GRAND DEBAT SYNTHESE ET  DECEPTION

Que faut-il attendre de la synthèse du grand débat ?

Après deux mois de consultations, lundi 8 avril 2019, sous la verrière du Grand Palais à Paris, Edouard Philippe présente le compte-rendu des contributions.

1,5 millions de contributions à peine ont été postées sur le site internet du grand débat national. Le sondeur Opinion Way les a traitées pour en livrer un compte-rendu chiffré. Le sondeur n'a traité que les questions fermées, c'est-à-dire celles auxquelles on ne peut répondre que par « oui » ou par « non »

La baisse des impôts

C'est tout d'abord le désir d'une plus grande justice et efficacité face à l’impôt qui s'est manifesté. Plusieurs pistes sont citées : que tout le monde paye l'impôt sur le revenu (34,7%), que la fiscalité soit réformée et simplifiée (28,2%), que les plus riches contribuent davantage (27,8%), que les niches fiscales soient supprimées (11,8%) et que l'ISF soit rétabli (10,3%). Parmi les répondants, 12,9% proposent de réduire la TVA sur les produits de première nécessité.

La réduction des dépenses publiques

52% sondés appellent à des services publics plus proches de leur domicile et plus humains dans la mesure où 49% d'entre eux auraient déjà renoncé à une allocation à cause de démarches administratives trop compliquées.

Pour financer les dépenses sociales, 52% sont pour l'instauration de contreparties aux différentes allocations de solidarité, l'augmentation du temps de travail (24%) ainsi que le recul de l'âge de départ à la retraite (22%).

Pour la réduction du déficit, il faudrait réduire la dépense publique, estiment 75% d'entre eux, et notamment les dépenses de l'Etat.

Une immigration moindre

En ce qui concerne l'immigration, 10% sont pour un durcissement des conditions d'accueil, avec des quotas (9,3%) alors que5,5% préconisent la suppression du regroupement familial et du droit du sol, en ayant une politique européenne commune.

Les propositions qui s'opposent à l'immigration sont au total plus nombreuses que la volonté d'améliorer les conditions d'accueil (10%). L'éducation et l'apprentissage du français est considérée comme le levier d'intégration le plus efficace et le plus juste (20%).

Une réduction des parlementaires et des référendums au niveau local

Concernant la démocratie 69% demandent la prise en compte du vote blanc aux élections tandis que 57% souhaitent que le vote devienne obligatoire. Les référendums au niveau local sont réclamés à 80%. Et 42% souhaitent faciliter le recours au référendum d'initiative partagée (RIP), notamment en abaissant le seuil de déclenchement (14,4%) et en y associant un référendum d'initiative citoyenne (5,8%).

Les contributeurs se prononcent massivement (86%) pour une réduction du nombre de parlementaires et l'introduction du scrutin à la proportionnelle (42,2%) afin que les différentes sensibilités politiques soient mieux représentées.

64% estiment que le non-cumul des mandats est une bonne chose alors que 53% souhaite une transformation des assemblées. Si 86% des sondés se prononcent contre le mille-feuilles administratif , étant attachés avant tout à la commune (68%).

Les Français se disent très concernés par l'écologie.

Une grande majorité d'entre eux (86%) estime qu' ils peuvent contribuer à protéger l'environnement.

Par contre ils sont 55% à penser que les taxes sur le diesel et l'essence ne permettront pas de modifier les comportements. Pour financer la transition écologique, le budget général de l'Etat et la fiscalité écologique devraient le faire. Et ce financement devrait être réparti selon 69% de sondés entre les entreprises, les administrations et les particuliers;

La synthèse ne réglera pas tout et risque de décevoir. Pourquoi ?

La synthèse va servir de base de travail pour éclairer ceux qui décident en leur fournissant des pistes pour les meilleures décisions possibles. Aux représentants du peuple, les élus, de prendre ces décisions.

Si le Grand débat national a été un exercice de démocratie participative c'est en effet à la démocratie représentative de prendre le relais.Et les annonces seront faites par le chef de l’État dans prochains jours qui viennent.

Des annonces « ni 'dans le' reniement ni 'dans l' entêtement » qui ont peu de chances de satisfaire les Gilets jaunes les plus radicaux.

Joanne Courbet pour DayNewsWorld