AFFAIRE SALAH ABDESLAM 13 NOVEMBRE

 SEPT CONDAMNATIONS A PERPETUITE

Au terme de 149 jours d’audience marathon, la cour d’assises spéciale de Paris a rendu son verdict, lu par le président Jean-Louis Périès.

 La cour a suivi le Parquet national antiterroriste (Pnat) qui le 10 juin, avait demandé la peine maximale contre Salah Abdeslam. Les cinq magistrats condamnent ce Franco-Marocain de 32 ans, à la réclusion criminelle à perpétuité, incompressible. Il devra donc effectuer au minimum trente ans de prison avant de pouvoir demander la levée de cette perpétuité incompressible, prélude à toute demande d'aménagement de peine. Il n’a pas réagi publiquement à ce verdict. 

Seul membre encore en vie du commando du 13 Novembre, Salah Abdeslam est bel et bien considéré comme « le co-auteur des attentats, toutes les cibles de ce 13 Novembre constituant une seule et même scène de crime », selon la cour d’assises.

Le magistrat a ajouté que « la cour a également reconnu que le gilet explosif dont il était porteur n'était pas fonctionnel, ce qui remet sérieusement en question les déclarations de Salah Abdeslam quant à son renoncement ».

« Des accusés radicalisés »

Pas de circonstances atténuantes non plus à l’encontre de Mohamed Abrini, qui avait pris part au fameux convoi de lamort en novembre 2015.

En revanche, Sofien Ayari, 28 ans, et Osama Krayem, 29 ans, échappent à la perpétuité. Ils sont condamnés à trente ans de réclusion criminelle avec les deux tiers incompressibles, pour « leur participation à une association de malfaiteurs terroristes ».

Mohamed Bakkali, 35 ans, qui a déjà écopé de vingt-cinq ans de prison pour l’attentat, en août 2015, du train Thalys, est également condamné à trente ans de réclusion criminelle. Tout comme Ahmed Dahmani, 33 ans, actuellement détenu par la Turquie.

Pour tous ces accusés, la Cour considère que par « leur adhésion aux thèses djihadistes, et leur radicalisation », ils ne pouvaient pas ignorer les projets d’attentats terroristes en Europe.

Perpétuité aussi pour les frères Clain

La perpétuité est également prononcée contre les cinq grands absents de ce procès, supposés morts en Syrie et donc jugés par défaut. Parmi eux, Oussama Atar, considéré « comme le commanditaire des attentats »; Obeida Dibo, chef opérationnel, et Omar Darif, un des artificiers en chef. Même perpétuité pour les frères Fabien et Jean-Michel Clain, Normands à un moment de leur vie et qui avaient revendiqué au téléphone les carnages de Paris.

« La propagande a joué un rôle essentiel dans la stratégie de Daech, à la fois pour diffuser la terreur et pour attirer de nouveaux combattants », a résumé le président Périès.

Pour les autres accusés, âgés de 29 à 41 ans, les peines s’échelonnent de deux ans de prison ferme à dix-huit ans de réclusion criminelle, selon le degré de l’aide logistique apportée au commando du 13 Novembre.

« Aucun des trois accusés qui comparaissaient libres n’est réincarcéré à l’issue de l’audience », a confirmé le Pnat.

Les vingt accusés condamnés hier disposent de dix jours pour faire appel. L’histoire retiendra les quatre-vingt dix morts du Bataclan, trente-neuf sur les terrasses de café, un au Stade de France. Sur les 400 blessés, une femme et un homme se sont donné la mort depuis.

Six ans après une nuit de terreur qui a traumatisé la France et après un procès-fleuve marqué par les récits glaçants de près de 400 rescapés ou proches à la barre, sur près de 2 600 parties civiles, les rescapés vont pouvoir enfin fermer une page.




Carl Delsey pour DayNewsWorld