LE DEMANTELEMENT D'AREVA, L'EX- FLEURON

FRANCAIS DU NUCLEAIRE


"J'espère que par le biais de futurs investissements, MHI et le groupe Areva vont non seulement consolider un partenariat fort entre les industries nucléaires de nos deux pays mais aussi contribuer fortement au développement d'une énergie nucléaire encore plus sûre et fiable", a expliqué Shunichi Miyanaga, le PDG de MHI

Areva a perdu dix milliards d’euros en cinq ans. France groupe nucléaire a tenu une assemblée générale pour un redressement et une restructuration du groupe.

Les actionnaires ont approuvé le 3 février le principe d’une augmentation de capital de 5 milliards d’euros, dont 90 % supportés par l’État.

Il aura fallu plusieurs mois d'âpres négociations avec le conglomérat japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) pour que ce dernier puisse acquérir 5% du nouvel Areva - Areva NewCo - pour un montant de 250 millions d'euros.

Quant à JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited), qui travaille sur le retraitement de combustible nucléaire usé et la fabrication de MOX il participe également à la levée de fond du groupe français à hauteur de 250 millions d'euros.Ce sont bien deux groupes japonais qui investissent dans l'ex-fleuron du nucléaire 500 millions d'euros au détriment du chinois CNNC.

Cette opération est purement formelle puisque l’État est maître à bord, avec plus de 85 % des parts. Au total, il devrait injecter 4,5 milliards d’euros.

Les deux groupe japonais avait déjà des liens avec le groupe français.

En effet MIH et Areva ont conçu ensemble le réacteur Atméa 1 décrit comme un « mini-EPR » d'une capacité de 1.150 MW. Ils en ont vendus quatre à la Turquie pour la centrale de Sinop.

C'est au consortium japonais que revient la construction de la centrale pour une mise en service de la première tranche en 2023

JNFL avec les dix grands électriciens japonais actionnaires, profite également de la restructuration d'Areva et renforce ainsi son partenariat avec le groupe français qui avait participé.à la construction d'une usine de recyclage de combustibles nucléaires usés sur le site de Rokkasho-Mura au nord du Japon..Il avait refusé l'époque d'acquérir l'ensemble des technologies françaises mais n'a pas réussi à appliquer ses propres technologies en matière de vitrification des déchets. Du coup le site de Rokkasho-Mura n'est toujours pas parvenu à son potentiel théorique

C'est pourquoi un nouvel accord commercial et technologique est envisagé entre Areva et JNFL. Ce dernier permettrait enfin au site de recycler complètement des combustibles usés.

Malgré tout de grosses incertitudes planent encore sur l’avenir de l’ex-fleuron du nucléaire.

La restructuration d’Areva progresse donc avec ses accords d'investisseurs étrangers qui entrent dans Areva . L’augmentation de capital de 5 milliards d’euros prévue par l’État a été conclu en assemblée générale du groupe nucléaire.

Mais cette opération de sauvetage du nucléaire français donne le la au démantèlement d’Areva. L’entreprise sera désormais composée de deux entités et délestée de son activité de construction de réacteurs (Areva NP, ex-Framatome), qui est en train d’être vendue à EDF.

Parmi les deux entités restantes, il y aura Areva SA, une sorte de structure de défaisance.qui héritera non seulement du passif du groupe avec une partie de la dette mais également des risques liés à la fin du chantier finlandais de l’EPR et aux anomalies recensées sur les pièces forgées au Creusot.

Deux milliards sont mis par l'Etat dans cette société disposant ainsi l'ensemble du capital une fois Areva retiré de la bourse et le rachat des quelque parts du Koweït

Parallèlement la création d'Areva Newco regroupera l'ensemble des métiers du groupe recentré autour du cycle du combustible (mines, enrichissement, retraitement). Quant à la partie Areva NP - la branche réacteurs et services d'Areva -, elle doit rejoindre EDF, dans le cadre d'une recomposition de la filière nucléaire française .

Ce montage complexe est loin d'être définitif.

.En effet, la Commission européenne a assorti le restructuration du nucléaire français de deux conditions: d'une part, l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) doit déclarer conforme la cuve de l'EPR de Flamanville 3 (Manche) qui fait actuellement l'objet de tests de résistance. Par ailleurs, le rapprochement entre EDF et Areva NP doit recueillir l'autorisation de Bruxelles « en vertu des règles sur les concentrations

Les dirigeants gardent malgré tout leur confiance arguant d' un carnet de commandes important, de l’ordre de 33 milliards d’euros et d'une rentabilité opérationnelle de 10 % en 2020 et du fait qu' Areva travaille également sur un plan de performance pour économiser un milliard d'euros sur la période 2015-2018.

Paul Emison pour DayNewsWorld