LE CORONAVIRUS UNE MENACE

POUR LES ELECTIONS MUNICIPALES ?

Face à la menace du coronavirus, la France se prépare au passage au stade 3 de l’état d’alerte, « inexorable », selon le président Emmanuel Macron. Contrairement au stade 2, le stade 3, celui de l’épidémie, ne vise plus enrayer la propagation mais à en atténuer les conséquences. S'il prévoit la suspension de certains transports en commun, la fermeture d’écoles sur tout ou partie du territoire, la restriction des rassemblements et la mobilisation de tous les secteurs de soin, des exceptions seront prévues et les préfets et ministères devront faire « remonter une liste d’événements considérés comme utiles à la vie de la nation ». Quid des les municipales ?

Le ministre de la santé a annoncé dimanche soir l'interdiction sur l’ensemble du territoire de tous rassemblements de plus d’un millier de personnes.

Les municipales « un moment de respiration démocratique »

Le scrutin ne sera pas annulé. Le 5 mars dernier, après une entrevue avec François Baroin, le président de l'Association des maires de France, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a confirmé que les élections municipales seraient maintenues malgré la progression de l'épidémie.

« Il n'appartient pas aux maires d'annuler les scrutins. La situation actuelle me permet d'affirmer que les élections auront bien lieu le 15 et 22 mars », a-t-il déclaré.

Et à Edouard Philippe d'écrire dimanche 8 mars aux élus locaux. « Les élections constituent, dans la vie de nos territoires, un moment de respiration démocratique essentiel. Il n’est donc aucunement question de les reporter », leur a fait savoir le premier ministre .

Des mesures mises en place

Des mesures seront donc mises en place pour assurer la bonne tenue du scrutin. Les « mesures barrières » (ne pas se faire la bise, ne pas se serrer la main, éternuer dans son coude…) seront rappelées par de petites affichettes dans les bureaux de vote. Les files d’attente devront être « gérées » afin de « limiter les situations de promiscuité prolongée ».« D’autres questions, relatives aux surfaces de contact que constituent les bulletins de vote, les stylos utilisés pour l’émargement, le nettoyage régulier, le cas échéant, des machines à voter, et le nettoyage des bureaux de vote, pourront faire l’objet de recommandations complémentaires », poursuit le premier ministre.

Enfin, « une attention particulière sera apportée aux procurations », pour les personnes dans l’incapacité de se déplacer « en particulier pour des raisons liées à la situation sanitaire », comme les personnes âgées vivant en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou des personnes rendues vulnérables par des maladies du système immunitaire.

Une campagne électorale impactée

Cependant face à la menace du coronavirus, les candidats et les communes s’organisent pour le bon déroulement de la campagne électorale qui s'en trouve bouleversée. Et en premier la tenue de meeting.

C'est ainsi que Rachida Dati revoit ses ambitions à la baisse. Coronavirus oblige. Pour son dernier meeting avant le premier tour des élections municipales les rassemblements de plus de 1000 personnes étant désormais interdits, la candidate de la droite à la Mairie de Paris a certes choisi de maintenir son meeting mais en limitant le nombre de personnes. Difficile de l’annuler en effet, puisque c’est Nicolas Sarkozy qui est annoncé comme la star de la soirée.

L'ancienne Garde des Sceaux ne devrait pas être la seule impactée par cette nouvelle réglementation décidée par le gouvernement. D’autres candidats aux municipales, à Paris et dans plusieurs grandes villes, devront certainement réduire le nombre de places dans leurs prochains meetings.

David Belliard, candidat EELV dans la capitale, a même préféré annuler celui qu'il devait tenir le jeudi 12 mars au Bataclan.

Anne Hidalgo, quant à elle, annule son meeting pour en faire un « virtuel ». La maire PS sortante, candidate à sa réélection, a annoncé à BFM Paris l’annulation de son meeting prévu jeudi 12 mars au gymnase Japy, salle du 11ème arrondissement d’une capacité de 1 500 places.

Vers une abstention record ?

Plus de quatre électeurs sur dix envisageraient de ne pas aller voter par risque de contamination. En particulier les personnes âgées. Alors, à qui profitera cette abstention ? Autre problème : les assesseurs bénévoles devraient se faire rares dans les bureaux de vote, menaçant ainsi la bonne organisation du scrutin.

Pour contrer ses problèmes à chacun son remède. Dans les Hauts-de-Seine, un tiers des communes ont mis en place des machines électroniques pour voter. Cela devrait ainsi limiter la promiscuité lors du vote et du dépouillement. À Mulhouse, devenu l’un des plus importants foyers du virus en France, en plus de machines électroniques, on conseillera aux électeurs d’aller se savonner les mains avant et après le vote.Dans d’autres municipalités, on s’organise également pour plus de sécurité, mais les moyens sont souvent moindres. Gants chirurgicaux, machines désinfectées après chaque vote, davantage de stylos d'émargement…

Quid du vote par Internet autorisé seulement pour les Français de l'étranger lors des élections législatives, depuis 2012, et consulaires, depuis 2014. ? Il pourrait être la solution à plus long terme.




Joanne Courbet pour DayNewsWorld