LE CHARLES DE GAULLE UN CLUSTER FLOTTANT

Le Charles de Gaulle est le second porte-avions contaminé officiellement dans le monde, après le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt, dans le Pacifique.

Plus d'un tiers des marins contaminés

Plus d'un tiers des marins du porte-avions français Charles-de-Gaulle ont été testés positifs au Covid-19 depuis leur retour anticipé en France dimanche, après la découverte d'une cinquantaine de cas de coronavirus à bord, selon un bilan provisoire publié, mercredi 15 avril, par le ministère des Armées. Les 1 900 marins ont été placés en isolement sanitaire pendant 14 jours avant de pouvoir regagner leur foyer.

« En date du 14 avril au soir, 1 767 marins du groupe aéronaval ont été testés. La grande majorité de ces tests concerne à ce stade des marins du porte-avions. 668 se sont révélés positifs, » détaille le ministère. Parmi eux, « 31 sont aujourd'hui hospitalisés à l'hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne de Toulon (sud), dont un en réanimation », est-il précisé.Ce bilan temporaire est amené à gonfler encore car « 30% de ces tests n'ont pas encore livré leurs résultats », et « la campagne de tests est encore en cours », selon le ministère.

En parallèle, « les opérations de désinfection des aéronefs et des bâtiments de surface ont débuté », menées par les armées en lien avec des industriels, souligne le ministère. De la vapeur d'eau à haute température et du produit antivirus vont être utilisés.

« L'armée a joué avec notre santé, notre vie »

L'origine de la contamination du porte-avions n'est pas encore connue. L'équipage n'avait pas été en contact avec un élément extérieur depuis une escale à Brest du 13 au 15 mars. Les premiers marins confinés, une dizaine, l’étaient autour du 10 mars selon certaines sources. Le navire avait été ravitaillé par la Somme, et aurait pu être contaminé avant même l’escale des 13 au 15 mars qui a précipité la contagion, quand les marins ont été en ville. L’état-major français a d’abord suivi ses officiers qui, encore début avril, annonçaient aux marins du navire que la mission continuait en dépit des cas nombreux de Covid-19 détectés à bord.

Des témoignages de marins ou de proches soulèvent, sous couvert d'anonymat, des questions sur la gestion de la crise à bord. Le site Médiapart affirme avoir identifié deux cas de marins présentant des symptômes sans être confinés. « À partir du 3 ou 4 avril, la situation a empiré très rapidement , selon le proche d'un marin. Selon les informations de Mediapart, toutes les précautions n'ont pas été prises à bord afin de limiter la propagation du virus.

France Bleu Provence a pour sa part publié le témoignage d'un membre d'équipage, père de famille, testé positif. « L'armée a joué avec notre santé, notre vie », a-t-il estimé, en assurant que le commandant du porte-avions aurait proposé d'interrompre la mission à Brest, quand plusieurs marins présentaient selon lui déjà les symptômes du coronavirus. Toujours d'après ce marin anonyme, cette proposition aurait été refusée par le ministère.

« Le Covid-19 change nos plans et nos opérations »

Poursuivre les opérations militaires au Sahel, en France ou en mer, telle est la priorité fixée par le président Macron aux armées. Mais à quel prix lorsquel’épidémie due au coronavirus gagne les rangs ?

L’heure est aux premiers comptes dans les armées.

« Est-ce que le Covid-19 change nos plans et nos opérations, oui, parfois. Mais est-ce qu’il nous dévie de nos objectifs, non », a assuré, le 10 avril, la ministre Florence Parly devant les sénateurs de la commission des affaires étrangères et des forces armées.




Kelly Donaldson pour DayNewsWorld