PLAN D'URGENCE POUR L'HOPITAL PUBLIC

DES MESURES JUGEES INSUFFISANTES

Des milliers de soignants ont défilé jeudi 14 novembre dans les rues de la capitale pour alerter sur la dégradation rapide de la situation à l’hôpital public.

« La situation est encore plus grave que celle que nous avions analysée », a alors reconnu, le même jour, Emmanuel Macron lors d’un déplacement à Epernay (Marne).

Une semaine plus tard le premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre de la santé, Agnès Buzyn, ont présenté un plan d’urgence d’ampleur pour l’hôpital public, exsangue après des années de restrictions budgétaires. Les deux premiers plans en faveur des urgences, présentés en juin et en septembre, n’avaient pas permis en effet de mettre fin au mouvement de grève commencé en mars et qui touche désormais plus de 260 services.

Cette fois le plan présenté se veut à la hauteur pour sauver ce « trésor national » qu’est l’hôpital public, selon l’expression de Mme Buzyn et pour tenter d’éteindre l’incendie avant la journée de mobilisation en faveur des retraites du 5 décembre.

Le Premier ministre a ainsi annoncé une rallonge de 300 millions d’euros en plus dès 2020, soit 1,5 milliard supplémentaire sur les trois prochaines années et également une reprise partielle mais conséquente de la dette des hôpitaux (10 milliards sur 30 milliards, soit un tiers). L’Objectif national de dépenses d’Assurance-maladie(Ondam) dévolu spécifiquement à l’hôpital passera donc à 2,4 %, contre 2,1% fixé initialement.

Quant à la ministre de la Santé, elle a notamment annoncé une prime de 800 euros net pour 40 000 infirmiers et aides-soignants vivant à Paris et en petite couronne, et gagnant moins de 1 900 euros par mois. Agnès Buzyn a par ailleurs annoncé une prime au mérite annuelle de 300 euros qui « pourra bénéficier à 600 000 professionnels de santé ». La prime d'engagement dans la carrière hospitalière sera également revalorisée.

Mais les annonces, si elles constituent un premier pas, n'en demeurent pas moins insuffisantes pour le collectif Inter-Urgences qui réclamait principalement une hausse des salaires et des effectifs ainsi qu'un arrêt des fermetures de lits.

A moins de trois semaines d’une grève illimitée contre sa réforme des retraites le 5 décembre, qui s'annonce très suivie, le président de la République avait dit avoir « entendu la colère et l’indignation » de l’hôpital.

Et pourtant la mobilisation est pour l'instant toujours appelée à se poursuivre: le collectif Inter-Hôpitaux avait annoncé une nouvelle « manifestation nationale » le samedi 30 novembre; et les internes en médecine sont également appelés à une grève illimitée à partir du 10 décembre pour dénoncer la « dégradation des soins ».

Nul doute que la colère, non éteinte aujourd'hui, des soignants converge également avec celle des manifestants contre la réforme des retraites le 5 décembre. Une agrégation des mécontentements  dangereuse...pour le gouvernement.

Garett Skyport pour DayNewsWorld