MORT DE BOUTEFLIKA ANCIEN PRESIDENT

 DE L'ALGERIE

L'ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika est mort vendredi 18 septembre 2021 à l'âge de 84 ans et sera inhumé dimanche. Il avait dirigé le pays pendant vingt ans, entre 1999 et 2019, et avait été chassé du pouvoir après des manifestations massives.

Il rêvait de finir ses jours au pouvoir. Mais celui qui aura eu le règne le plus long de toute l’histoire de l’Algérie indépendante. 

20 ans après l’indépendance, il est mort en reclus dans sa résidence d’Alger ce vendredi, à 84 ans, deux ans après avoir été chassé par la rue.

Lâché par l’État-major, sous la pression du « Hirak » mouvement de contestation populaire , Abdelaziz Bouteflika, avait été contraint de démissionner le 2 avril 2019 alors qu’il tentait encore de briguer un cinquième mandat.

Depuis celui que les Algériens appelaient familièrement « Boutef » était resté retranché dans la solitude dans sa résidence médicalisée de Zeralda, à l'ouest d'Alger, alors que ses proches étaient poursuivis en justice pour des accusations de corruption.

Le quatrième mandat de Bouteflika s'était déroulé sur fond de dégringolade des prix du pétrole pour une économie très dépendante des hydrocarbures. Les caisses étaient vides et il n'était plus possible d'acheter la paix sociale, comme en 2011 quand le Printemps arabe avait balayé la région.

Au-delà des difficultés économiques enfle surtout la frustration d'une population outrée du symbole que représente ce président mutique et paralysé depuis son AVC en 2013. Jusqu'à l'avènement spectaculaire du Hirak, mouvement pluriel, non violent et sans leadership.

« Je suis l'Algérie tout entière ».

Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc), dans une famille originaire de la région de Tlemcen (nord-ouest), Bouteflika rejoint dès 19 ans l'Armée de libération nationale (ALN) qui combat la puissance coloniale française.

A l'indépendance en 1962, il est, à 25 ans, ministre des Sports et du Tourisme, avant d'hériter un an plus tard du portefeuille convoité de la diplomatie, qu'il conserve jusqu'en 1979, une époque où l'Algérie s'affiche en leader du « tiers-monde ».

En 1965, il soutient le coup d'Etat de Houari Boumédiène, alors ministre de la Défense, qui s'empare du pouvoir en déposant le président Ahmed Ben Bella.S 'affirmant comme le dauphin de Boumédiène  « le père qu'il n'a pas eu », dira ce dernier, qui décède en 1978, il est pourtant écarté de la succession par l'armée puis de la scène politique sur fond d'accusations de malversations.

Il s'exile à Dubaï et Genève.C'est pourtant l'armée qui l'impose en 1999 comme candidat à la présidentielle: il l'emporte après le retrait de ses adversaires qui dénoncent des fraudes.

«Je suis l'Algérie tout entière », lance alors en arrivant au pouvoir celui dont le destin se confond avec l'histoire contemporaine de son pays.

Sa priorité: rétablir la paix en Algérie, plongée dans la guerre civile depuis 1992 contre une guérilla islamiste (quelque 200.000 morts en dix ans, officiellement). Deux lois d'amnistie, en 1999 et 2005, convainquent nombre d'islamistes de déposer les armes. Accusé par ses détracteurs d'être une marionnette de l'armée, Bouteflika travaille à desserrer l'emprise de la puissante institution.Promettant qu'il ne sera pas un « trois quarts de président », il devient tout puissant.

Elu pour la première fois en 1999, constamment réélu au premier tour avec plus de 80% des voix en 2004, 2009 et 2014, le cinquième mandat semblait acquis aux yeux du régime.

Mais six semaines de mobilisation massive du Hirak -du jamais vu en Algérie- avaient poussé le patron de l'armée à l'époque, le général Ahmed Gaid Salah, un de ses fidèles, à obtenir sa démission.

« Toute sa vie, Abdelaziz Bouteflika a été animé par deux obsessions: conquérir le pouvoir et le garder à tout prix. Il voulait faire un cinquième mandat en dépit du fait qu'il était malade et impotent »,assure le journaliste algérien Farid Alilat dans une biographie Bouteflika, l'histoire secrète.

Bouteflika est considéré comme l'artisan de la réconciliation nationale qui a permis de rétablir la paix en Algérie, plongée dans la guerre civile depuis 1992 contre une guérilla islamiste qui a fait quelque 200.000 morts en dix ans selon le bilan officiel.




Larry Ricky pour DayNewsWorld