IMPARDONNABLE BOULETTE A RADIO FRANCE

C’est ce qu’on appelle familièrement une grosse boulette.

Mini-crise interne à Radio France. Lundi matin, un communiqué du Syndicat national des journalistes (SNJ) pour Radio France rendait public une énorme boulette administrative : « Le fichier des résultats de la sélection pour le planning a été envoyé à tous les pigistes qui ont passé l’épreuve, avec non seulement les notes, mais aussi les commentaires de chacun des cadres du jury. »

Cette épreuve permet aux journalistes pigistes du groupe d’accéder au planning des CDD pour ensuite tourner sur différents postes , une procédure de recrutement interne à Radio France qui vise à sélectionner des journalistes pouvant remplacer tout titulaire dans l’entreprise, par exemple en cas de congé maladie. Les candidats doivent se montrer capables de réaliser des « papiers », de présenter des journaux, de rédiger des contenus pour le Web entre autre. Deux fois par an, des dizaines de candidats s’y présentent l’étape du « planning » représentant la voie traditionnelle d’intégration dans l’entreprise Une dizaine de journalistes chevronnés, c.à.dire de préférence des rédacteurs en chef y jugent et notent le travail d’une cinquantaine de leurs cadets et n’en gardent que huit.

Mais les remarques qu'ont reçues les pigistes s'avéraient pour certaines plus que désobligeantes. Quelques échantillons : « Il s’écoute trop et raconte des conneries », « Voici France Bleu Junior. C’est Tchoupi fait du journalisme », « Débit un peu désinvolte et limite poissonnière », « Il faut peut-être se calmer sur les amphétamines », « Voix de crécelle, voix nasillarde… » ou encore « Il serait pas mal en démonstrateur à Auchan ou DJ au Macumba ».

A quoi bon ces petits commentaires personnels des jurés ?

Le syndicat n'a pas manqué de fustiger les méthodes employées par le jury de Radio France pour recruter leurs futurs journalistes radio en CDD. Le SNJ a même dénoncé une « humiliation publique » pour les postulants. Pour le SNJ, « des dizaines et des dizaines de personnes ont lu ces "appréciations". Comment retourner bosser après ça ? Comment garder un minimum de confiance en soi ? Comment repasser une nouvelle sélection ? Plusieurs pigistes sont laminés. Leurs collègues sont furieux. »« Est-ce bien nécessaire de traiter des futurs collègues comme ça ? »

Imaginez l'effarement des postulants ? Non seulement ces jeunes pigistes se lèvent tous les jours à trois heures du matin pour faire des matinales, s’investissent à fond, essaient de donner le meilleur d'eux-même, mais on se permet même de les humilier ! Le système du concours s'avère déjà une épreuve suffisante à elle-seule. De plus le « planning » est un foyer de précarité, avec environ 80 journalistes qui multiplient les remplacements et les contrats, à Paris comme dans les locales de France Bleu, dans l’espoir d’une intégration durable dans l’entreprise. Ce qui n'est pas gagné d'avance non plus !

Radio France s’excuse certes auprès des candidats , la moindre des choses, mais certains candidats vont accuser longtemps le coup...

Andrew Preston pour DayNewsWorld