MORATOIRE SUR LA FRACTURATION HYDRAULIQUE EN GRANDE-BRETAGNE

Le gouvernement britannique a annoncé samedi 2 novembre 2019 suspendre la fracturation hydraulique destinée à extraire du sous-sol du gaz de schiste en raison des risques de secousses sismiques, faisant ainsi marche arrière sur ce sujet impopulaire, au tout début de la campagne des législatives.

Un moratoire sur la fracturation hydraulique

Cette décision, qui survient au début de la campagne électorale lancée par Boris Johnson en vue des élections anticipées du 12 décembre, a été prise après le compte-rendu d'un incident en août dernier sur un site contrôlé par le groupe d'énergie britannique Cuadrilla près de Blackpool, dans le nord de l'Angleterre, où un tremblement de terre de magnitude 2,9 a secoué des habitations.« Après avoir examiné le rapport de l'OGA (...), il est clair que nous ne pouvons pas exclure de nouvelles conséquences inacceptables pour la population locale », a déclaré dans un communiqué la ministre chargée des Entreprises et de l'Energie, Andrea Leadsom. « Pour cette raison, j'ai conclu que nous devrions instaurer un moratoire sur la fracturation hydraulique en Angleterre avec effet immédiat », a-t-elle annoncé.


Forte mobilisation des environnementalistes

Le procédé de fracturation hydraulique qui consiste à créer des fissures souterraines et y infiltrer un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques pour permettre l'extraction de gaz ou de pétrole capturé dans la roche, avait été dénoncé par les environnementalistes. Ces derniers considèrent en effet que cette technique va à l'encontre de l'engagement du Royaume-Uni de réduire à néant les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050. Plusieurs centaines de manifestants ont d'ailleurs été arrêtés ces dernières années pour avoir tenté de perturber les opérations de Cuadrilla dans le cadre d'un mouvement « anti-fracking » (anti-fracturation hydraulique).

Pour une moindre dépendance énergétique

Le Royaume-Uni voulait à l'origine suivre l'exemple des Etats-Unis, où l'industrie du schiste a connu un boom spectaculaire renforçant l'indépendance énergétique du pays, grâce à la technique de la fracturation hydraulique. Boris Johnson avait en effet par le passé indiqué son soutien pour cette industrie entendant réduire fortement la dépendance du pays à l'égard des importations de gaz naturel -en provenance de la Norvège et du Qatar- utilisé pour chauffer 80% des foyers britanniques.

Le gouvernement conservateur avait escompté en 2016 l'ouverture de 20 puits d'ici à mi-2020. Or, à ce jour, seuls trois ont été forés, sans qu'aucune exploitation de gaz de schiste ait débuté et sans que les pouvoirs publics sachent quelles quantités pourraient être extraites à terme. Le site de Preston New Road est en effet le seul projet de fracturation hydraulique en cours au Royaume-Uni.

Les autres nations du Royaume-Uni - l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord – sont, quant à elles, opposées au déploiement de cette technique.

En ce début de campagne électorale où l'environnement sera l'un des sujets phares, le chef du Labour, Jeremy Corbyn, a qualifié le moratoire de « manœuvre électorale pour tenter de gagner quelques voix ».

S'il arrivait au pouvoir, il a promis sur Twitter un « vrai changement », avec l'interdiction définitive de cette technique, comme elle l'a été en France et en Allemagne.

Joanne Courbet pour DayNewsWorld