KAIS SAIED UN CONSERVATEUR A LA TETE DE LA TUNISIE

Kaïs Saïed a remporté l’élection présidentielle face à Nabil Karoui selon des chiffres non définitifs, avec 72% des suffrages.

Juriste connu pour son conservatisme sociétal mais aux intentions encore floues, Kaïs Saïed, 61 ans, est arrivé largement devant son adversaire Nabil Karoui, homme d'affaires poursuivi pour fraude fiscale.

Il était déjà arrivé en tête du premier tour le 15 septembre, avec 18,4 % des voix, après une campagne low-cost sur ses propres deniers.

A l'annonce des premiers résultats le vainqueur a remercié « les jeunes qui ont ouvert une nouvelle page de l'histoire », devant ses partisans réunis dans un hôtel du centre de Tunis. « Nous allons essayer de construire une nouvelle Tunisie », a-t-il déclaré, « Je connais l'ampleur de la responsabilité », a-t-il encore affirmé.

Un homme politique atypique

Né le 22 février 1958 dans une famille originaire de Beni Khiar sur la côte est de la Tunisie, fils d'un fonctionnaire de la municipalité et d'une mère éduquée mais restée au foyer, il grandit à Radès, banlieue de la classe moyenne dans le sud de Tunis. Il fait toutes ses études dans l'enseignement public tunisien.

Diplômé à 28 ans à l'Académie internationale de droit constitutionnel de Tunis, il a été enseignant assistant à Sousse (centre-est), où il a brièvement dirigé un département de droit public. De 1999 jusqu'en 2018, il enseigne à la Faculté des sciences juridiques et politiques de Tunis. Il a pris sa retraite de l'université publique en 2018. Spécialiste de droit constitutionnel, il s'est fait connaître du grand public en commentant la constitution de 2014 de la jeune démocratie tunisienne sur les plateaux de télévision.

Sans aucune expérience du pouvoir et sans parti, cet homme austère doit son ascension fulgurante au rejet par les Tunisiens du système et de la classe gouvernante et non à son programme électoral.

Aucun programme politique

En effet Kaïs Saïed n'a présenté aucun programme électoral. Mais il est pour une démocratie participative : il entend donner, par des assemblées locales, une gouvernance inversée qui ferait du terrain un lieu démocratique de propositions, au détriment du Parlement. Pour ce faire, il lui faudrait modifier la Constitution en obtenant le soutien d’une partie du Parlement.

De plus il est connu pour ses positions conservatrices sur le plan sociétal qui lui ont valu des accusations d'intégrisme. Mais son discours politique ne s'appuie sur aucune références religieuses. Et il a promis de ne pas revenir sur les droits nouvellement acquis par les femmes

Celui que l'on surnomme Robocop pour son débit haché aura pour premier défi d'élargir le cercle restreint de ses collaborateurs, actuellement composé d'une poignée de partisans passionnés, mais sans expérience du pouvoir.

Alize Marion pour DayNewsWorld