DES QUESTIONS SUR L' EFFONDREMENT

DU VIADUC DE GENES

L’effondrement « n’est pas dû à la fatalité », a martelé le procureur de Gênes, Francesco Cozzi, venu sur les lieux, alors que l’enquête venait seulement de débuter.

Depuis l'effondrement d'une portion d'un viaduc de l'autoroute A10 mardi à Gênes, les secours sont à pied d'œuvre pour déblayer des tonnes de béton sous lesquelles des victimes pourraient se trouver. 10 à 20 disparus sont toujours recherchés. La catastrophe a fait au moins 39 morts dont quatre Français et 16 blessés, dont neuf se trouvent encore dans un état grave. Trois enfants âgés de 8 à 13 ans figurent également parmi les morts.

Les chiffres risquent encore de s'alourdir, restant probablement des véhicules et des passagers bloqués dans les amas de bétons et de ferrailles.

L’Italie observera samedi une journée de deuil national et une cérémonie de funérailles solennelles sera organisée pour les victimes.

Avant la catastrophe du viaduc de Gênes, l'Italie avait déjà connu 10 effondrements de ponts en 5 ans.

Les causes possibles de cet effondrement:

Le viaduc d'environ 45 mètres de haut qui s'est effondré mardi 14 août à 11h40 sous une pluie battante à Gênes dans le nord de l'Italie, était surnommé pont Morandi, du nom de son architecte, et l'édifice construit dans les années 1960 avait fait l'objet de nombreux travaux en 2016.

Cet édifice avait été construit à l’aide de techniques expérimentales à la fin des années 1960 si bien que les ingénieurs cherchent des explications après l'effondrement du viaduc Morandi.

Problème de conception ? Ce pont était-il construit pour supporter autant de trafic ?

Manifestement cet ouvrage exceptionnel, construit par un des plus grands ingénieurs italiens du XXe siècle Riccardo Morandi ,était fait avec du béton armé précontraint, une technique alors très innovante et expérimentale : un béton précontraint a l’avantage d’être très peu épais utilisé là pour les structures légères. Les parties les plus délicates sont les haubans en béton précontraint, tendus entre les tabliers et les pylônes, qui amortissent chaque passage. Long de 1,18 km, haut de 90 mètres, le viaduc de Gênes est construit avec un équilibre si délicat qu'une surcharge de trafic pouvait faire écrouler ce dernier. Ce qui était le cas.

Problème de maintenance?

De plus l’entretien coûte plus cher que la construction, les interventions ponctuelles s'avèrent difficiles à réaliser même si à Gênes, l’entretien a été suivi .

La question de la responsabilité s'est posée et la société concessionnaire a été pointée du doigt.

C’est la société Autostrade per l’Italia, qui appartient à Atlantia, lui-même contrôlé à 30 % par la famille Benetton, qui était en charge de la maintenance de ce viaduc. Autostrade per l’Italia gère près de la moitié des quelque 6.000 km d’autoroute du pays. Face aux critiques du gouvernement italien qui a confirmé mercredi qu’il allait révoquer la concession de cette société, cette dernière a mis en avant mercredi le sérieux de sa surveillance de l’ouvrage. En effet le tronçon de Gênes était analysé « à un rythme trimestriel en suivant les normes légales et avec des vérifications supplémentaires d’appareils hautement spécialisés », a-t-elle avancé. Ce qu'a validé le ministère des transports.

Un défaut de construction ?

Des travaux de consolidation étaient d’ailleurs en cours sur la base du viaduc. Roger Frank, professeur honoraire de l’École des ponts ParisTech,précise que « cet ouvrage est construit à partir de béton et d’acier, des matériaux vieillissant mal. Le béton se dégrade. L’acier, lui, est soumis à la corrosion. Ce sont deux phénomènes bien connus. Mais l’évolution de cette dégradation dépend de biens des facteurs, dont les conditions climatiques et des forces appliquées au pont. »

Toujours est-il que le Ministère des Transports a peu investi dans les infrastructures routières et que la liste des catastrophes routières en Italie est longue : Le viaduc de Gênes est le cinquième pont à s’effondrer en Italie en cinq ans.

Joanne Courbet pour DayNewsWorld