INQUIETANTE MONTEE DE L'ANTISEMITISME

DANS TOUTE L'EUROPE

On observe en Europe une inquiétante montée de l'antisémitisme quasi générale depuis dix ans.

C'est ce qu' atteste le baromètre européen de l'UE. En France le ministre de l'Intérieur a annoncé un bond des actes antisémites sur un an de 74 % hélas illustrée dernièrement par le visage de Simone Veil barré d'une croix gammée, la dégradation d'arbres plantés à la mémoire d'Ilan Halimi ou les injures antisémites vis-à-vis de l'essayiste et académicien Alain Finkielkraut .

Le 12 février 2019 à l’Assemblée, le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré : « Je partage cette colère (...) face à des actes de plus en plus nombreux, qui visent les personnes ou les lieux, les actes antisémites contre la mémoire d'Ilan Halimi, les actes antisémites contre la mémoire de Simone Veil, les inscriptions placées çà et là sur telle ou telle enseigne ». Ce phénomène n'est pas récent et n'est pas propre à la France.

La situation dans les autres pays européens n’est pas non plus reluisante. L’Allemagne n’est pas plus épargnée : en 2017, le ministère de l’Intérieur a noté une augmentation des actes antisémites.

681 signalements lors du premier semestre, soit 27 de plus que l’année précédente (+4%). Face à l’aggravation de la situation, l’Allemagne a nommé en mai dernier le juriste et diplomate Felix Klein au poste de chargé de la lutte contre l’antisémitisme auprès du gouvernement fédéral .

Selon l’ONG juive Community Security Trust (CST), qui recense les incidents antisémites au Royaume-Uni depuis 1984 et vient de publier son rapport 2018, ces actes ont augmenté de 16% l’an dernier, passant de 1420 à 1652.

En Pologne, le 27 janvier, l’extrême droite a organisé pour la première fois une manifestation sur le site d’Auschwitz-Birkenau à l’occasion de la journée annuelle en mémoire des victimes où des dizaines de nationalistes polonais s’étaient rassemblés.

« La nation juive et Israël font tout pour modifier l'histoire de la nation polonaise », avait déclaré Piotr Rybak, du Mouvement de l'indépendance polonaise, l'organisateur de la manifestation. « Les patriotes polonais ne peuvent pas admettre cela », avait-t-il ajouté. Partout en Europe, des formations politiques d’extrême droite sont accusées d’attiser l’antisémitisme.

A l’image de l’AfD en Allemagne, dont plusieurs dirigeants ont été critiqués pour avoir tenu des propos semblant minimiser l’Holocauste. En Hongrie, le Fidesz du Premier ministre Viktor Orbán a mené l’an dernier une campagne virulente contre les migrants, mais aussi contre George Soros, le milliardaire juif américain d’origine hongroise.

Selon le baromètre sur l'antisémitisme de l'Agence européenne des droits fondamentaux de l'Union européenne, publié en novembre 2018, la flambée de l'antisémitisme a été quasi générale en Europe sur la période comprise entre 2007 et 2017, avec des poussées simultanées dont la mesure n'est pas exactement la même d'un pays à l'autre.

En janvier dernier, le ministre israélien de la Diaspora, Naftali Bennett a dénoncé une hausse de ces phénomènes dans le monde. « L'année 2018 a été marquée par des records d'antisémitisme dans les rues, en ligne et sur la scène politique dans le monde », a insisté Naftali Bennett.

Des attaques qui sont dans 70% des cas, « de nature anti-israéliennes », a-t-il précisé. Les violences envers les juifs en Europe qui peuvent être donc corrélées avec les tensions israélo-palestiniennes comme l 'été 2014 la «  guerre de Gaza  », ou celle de 2008-2009. Le rapport israélien met aussi en avant le nombre d'actes antisémites imputés à des néo-nazis et des suprémacistes blancs.

Chaque année d'ailleurs depuis 2004 dans son rapport annuel, la Commission nationale consultative des droits de l'homme rappelle que les auteurs d'actes antisémites n'appartiennent plus, «dans leur très grande majorité, à des groupes influencés de façon notable par l'idéologie extrémiste de droite, mais aux milieux d'origine arabo-musulmane».

Un sentiment d’insécurité habite dès lors les communautés juives d’Europe.« Les communautés juives vivent trop souvent dans la crainte d’être victimes de discrimination, d’abus et même de violence », a déclaré le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans. « Quatre juifs sur 10 pensent à quitter l’Europe », a déploré de son côté la commissaire chargée de la Justice Vera Jourova dans les locaux du Musée juif de Bruxelles.

« Quand les juifs ont quitté l'Europe dans le passé, cela n'a jamais été un bon signe de l'état de l'Europe », a-t-elle ajouté.

«Plusieurs décennies après l’Holocauste, l’Union européenne reste rongée par des niveaux choquants et croissants d’antisémitisme», déclarait en décembre Michael O’Flaherty, directeur de l’Agence des droits fondamentaux (FRA) de l’Union européenne.

Partout en Europe, les stigmates de l’antisémitisme se font de plus en plus visibles, à tel point que la FRA évoque une «déferlante» qui menace «non seulement nos communautés juives, mais aussi les valeurs mêmes des droits fondamentaux et humains sur lesquelles l’Union européenne s’est construite».

Alyson Braxton pour DayNewsWorld