JEUX OLYMPIQUES 2024 PLUS DE RETOMBEES NEGATIVES QUE POSITIVES POUR PARIS ?

Les Jeux olympiques de 2024 approchent à grands pas et Paris se prépare à accueillir cet événement de renommée internationale. Après plusieurs tentatives infructueuses, la capitale française est enfin prête à relever le défi des Jeux olympiques et paralympiques d'été, voulant offrir à ses habitants un héritage économique et social durable.  Paris a réussi à convaincre en mettant en avant les retombées positives attendues.
L'impact économique des Jeux olympiques est souvent un sujet de débat. Les études réalisées jusqu'à présent ont montré que les coûts associés à l'organisation dépassent souvent les retombées économiques directes.

Des infrastructures déjà prêtes, ou presque

Dans le domaine des infrastructures, Paris se trouve d'ores et déjà préparée, ou du moins presque, avant même que les Jeux ne débutent. En effet, près de 95 % des équipements nécessaires pour les Jeux de 2024 ont déjà été érigés.

Plus précisément, il reste principalement à finaliser la construction d'un centre aquatique ainsi que du village olympique, qui sera ultérieurement transformé en logements, situé dans la commune de L'Île-Saint-Denis.
Étant donné que la France demeure la première destination touristique mondiale, l'accueil des spectateurs et des visiteurs est également pleinement assuré. 

Selon les estimations du Bureau Veritas, la France est en mesure d'accueillir simultanément plus d'1 million de touristes dans ses hôtels, comptant ainsi 470 000 chambres. Il convient de noter que « un tiers des 155 000 chambres d'Île-de-France sera réservé pour les JO », souligne l'étude, en mettant en exergue le fait que 60 % des établissements hôteliers français affichent une classification de 3 à 5 étoiles.
La qualité des réseaux de transports est également mise en avant. Le lancement du projet du Grand Paris Express, qualifié de « l'un des plus grands chantiers au monde » par le cabinet d'experts, avec ses 68 nouvelles gares et ses 200 kilomètres de nouvelles lignes de métro, permettra, dans les quinze prochaines années, de diviser par deux le temps de trajet entre les aéroports de Roissy et Orly. Ces infrastructures contribuent à renforcer la compacité des sites, étant donné que la plupart des compétitions se dérouleront dans un rayon de 10 kilomètres.

La fin de la gabegie ?

Étant donné que Paris est presque prête, elle peut espérer minimiser les dommages financiers, ce qui est un point crucial. En effet, la plupart des éditions précédentes ont engendré des pertes considérables. Ce fut le cas pour Athènes en 2000, Pékin en 2008, Londres en 2012, Sotchi en 2014 et Rio de Janeiro en 2016. En octobre 2016, Rome a décidé de se retirer, principalement en raison de la décision de Virginia Raggi, la nouvelle maire de la ville élue quatre mois auparavant, de ne pas "compromettre l'avenir de sa cité".
En apparence, le financement est sécurisé et les dépenses seront maîtrisées. En effet, le budget global s'élèvera à environ 6,6 milliards d'euros. Un budget d'organisation de 3,6 milliards d'euros, appelé "budget Cojo" (Comité d'organisation des JO), permettra de "réaliser" les Jeux. 

Ce budget ne sera pas financé par des fonds publics, mais par les revenus provenant du CIO, de la billetterie et du programme marketing (1 milliard d'euros). Il vise à couvrir les frais d'hébergement et de restauration des athlètes, ainsi que les installations temporaires qui seront démontées après les Jeux.
Quant au budget hors Cojo, destiné à la construction des infrastructures qui resteront après les Jeux, il est estimé à 3 milliards d'euros. La moitié de ce montant provient de fonds privés, tandis que l'autre moitié provient d'investissements publics, dont 1 milliard d'euros sera versé par l'État. 

Ce budget financera le village olympique, dont le coût est estimé à 1,2 milliard d'euros et qui sera transformé en écoquartier après l'événement. Il couvrira également les dépenses liées au centre nautique (108 millions d'euros), à la construction de passerelles en Seine-Saint-Denis, à l'aménagement d'un échangeur sur l'A86 à Saint-Denis, ainsi qu'à l'enfouissement des lignes à haute tension

Quand les couts dépassent les retombées

Selon une étude publiée en juin 2016 par le Centre de droit et d'économie du sport (CDES) de Limoges, l'impact des Jeux à Paris pourrait être de l'ordre de 5,3 à 10,7 milliards d'euros sur la capitale et la région francilienne. Comparé au PIB français, cela reste donc mesuré.

Bien que sous certaines conditions favorables il semble possible d’obtenir un boost dans l’économie locale, les travaux sur l’impact économique des GESI illustrent surtout la manière dont les coûts dépassent presque toujours les retombées amenant les économistes à évoquer la « malédiction du vainqueur » de la candidature olympique. Dans les faits, les études d’impact économique ne distinguent pas les gagnants et les perdants : elles mesurent simplement s’il y a un gain monétaire.

De nombreuses olympiades présentent le cas d’une dépense publique dont la dette pour le contribuable s’est étirée sur plusieurs décennies à l’instar des Jeux de Montréal en 1976 ou de Rome en 1960.

Si les contestataires dénoncent un gaspillage des deniers publics pour des projets qui n’auraient pas suffisamment d’utilité sociale, le choix de candidater à un grand événement sportif international (GESI) se justifierait pour d'autres par la promesse d’un héritage économique et social durable qui profitera à toutes et tous,.

Un impact durable sur la vie des Parisiens mitigé

L'impact des Jeux olympiques peut également avoir des répercussions sur la vie quotidienne des Parisiens. Des études ont évalué des facteurs tels que le sentiment d'appartenance, le bonheur et la satisfaction. Les Jeux olympiques de Londres en 2012 ont été instructifs à cet égard, mettant en évidence à la fois des éléments de fierté et de bien-être, ainsi que des nuisances potentielles, en fonction des contextes et des populations étudiées.
La question de la cohésion sociale et de l'identité locale est également abordée.

Les Jeux olympiques sont censés favoriser la réduction des barrières sociales et encourager le développement de relations interpersonnelles. Cependant, ces moments de communion identitaire peuvent être éphémères et parfois entraîner des divisions et des sentiments d'exclusion, comme cela a été observé lors de l'Euro 2016 dans certains quartiers parisiens peu impliqués dans l'événement.
Une hausse de l’activité physique ?

Un autre aspect à considérer est l'impact sur l'activité physique. Les Jeux olympiques de Londres en 2012 ont été accompagnés d'un effort de promotion de l'activité physique et sportive, avec des résultats mitigés. Certains articles et sondages pointent des effets légèrement positifs (le taux d’inactivité – moins de 30 minutes par semaine – passant de 29 % à 27 % entre 2012 et 2021), tout en faisant état d’un accroissement des inégalités entre catégories de populations. Dix ans après, l’obésité infantile reste, un problème de santé publique majeur en Angleterre y compris dans les quartiers bordant les sites olympiques.

Que pouvait-on espérer de Londres 2012, un événement de quinze jours, en termes de développement de la pratique sportive ?

Si les politiques publiques ne sont pas en mesure de relever les défis liés à l'alimentation, au mode de vie, au manque d'espaces et d'équipements, ainsi qu'au développement des moyens de déplacement tels que la marche ou le vélo, alors qu'attendre réellement de tels événements ? En juillet 2022, Sport England a souligné que l'organisation de grands événements ne suffit pas à engendrer un changement de comportement à long terme à l'échelle nationale.

A Paris 2024 de tirer les leçons de ces expériences passées afin de ne pas répéter les mêmes erreurs.




Joanne Courbet pour DayNewsWorld