FACE A L'AFFLUX DE CLANDESTINS ET UNE DELINQUANCE HORS NORME 

LA FIN DU DROIT DU SOL A MAYOTTE

La dernière annonce suffira-t-elle à rétablir un sentiment de sécurité aux habitants de Mayotte ? Arrivé ce dimanche à Mayotte, Gérald Darmanin y annonce sa volonté de mettre "fin au droit du sol" sur l'île confrontée à une importante crise migratoire. "Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas enfant de parents français, nous couperons l'attractivité qu'il y a dans l'archipel", a explicité le ministre de l'Intérieur.

"Nous allons prendre une décision radicale, qui est l'inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle que choisira le président de la République [...] C'est une mesure extrêmement forte, nette, radicale, qui évidemment sera circonscrite à l'archipel de Mayotte", a-t-il indiqué.En outre, a-t-il précisé, la suppression du droit du sol à Mayotte permettra de "mettre fin au visa territorialisé", un dispositif qui empêche les détenteurs d'un titre de séjour à Mayotte de venir dans l'Hexagone et dont la suppression est une des revendications des "collectifs citoyens", qui paralysent depuis trois semaines l'île avec des barrages routiers installés pour protester contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée. Selon le ministre, la suppression des titres de séjour territorialisés doit être actée dans un projet de loi Mayotte qui sera étudié à l'Assemblée nationale "dans les semaines qui viennent".

Plus de 150 000 clandestins

La mesure exceptionnelle annoncée par Gérald Darmanin entend calmer la colère d’une partie des habitants de l’île qui bloquent depuis le 22 janvier la circulation de grands axes routiers. Le collectif des « Forces vives de Mayotte » maintient des barrages aux quatre coins de Mayotte, sur les routes et sur le port, paralysant la circulation et perturbant la vie économique du département.

Ils se dressent contre l’insécurité et la délinquance, en lien avec une immigration clandestine qu’ils jugent incontrôlée. Plus précisément, ils demandent l’expulsion de réfugiés originaires d’Afrique des Grands lacs, installés dans un camp de fortune autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, et réclament la fin des actes de délinquance et des affrontements. Cette colère montre aussi l'échec de l'opération Wuambushu lancée au printemps 2023, pendant laquelle des centaines de policiers et gendarmes supplémentaires avaient été déployés à Mayotte pour tarir le flux d'arrivées de migrants des Comores et combattre la délinquance et l'habitat insalubre.

Mayotte, devenu le 101e département français en 2011, attire chaque année des milliers de migrants, arrivés par la mer en "kwassa kwassa", des embarcations de fortune, de l'île comorienne voisine d'Anjouan, mais également de l'Afrique des Grands Lacs et de plus en plus de Madagascar.

Près de la moitié des 350 000 habitants estimés de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française, selon l'Insee, mais un tiers des étrangers sont nés sur l'île. Dans son rapport de février 2019, l’Insee indiquait qu’entre "l’immigration importante depuis les Comores" et les départs de "natifs de Mayotte vers l’extérieur", 48 % de la population du département était étrangère en 2017, chiffre en hausse de 8 % par rapport à 2012 .Et depuis la situation n'a fait que se détériorer.

Les gouvernements comoriens instrumentalisent leurs migrants dont les transferts de fonds représentent officiellement 20,5 % du PIB. Les Comores sont le quatrième pays au monde le plus fortement dépendant de ces transferts.

Insécurité et délinquance "hors normes"

Ces migrants clandestins, installés dans des quartiers particulièrement insalubres, des "bangas" , sont en proie à la violence et aux trafics.

Dans son rapport "Cadre de vie et sécurité à Mayotte" de novembre 2021, l’Insee décrit en effet une "délinquance hors norme". Sur la période 2018-2019, dans chaque domaine – cambriolages, vols, violences physiques ou sexuelles… – la délinquance mahoraise dépasse très nettement les chiffres de la France métropolitaine.

Cette année, les attaques à la personne ont augmenté de 50%.

"Les habitants de Mayotte sont personnellement trois fois plus victimes de vols avec ou sans violences", indique l’Insee, et le sentiment d’insécurité "dépasse de loin tous les standards de la métropole ou des autres Drom (Départements et régions d’Outre-mer)". 48 % des Mahorais se sentent en insécurité à leur domicile (52 % dans leur quartier), soit cinq à six fois plus que dans l’Hexagone. Tous ces chiffres augmentent année après année.

Depuis six mois, l’île souffre par ailleurs d’une terrible sécheresse qui oblige les autorités à mettre en place des restrictions d’eau. Grâce à une récente amélioration de la situation météorologique, et donc à des précipitations, les coupures d’eau ont été allégées mi-janvier, ramenées à un jour sur deux. Depuis fin août 2023, l’eau courante était en effet disponible seulement un jour sur trois à Mayotte en raison d’une sécheresse historique, couplée à un manque d’infrastructure et d’investissements.

L’archipel de Mayotte est le département où le Rassemblement national a signé son plus gros score au premier tour de la présidentielle. Marine Le Pen y a recueilli 59,10% des suffrages, loin devant les autres candidats, mais aussi très loin de son score de 2017. 

Dans un département miné par l’insécurité et l’immigration clandestine, le RN séduit.




Kelly Donaldson pour DayNewsWorld