Tout en maintenant l'objectif d'une suppression des régimes spéciaux, il a indiqué que les discussions au sein de la SNCF et de la RATP avaient ouvert des voies d'aménagement.

« En ce qui concerne les agents de SNCF au statut, le gouvernement confirme son accord pour la mise en place de mesures favorisant la progressivité de la mise en œuvre de la réforme et le respect des droits acquis », a-t-il dit. Pour les agents de la RATP, « les derniers échanges ont permis d'aboutir à des avancées importantes sur la question des transitions, ces avancées sont sur la table, chacun les jugera. »

4° Les enseignants...

Edouard Philippe a rappelé qu’il s’était «engagé à revaloriser les revenus des professeurs et des chercheurs», pour qu’ils puissent bénéficier d’un niveau de pension «égal à celui d’agents de corps équivalent». La hausse débutera en janvier 2021. Une «trajectoire très claire de revalorisation» des rémunérations sera définie dans une loi de programmation, sur la base de discussions qui auront lieu d’ici l’été 2020. Les enseignants-chercheurs bénéficieront du «même travail» et d’une loi de programmation dédiée.

Le futur système de retraite «reconnaîtra les spécificités» du métier des marins, a également déclaré l’occupant de Matignon, «en particulier dans le cadre des âges d’ouverture des droits».

Edouard Philippe a conclu que le système universel pouvait être «encore amélioré» même si des «désaccords» subsistaient sur «la méthode et la façon» de mettre en œuvre ce nouveau système. Il recevradonc à nouveau les partenaires sociaux «dans les premiers jours de janvier» afin de poursuivre le dialogue avec eux.

Si Edouard Philippe a appelé les syndicats à la «responsabilité» afin qu’une trêve ait lieu dans la grève  à la SNCF comme à la RATP, la CGT-Cheminots et plusieurs autres organisations opposées à la réforme restent, sur ce point, fermes: «pas de trêve» pour les fêtes de fin d’année.

Jaimie Potts pour DayNewsWorld