LES RAISONS DE LA PENURIE DE MAIN-D’OEUVRE

 POUR LES GRANDES VACANCES

Face à la pénurie de main-d’oeuvre à l’approche de la haute saison, plusieurs secteurs tirent la sonnette d’alarme. Dans quelques semaines, sur les bords de mer ou dans les villes touristiques, les vacanciers trouveront-ils des cafés fermés en pleine journée ? 

Des piscines aux portes closes, des aéroports bondés à cause d’un manque de personnel au sol et des colonies de vacances annulées à la dernière minute, faute d’animateurs ?

« C’est un scénario noir, tempère Thierry Grégoire, le président de l’Umih-Saisonniers, le principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration. Mais il est très probable que l’on aura cet été une autre organisation du travail. Les restaurants fermeront peut-être le soir, ou un ou deux jours par semaine, ou bien réduiront leur amplitude horaire.

Quant aux hôtels, ils proposeront peut-être le ménage un jour sur deux. Tout le monde va s’adapter. » Les premiers ennuis pourraient commencer dès l’aéroport. Aéroports de Paris (ADP) s’inquiète du manque de techniciens de maintenance et d’agents de sécurité. Des files d’attente interminables aux contrôles des bagages et des retards sur les vols sont à craindre. Une fois arrivés au bord de la mer, les vacanciers pourraient aussi voir le drapeau rouge dressé au bord de l’eau. Trois quarts des structures aquatiques ont du mal à recruter pour l’été. Le risque ?

Des piscines fermées, des bassins ouverts quelques heures par jour seulement et une offre très faible de cours de natation. Homair, spécialiste de l’hôtellerie de plein air, peine à trouver les 300 saisonniers qui lui manquent dans tous les domaines (réception, activités sportives, maintenance, entretien…).

Enfin, certains parents qui prévoyaient d’envoyer leurs rejetons en colonie de vacances pourraient déchanter. Car les directeurs de centres s’arrachent les cheveux pour trouver des animateurs — pas toujours formés — pour encadrer les séjours.

600 000 saisonniers nécessaires

Alors les professionnels sortent le grand jeu pour dénicher des perles rares. Chaque été, 600 000 saisonniers en moyenne doivent être recrutés (dont 300 000 rien que dans l’hôtellerie-restauration). Tous ces postes sont loin d’être pourvus, même si aucun chiffre officiel n’est communiqué. Pour séduire les candidats, les patrons proposent des salaires supérieurs au smic et des avantages (jours de congé, horaires sans coupure, logement, repas…). 

Les raisons de la désaffection de saisonniers

Les conditions de travail difficiles,  le droit du travail pris à la légère,  les difficultés de logement et la réforme du  chômage s'avèrent pénalisantes

Depuis début décembre 2021 et la réforme du chômage orchestrée par Élisabeth Borne, les conditions d’ouverture des droits se sont largement durcies. Désormais, il faut avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre derniers pour bénéficier d’une allocation. Et non plus quatre, le temps d’une saison. Autrement dit, un saisonnier qui ne travaillera que de juin à septembre ne pourra donc plus prétendre au chômage en attendant l’hiver. Par ailleurs, les nouvelles règles de calcul de l’Unédic entraînent une baisse de l’allocation journalière de 17 % en moyenne par rapport à l’ancien système.

En surchauffe, les agences d’intérim tentent de trouver du personnel motivé à défaut, parfois, d’être qualifié. Mais les étudiants — ressource essentielle pour les jobs d’été — boudent également cette année les contrats trop physiques, contraignants. Serveurs, maîtres nageurs, animateurs de colonies de vacances, agents de sécurité…

L’été 2022 s’annonce compliqué à gérer pour les professionnels du tourisme, qui peinent à recruter un personnel motivé.


Jaimie Potts pour DayNewsWorld