LE NAUFRAGE DU VOYAGISTE THOMAS COOK

Le voyagiste britannique Thomas Cook a annoncé lundi qu’il faisait faillite après avoir échoué au cours du week-end à trouver des fonds nécessaires pour sa survie.

Un rapatriement d'envergure

L'Autorité de l'aviation civile (CAA) et le gouvernement sont sur le pied de guerre pour organiser un rapatriement massif de quelque 600.000 touristes dans le monde dont 150.000 pour la Grande-Bretagne, deux fois plus que lors de la faillite de la compagnie aérienne britannique Monarch il y a deux ans.

Ils ont activé un plan d'urgence baptisé « Opération Matterhorn », du nom d'une campagne de bombardement américaine lors de la deuxième guerre mondiale. « Notre plan d'urgence a permis d'acquérir des avions du monde entier - certains venant de Malaisie - et nous avons envoyé des centaines de personnes dans des centres d'appels et dans les aéroports », a déclaré le ministre des Transports Grant Shapps.

Le plus ancien tour opérateur indépendant du monde

Né en 1841, le tour opérateur indépendant le plus vieux du monde, compte 22.000 employés dont 9.000 au Royaume-Uni. Thomas Cook gère des hôtels et des complexes touristiques, des liaisons aériennes et des croisières. Il opère dans 16 pays et fait affaire avec 19 millions de clients par an.

En 2007, Thomas Cook avait fusionné avec MyTravel pour devenir l’un des plus importants voyagistes européens, opérant en Allemagne, dans les pays scandinaves, en Russie et encore ailleurs.

Le voyagiste très lourdement endetté a vu son horizon s’assombrir ces dernières années à cause de la concurrence acharnée des sites en ligne à bas prix et la situation géopolitique.

Une dette abyssale

Thomas Cook avait annoncé une perte abyssale d’1,5 milliard de livres pour le premier semestre, pour un chiffre d’affaires de quelque 10 milliards.

Son destin s’est joué en quelques jours seulement : des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 200 millions de livres (227 millions d’euros) de financements supplémentaires pour qu’un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres  par le chinois Fosun, premier actionnaire, soit validé. Des discussions marathon ont eu lieu tout le week-end, mais en vain.

Fosun Tourism Group s'est dit déçu par l'échec d'un accord entre Thomas Cook, ses banques et ses créanciers, précisant qu'il y avait été favorable tout du long. Le plan de recapitalisation n'était « plus applicable compte tenu de la liquidation judiciaire » de Thomas Cook, dit un communiqué du groupe chinois.

De son côté l’autorité britannique de l’Aviation (CAA) a indiqué que le groupe Thomas Cook, « tour opérateur et compagnie d’aviation à la fois, a cessé ses activités avec effet immédiat. Toutes les réservations Thomas Cook, vols et séjours, sont désormais annulées ».

Londres a refusé de renflouer ce fleuron de l’industrie.Thomas Cook ne représentait pas un intérêt stratégique fort.

«C’est beaucoup d’argent des contribuables et cela constitue un aléa moral, a expliqué le premier ministre Boris Johnson aux journalistes qui l’accompagnaient dans l’avion vers New York. D’une façon ou d’une autre, l’Etat doit arrêter d’intervenir pour sauver des voyagistes en faillite. .»

Jaimie Potts pour DayNewsWorld