UN DURCISSEMENT DE LA POLITIQUE MIGRATOIRE VOULU PAR EMMANUEL MACRON

Le débat sur l'immigration a été lancé, lundi soir, par Emmanuel Macron lors de son pot de rentrée avec les parlementaires de la majorité « Nous sommes une terre d'immigration. Cela crée des tensions, mais il faut le regarder en face », a argumenté le chef de l'Etat.

« Nous n’avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet en face. (…) La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies.

Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite. »

Le président n'entend pas laisser le sujet sur l’immigration à la droite et à l’extrême droite dans l’optique des prochaines élections, les municipales en 2020 suivie de la présidentielle de 2022.

L ’une des priorités de cette deuxième partie du quinquennat est de renouer avec les classes populaires après la crise des « gilets jaunes » qui a ébranlé le pouvoir. Aussi le président a-t-il appelé lundi sa majorité et son gouvernement à la fermeté sur l’immigration, pour éviter d’être « un parti bourgeois » qui ignore l’opinion de classes populaires séduites par l’extrême droite.

Car l’immigration préoccupe bel et bien les Français. Selon une étude Ipsos Sopra-Steria pour Le Monde publiée lundi 16 septembre, 64% des sondés ont l’impression « qu’on ne se sent plus chez soi comme avant » (+4 points depuis 2017), et 63% pensent qu’il y a « trop d’étrangers en France. Comment répondre à ces préoccupations ?

Le droit d'asile

Emmanuel Macron entend agir essentiellement sur le droit d’asile, un principe qu’il a réaffirmé mais qu’il estime « détourné de sa finalité par des réseaux, des gens qui manipulent ». La France a enregistré une hausse de 23% des dossiers de demandes d'asile l’an dernier, après des augmentations déjà de 7,1 % en 2016 et de 17,5 % en 2017.

Avec des demandes venant d'Albanie et de Géorgie, en forte progression, que les pouvoirs publics estiment largement non fondée. 27% des demandes ont été acceptées, un chiffre stable par rapport à l'année précédente.

Cependant il y a très peu de reconduite à la frontière si bien que les déboutés viennent grossir le nombre d'immigrés clandestins.

La restriction de l'AME

Les débats au parlement porteront aussi sur l’Aide médicale d’État (AME) afin « d’en maîtriser les coûts et de s’assurer qu’elle va bien aux personnes en détresse », selon le porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

L’AME, qui représente un budget en hausse de quelque 943 millions d’euros et concerne plus de 300.000 personnes, permet aux étrangers en situation irrégulière et résidant en France depuis plus de trois mois de bénéficier de l’accès aux soins.

Un rapport parlementaire de 2015 estimait que 70 % de l'AME concernait des frais hospitaliers liés à des maladies graves, comme la tuberculose ou le VIH, et certains accouchements. Le gouvernement réfléchit à restreindre l'accès à l'AME.

Deux pistes semblent se dégager : soit via les critères pour en être bénéficiaire, soit via le nombre de soins qui peuvent être remboursés.

Mais s'emparer du sujet de l'immigration c'est aussi s'intéresser au problème de l'intégration.

Jaimie Potts pour DayNewsWorld