POUR UN TRAVAIL DE MEMOIRE 

MAIS PAS A SENS UNIQUE

 SUR LA GUERRE D'ALGERIE

Emmanuel Macron a ajouté une pierre supplémentaire à son chantier de reconnaissance mémorielle entamé depuis le début de son mandat pour tenter de refermer les cicatrices de la guerre d’Algérie.

Samedi, à l'occasion d'une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé des «crimes inexcusables pour la République». «La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Elle le doit d'abord et avant tout à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d'Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme», explicite un communiqué de presse de l'Élysée. Alors qu'en 2012, François Hollande avait admis «une sanglante répression», le chef de l'État est donc allé encore plus loin en participant à l'hommage national rendu sur les berges de la Seine, au niveau du pont de Bezons, emprunté il y a 60 ans par les manifestants algériens qui arrivaient du bidonville voisin de Nanterre à l'appel de la branche du FLN installée en France.

L’actuel locataire de l’Elysée a d'ailleurs prévu « trois journées commémoratives et emblématiques ». Et ce, après la sortie, en janvier dernier, du rapport de l’historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Emmanuel Macron avait rendu hommage aux Harkis le 25 septembre dernier. La commémoration de ce samedi est donc la seconde pour le chef de l’Etat, qui participera à une troisième en mars, pour les soixante ans des accords d’Evian.

Mais cette énième repentance appelle quelques remarques que les responsables de la droite n'ont pas manqué de faire.

Marine Le Pen a en effet fustigé des «repentances à répétition» pendant que le président de Debout la France et candidat à la présidentielle de 2022, Nicolas Dupont-Aignan a fait remarqué que «L’Algérie crache sur la France et Emmanuel Macron fait pénitence. Le chef de l’Etat doit inspirer la fierté et non la honte d’être Français. », a-t-il ainsi réagi.

Le travail de mémoire ne doit-il pas se faire dans les deux sens? La France est en droit d'attendre que l' Algérie fasse également son aggiornamento mémoriel au lieu de vivre sur « sa rente mémorielle », propos tenu par le président français lors d'un échange avec des descendants de protagonistes de la guerre d'Algérie - Des propos qui avaient provoqué la colère d'Alger qui avait, en réponse, rappelé le même jour son ambassadeur basé à Paris et fermé le lendemain son espace aérien aux avions militaire français...-

«Criminaliser notre histoire est une faute»

Aussi la députée LR Michèle Tabarot estime-t-elle que «notre pays n'a pas à se soumettre aux injonctions mémorielles du régime algérien qui multiplie les provocations anti-France». «Criminaliser notre histoire est une faute. La repentance à sens unique aussi», tance-t-elle.

Certains ont également insisté sur le fait que certains autres événements ne soient ni commémorés ni même évoqués par le président de la République. Ainsi au député des Alpes Maritimes Éric Ciotti de rappeler : «Nous attendons toujours la commémoration par le président du massacre d’Oran du 5 juillet 1962 où le FLN a massacré plusieurs centaines de pieds-noirs et harkis fidèles à la France», a-t-il ajouté. Même reproche de la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer qui invite Emmanuel Macron à «aller plus loin sur les disparus, la reconnaissance des massacres de la rue d'Isly et d'Oran, l'entretien des cimetières français en Algérie...». Et  n'oublions pas non plus de contextualiser les événements ...

«Le devoir de mémoire doit prévaloir mais le mépris de notre Histoire et cette repentance permanente à sens unique sont indignes. (...) Regarder les faits objectifs c'est regarder toute l'Histoire. Y compris, donc, les crimes commis par le FLN contre les Français d'Algérie», conclut-elle, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron et publiée sur Twitter.

L'on peut à juste titre se demander si cette «propagande victimaire» dénoncée par la droite ne participe pas aussi d'une stratégie pour se différencier de Marine Le Pen, calcul politique en vue de la présidentielle...

Mais plus largement rappelons que la transmission de la mémoire ne passe pas par le politique mais bel et bien par l'histoire.




Emily Jackson pour DayNewsWorld