LE SENEGAL UN PAYS SOUS TENSION

Ousmane Sonko, dont l’arrestation et l’inculpation avaient mis le feu aux poudres, a été placé lundi sous contrôle judiciaire et remis en liberté.

Mais le principal opposant au président Macky Sall est toujours sous le coup d’une accusation de viols qu’il dément, accusant à son tour le pouvoir de vouloir l’empêcher de se représenter à la présidentielle de 2024.

La justice sénégalaise a donc lâché du lest en libérant sous caution Ousmane Sonko, le principal opposant au président Macky Sall.

Mais le pays reste sous tension.

Scènes de guérilla urbaine dans de nombreux quartiers de Dakar mais aussi dans d’autres villes du pays, sièges de médias accusés de proximité avec le pouvoir saccagés, magasins pillés, stations-services détruites, voitures calcinées depuis plusieurs jours… L’expression inouïe d’une violence si rare habituellement révèle de multiples malaises dans un pays habituellement considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest.

Depuis des mois, il y a un ras-le-bol généralisé dans la société sénégalaise. Le chômage des jeunes atteint des sommets, l'économie du pays a été très durement touché par le coronavirus. Les émeutes sont le résultat de toutes ces colères mises bout à bout.

Après plusieurs jours de colère violente, plusieurs morts et une mobilisation anti-régime qui dépasse l'affaire Sonko, le Mouvement de défense de la démocratie (M2D) au Sénégal appelle à suspendre les manifestations. Le mouvement regroupe des partis d’opposition, dont le Pastef d’Ousmane Sonko, ainsi que des mouvements comme Y’en a Marre.

Le M2D souhaite donc une pause avant d'en dire plus sur la suite. Un appel à suspendre les manifestations prévues jusqu’à demain. Le mouvement doit tenir une conférence de presse à 17h au siège du parti Pastef pour se prononcer sur « la suite de la lutte ».

Dans son communiqué, le mouvement ne précise pas les raisons de cet appel à suspendre la mobilisation, mais il annonce qu’il réaffirmera « ses exigences dont la libération immédiate, et sans conditions de tous les prisonniers politiques ».

Le mouvement annoncera aussi « un nouveau mot d’ordre concernant la date, le lieu et la forme des prochaines manifestations ».

C'est un nouveau développement, alors que lundi Ousmane Sonko avait appelé à poursuivre la mobilisation de manière pacifique. Dans sa déclaration, l’opposant s’en est pris au président Macky Sall, qu’il accuse d’avoir « trahi le peuple sénégalais ». Pour lui, le chef de l’État « n’est plus légitime » pour diriger le pays. « La révolution est en marche [...], la peur a changé de camp », disait-il. Et il a appelé le chef de l’État à clarifier ses intentions pour la prochaine présidentielle de 2024, à lever le doute sur une éventuelle candidature à un 3e mandat.

Un « appel au calme et à la retenue » du président Sall

Le président Macky Sall s’est, lui aussi, exprimé dans la soirée. Sa déclaration était très attendue après les troubles de ces derniers jours. Il a lancé un « appel au calme et à la retenue ». Dans un message à la Nation diffusé à la télévision nationale d’un peu plus de dix minutes, le chef de l’État a plaidé pour l’apaisement, « le dialogue et la concertation ». Il assure avoir « compris [...] les inquiétudes et préoccupations des jeunes ».

« La colère exprimée ces derniers jours est aussi liée à l’impact d’une crise économique aggravée par la pandémie de Covid-19 », a dit le chef de l’État.

Il promet une réorientation budgétaire pour répondre aux besoins de la jeunesse en matière de formation et d’emploi.




Garett Skyport pour DayNewsWorld