LE PROCES DE L'INSOUMIS JEAN-LUC MELENCHON

Le procès de Jean-Luc Mélenchon et de cinq de ses proches s'est ouvert jeudi au tribunal correctionnel de Bobigny avec la diffusion des vidéos de la perquisition mouvementée au siège de LFI en octobre.

La perquisition au coeur du procès

La perquisition au cœur du procès avait été menée au siège parisien de LFI dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés de LFI, confiées depuis à des juges d'instruction.

Filmant en direct sur Facebook la perquisition de son domicile, Jean-Luc Mélenchon avait d'abord dénoncé une «énorme opération de police politique» avant de se rendre avec des proches au siège du mouvement.

Devant des caméras, il avait appelé ses proches à «enfoncer la porte» pour entrer dans les locaux.

On le voyait également bousculer un représentant du parquet, ainsi qu'un policier qui tentait de s'interposer.

Jusqu'à dix ans de prison

«Accuser un insoumis de délit de rébellion, c'est une forme de pléonasme», a lancé jeudi à la barre Jean-Luc Mélenchon, jugé avec cinq de ses proches à Bobigny pour rébellion et actes d'intimidation, lors de la perquisition au siège de LFI en octobre.

Le procès, prévu sur deux jours, s'est ouvert dans un climat électrique, alimenté par les attaques répétées du leader Insoumis contre la justice. Au juge qui lui demandait s'il acceptait de comparaître, Jean-Luc Mélenchon a répondu: «Je crois pas que j'aie le choix, mais oui».

Jean-Luc Mélenchon est poursuivi pour «actes d'intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l'autorité publique, rébellion et provocation».

Il encourt jusqu'à 10 ans de prison, une amende de 150 000 euros et 5 ans d'inéligibilité. Comparaissent aussi les députés Bastien Lachaud et Alexis Corbière, le député européen Manuel Bompard, le président de l'association «L'ère du peuple» Bernard Pignerol et l'attachée de presse de LFI.

Une joute oratoire entre deux tribuns

Le leader de LFI, le premier à être  interrogé, a dit avoir ressenti "un sentiment d'humiliation". Le jour de la perquisition, le 16 octobre 2018, «la journée a commencé dans une ambiance de confusion, de sidération», avec la perquisition chez plusieurs militants insoumis, s'est justifié Jean-Luc Mélenchon, quand le président du tribunal Benoît Descoubes a souligné que la matérialité de ce que lui est reproché était établie.

Jean-Luc Mélenchon a souligné qu'il avait également  eu peur que le fichier des 500 000 inscrits sur la plateforme LFI soit saisi alors qu'il avait une « responsabilité morale vis-à-vis de ceux qui ont donné leur nom et adresse pour soutenir (sa) campagne présidentielle».

Et il s'est dit à nouveau victime d'un «procès politique»: «Je ne parle pas de complot, mais d'effet de système».

Aux questions de Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats des parties civiles, le leader de la France Insoumise n'a pu s'empêcher de rétorquer: «C'est une technique classique, de couper petit morceau par petit morceau les questions. Allez droit au but, soyez offensif !», lui a enjoint Jean-Luc Mélenchon.

Visiblement agacé, Eric Dupond-Moretti a ironisé: «Ici, on est dans une enceinte judiciaire, pas devant le tribunal, avec des pancartes!» Une allusion aux dizaines de militants insoumis qui attendaient devant le tribunal pour soutenir les accusés.

Un duel entre deux personnages haut-en-couleurs, lavocat médiatique et le tribun qui avaient commencé une guerre sourde sur les réseaux sociaux, à la veille du procès.

Britney Delsey pour DayNewsWorld