DE L'USAGE EXCESSIF DE LA FORCE EN FRANCE

SELON L’ONU

La Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU demande, ce mercredi, que la France mène une enquête sur les violences policières qui se seraient produites pendant les manifestations des Gilets jaunes depuis la mi-novembre.

Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève, Michelle Bachelet a déclaré que les Gilets jaunes manifestent contre

« ce qu’ils considèrent comme (leur) exclusion des droits économiques et de (leur) participation aux affaires publiques ».

« Nous encourageons le gouvernement (français) à poursuivre le dialogue et demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force », a poursuivi Michelle Bachelet.

La Haut-Commissaire Michelle Bachelet a en outre rappelé que « les inégalités touchent tous les pays » et que « même dans des États prospères, des gens se sentent exclus des bénéfices du développement et privés de droits économiques et sociaux ».

Elle n’a toutefois cité que la France comme pays prospère, mais a dénoncé les répressions violentes des manifestations qui se sont produites récemment au Soudan, au Zimbabwe et en Haïti.

« La France a assuré mercredi qu’elle suivrait les recommandations de l’ONU, tout en s'« étonnant » de se retrouver sur la même liste que le Venezuela ou Haïti.

Serait-elle devenue une république bananière ?

« Évidemment nous suivrons les recommandations avec la diligence nécessaire », a déclaré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux lors du compte rendu du conseil des ministres à l’Élysée.

« Il faut, je le dis néanmoins, s’étonner tout de même de se retrouver cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti où il y a eu des morts, je le rappelle, des morts nombreux, suite à des manifestations », a-t-il ajouté.

Et combien de morts depuis les manifestations des Gilets Jaunes en France ?

Benjamin Griveaux rappelle également que « 162 enquêtes ont été ouvertes à la date du 1er mars ».

Les manifestants « réclament un dialogue respectueux et de vraies réformes. Et pourtant, dans plusieurs cas, ils sont accueillis par un usage violent et excessif de la force, par des détentions arbitraires... », a-t-elle déploré.

Plusieurs manifestants affirment avoir été blessés par des tirs de lanceur de balle de défense (LBD) en France. Des vidéos prises lors de manifestations révèlent des blessures particulièrement sévères, comme la perte d'un oeil ou une main arrachée...

La Haut-commissaire aux droits de l'homme n'est pas la première représentante d'une instance européenne ou internationale à dénoncer l'usage excessif de la force dans les manifestations des «gilets jaunes».

Le 14 février, c'est à un groupe d'experts du Conseil des droits de l'homme de l'ONU de publier un communiqué sans appel sur le sujet, estimant que «le droit de manifester en France a été restreint de manière disproportionnée» tout en donnant le chiffre de 1700 blessés.

Le 25 février, au tour du Conseil de l'Europe a appeler la France à suspendre l'usage des LBD.

«Les blessures occasionnées par des tirs de LBD révèlent un usage disproportionné de la force, ainsi que l'inadaptation de ce type d'arme au contexte d'opérations de maintien de l'ordre», a noté la commissaire aux droits de l'homme de la CEDH, Dunja Mijatovic, dans un mémorandum de dix pages.

Jaimie Potts pour DayNewsWorld