PROCES DU 13 NOVEMBRE PEINE MAXIMALE CONTRE SALAH ABDESLAM ET NEUF AUTRES ACCUSES DEMANDEE PAR LE PARQUET NATIONAL ANTITERRORISTE

Au bout d’un réquisitoire de trois jours, l’accusation a demandé ce vendredi des sanctions exemplaires, dont la plus lourde existant dans le Code pénal pour Salah Abdeslam, le survivant des commandos.Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a ainsi demandé la peine maximale contre Salah Abdeslam et neuf autres accusés. Les autres peines requises s’échelonnent de cinq à trente ans de prison ferme.

« Votre verdict ne rendra pas leur tranquillité aux victimes, il ne guérira pas les blessures physiques et psychiques, il ne ramènera pas les morts, prévient Camille Hennetier en concluant le réquisitoire fleuve des trois avocats généraux du Parquet national antiterroriste (PNAT) entamé mercredi. Mais il dira que la justice et le droit ont le dernier mot. »

Les vingt hommes accusés d’avoir aidé et soutenu les tueurs du 13 novembre 2015 connaissent, depuis hier, les sanctions que le Parquet national antiterroriste (Pnat) requiert à leur encontre, au nom du peuple français. Le verdict de la cour d’assises spéciale tombera le 29 juin.

« Leur sang sur les mains »

Sans surprise, le parquet demande la réclusion criminelle à perpétuité « incompressible » contre le Franco-Marocain Salah Abdeslam, 32 ans, « soldat de l’armée islamique, seul co-auteur survivant des 130 morts du 13-Novembre. Il a leur sang sur les mains, comme d’autres l’ont sur la conscience », considèrent Camille Hennetier, Nicolas Braconnay et Nicolas Le Bris, magistrats du parquet. Selon eux, Salah Abdeslam, « qui avait déposé trois bombes humaines » – trois kamikazes – devant le Stade de France, a minutieusement préparé « ces massacres » avec Abdelhamid Abaaoud, tué dans l’assaut de Saint-Denis, le 18 novembre 2015. L’accusation a consacré de longs développements à Salah Abdeslam avec une obsession : démonter le rôle de « prétendu invité surprise » des attentats mis en avant à l’audience. 

« Son engagement djihadiste est ancien. Rien ne permet de dire qu’il a été la marionnette de son frère », rappelait dès mercredi Nicolas Le Bris. Le PNAT souligne aussi son rôle primordial dans l’acheminement des membres du commando vers la Belgique. « C’est une mission clé : celui qui rapatrie est nécessairement quelqu’un en qui la cellule porte toute sa confiance », relève Camille Hennetier. L’arrivée par vague des futurs assassins entre le 1 er septembre et le 14 octobre acte « la constitution d’une véritable katiba au cœur de l’Europe ».

Pas de circonstances atténuantes non plus, aux yeux de l’accusation, à l’encontre des compagnons de cavale d’Abdeslam entre novembre 2015 et le 22 mars 2016, date des attentats de Bruxelles. La perpétuité est donc requise aussi contre Sofien Ayari, 28 ans, et Osama Krayem, 29 ans, que l’accusation suspecte d’avoir visé un attentat à l’aéroport d’Amsterdam.

Quant à Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles, « parti comme un voleur » dans la nuit du 12 au 13 novembre en obligeant la cellule à se réorganiser, « son renoncement ne saurait s’analyser comme un désistement volontaire, et il est sans effet sur ses actes de complicité antérieurs. Ce qui va se passer le soir du 13 novembre, il le souhaitait ardemment », cingle Nicolas Le Bris. L’accusation a néanmoins tenu compte de sa fuite en assortissant la perpétuité requise à une période de sûreté de vingt-deux ans.

Les avocats généraux du Pnat requièrent également la perpétuité contre Mohamed Bakkali, 35 ans, qui a déjà écopé de vingt-cinq ans de prison pour l’attentat, en août 2015, du train Thalys. Et contre l’accusé détenu par la Turquie, le parquet demande trente ans.

Perpétuité requise, encore, pour les cinq grands absents de ce procès, supposés morts en Syrie et donc jugés par défaut. Parmi eux, Oussama Atar, considéré « comme le cerveau des attentats, le cadre supérieur de la terreur ». Idem pour les frères Fabien et Jean-Michel Clain, Normands à un moment de leur vie « et qui avaient revendiqué au téléphone – en chantant – les carnages de Paris ». Pour neuf autres accusés, âgés de 29 à 41 ans, poursuivis pour « participation à une association de malfaiteurs terroristes », les peines demandées s’échelonnent de cinq, six (trois accusés), huit, neuf, seize et vingt ans de réclusion pour les deux plus impliqués selon le Pnat.

Si le parquet admet que les accusés ne partagent pas tous les mêmes convictions djihadistes, l’idéologie est à ses yeux au cœur de ce dossier. « On n’est pas condamné pour ce que l’on pense, souligne Camille Hennetier. Mais on devra l’être pour ce que l’on a fait au nom de ce que l’on pense. »

Et qui pourra oublier ce terrible bilan ? Quatre-vingt-dix morts au Bataclan, trente-neuf sur les terrasses de café, un au Stade de France. Deux blessés, une femme et un homme, se sont donné la mort depuis. 397 rescapés ou proches de victimes sont venus témoigner de leur traumatisme depuis septembre. La défense plaidera à partir de lundi.

« Ce soir d’épouvante du 13 novembre 2015, les djihadistes ont tiré à l’aveugle, faisant tomber les victimes comme des dominos, les déshumanisant, les traitant comme des animaux », avait rappelé Nicolas Le Bris en début d’audience.


Alyson  Braxton pour DayNewsWorld