LES MEMOIRES CHOC DE BRITNEY SPEARS 

SORTIE DE L'ENFER

"LA FEMME EN MOI"

On est loin d'un conte de fée avec la sortie du beststeller de Britney Spears . Celle qui fut l' icône adulée des jeunes des années 2000, a surmonté une multitude d'épreuves. Son ascension fulgurante a été suivie de trois divorces, d'une intrusion médiatique obsessionnelle, de périodes dépressives, d'une bataille pour la garde de ses enfants, et d'une tutelle de 13 ans, finalement levée en 2021.

« Réduite au silence » durant treize ans par sa famille qui l’avait mise sous tutelle, Britney Spears reprend la parole à 41 ans dans des mémoires sans concessions aux accents féministes. La Femme en moi, aux éditions JC Lattès (The Woman in Me chez Simon & Schuster aux États-Unis), sort ce mardi 24 octobre dans les librairies d’une vingtaine de pays. Durant 300 pages, la chanteuse raconte comment cette tutelle dictée par son père, avec le soutien de sa mère et sa sœur, a brisé « la femme en elle ».

L'objectif de son livre est clair : reprendre le contrôle de sa propre narration. Écrit de manière franche et sans tabous, il explore chaque facette de sa vie, de ses débuts éclatants à sa descente aux enfers en 2007, en passant par la tutelle oppressive qui l'a privée de sa liberté.

L’occasion pour elle de rendre enfin compte de sa vérité. De son enfance dans le sud des États-Unis à l'infantilisation permanente qu'elle a vécue, en passant par sa rupture avec Justin Timberlake

Le récit au style très oral laisse le lecteur sidéré. " C’est le texte d’une femme debout ", déclare la PDG des éditions JC Lattès, Véronique Cardi .

Les hommes de sa vie ne sont pas épargnés. Tous, sans exception. De son père dominateur à son ex-petit ami Justin Timberlake, en passant par son ex-mari Kevin Federline ou encore ce journaliste qui la questionne sur ses seins alors qu’elle n’a que 17 ans. Son dernier mari en date, Sam Asghari, n’y aurait probablement pas coupé non plus, mais le récit s’arrête juste avant la demande de divorce en août dernier.

Vie familiale violente.

"À la maison, j'avais peur", écrit la chanteuse dès les premières pages de son livre. L'odyssée de Britney Spears prend racine dans le Sud des États-Unis, à Kentwood, Louisiane, une contrée où son père dévoilait sa facette la plus sombre lorsqu'il était en proie à l'ivresse. Là-bas, elle confie avoir senti une présence divine et où les traditions familiales étaient marquées par le port d'habits coordonnés et la maîtrise des armes à feu. 

A l'âge précoce de 10 ans, elle se retrouve sur le plateau de Star Search, un télé-crochet pour enfants. A la question de l'animateur sur la présence d'un petit ami dans sa vie, elle réplique sans hésiter : "Non, les garçons sont cruels." L'année suivante, elle intègre le Mickey Mouse Club, une aventure qui la mettra en contact avec des noms tels que Ryan Gosling ou Justin Timberlake.Elle aura d’ailleurs une liaison avec ce dernier.

Son père, Jamie Spears, qui a régenté tous les aspects de sa vie personnelle et professionnelle pendant treize ans , décrit comme alcoolique et violent, n'a eu de cesse, au fil des années, de la "rabaisser". 

C'est dans ce contexte qu'elle raconte commencer à boire à l'âge de 13 ans, avec sa mère. La chanteuse remonte le fil familial pour tenter d'expliquer l'origine de cette violence. Comme lorsqu'elle revient sur sa grand-mère paternelle, Jean. Internée par son grand-père, elle se suicida à l'âge de 31 ans sur la tombe de son nourrisson.

Justin Timberlake : le couple star des années 2000.

Mais c’est véritablement Justin Timberlake qui se trouve au centre des plus grosses révélations de l’ouvrage, et autant dire que son image en sort un peu écornée. Elle révèle avoir avorté à 19 ans alors qu'ils étaient en couple. Ses propres mots révèlent la pression subie : "Si cela ne tenait qu'à moi, je n'aurais jamais fait ça, mais pour Justin, la paternité était hors de question." Ils ont choisi de ne pas consulter de médecin, redoutant d'être perçus comme des êtres sexuels plutôt que comme des artistes. 

Britney admet également avoir gardé cette décision secrète de sa famille, qui ne tolérait pas l'avortement, et de ses fans. Le poids de cet événement continue de la hanter 23 ans après les faits. 

Le récit de la chanteuse est douloureux : "  J’ai gobé des pilules et j’ai été prise de crampes horribles. Je suis allée me réfugier dans la salle de bains. Allongée sur le sol, j’ai hurlé et pleuré pendant des heures, en me demandant si j’allais mourir. Mais on ne m’a pas amenée à l’hôpital. Justin a pris sa guitare et s’est installé à mes côtés. "

Il a été son grand amour. Pourtant, la pop star n'a jamais livré au public les détails de leur séparation. C'est désormais chose faite dans le livre où elle explique avoir été "dévastée" lorsque Justin Timberlake a rompu "par texto" avec elle. La sortie du clip de Cry Me a River de Justin Timberlake, dans lequel on voit une femme lui ressemblant étrangement tromper le beau chanteur, achève de la faire passer pour " la traînée qui a brisé le cœur du golden-boy de la pop américaine ". Britney Spears se tait, encaisse en silence alors qu'elle est jetée en pâture aux médias. 

La cause ?

Elle aurait trompé son partenaire. Si elle admet avoir trompé le chanteur une seule fois, cela était, selon elle, monnaie courante chez lui. Décrite par les médias comme une "traînée", elle est contrainte, par son père, de donner une interview à la journaliste américaine Diane Sawyer qui lui demande ce qu'elle a fait à Timberlake pour lui causer "tant de douleur". "J'ai eu l'impression d'avoir été exploitée", écrit-elle. "Piégée devant le monde entier".

Et ce n’est pas la couverture de Rolling Stone, en 2003, qui a fait retomber la tension. Christina Aguilera y pose, le bassin collé à celui de Justin Timberlake pour annoncer leur tournée commune, «la plus sexy de la terre» selon le magazine. Et ce, à peine un an après la rupture de Justin et Britney. " Même s'ils n'essayaient pas d'être cruels, j'avais l'impression qu'ils ne faisaient que remuer le couteau dans la plaie. Pourquoi était-il si facile pour tout le monde d'oublier que j'étais un être humain - suffisamment vulnérable pour que ces gros titres puissent laisser des traces ?", écrit Britney Spears dans son autobiographie.

Elle a eu très peur du serpent aux MTV Music Awards.

Un autre moment marquant de sa vie est sa prestation aux MTV Music Awards de 2001, où elle a choisi de se produire sur scène avec un serpent, et pas n’importe lequel : un python. Elle révèle les coulisses de cette performance, en soulignant que le serpent sifflait à proximité alors qu'elle chantait. Elle a dû  garder son sang-froid car elle avait l’impression qu’il «allait [la] tuer si [elle] le regardait dans les yeux.»

Elle dit enfin pourquoi elle s’est rasé le crâne.

Quid à propos de sa période « fêtarde ». Elle révèle les sombres coulisses de sa notoriété écrasante. 

Son baiser mémorable avec Madonna aux MTV Awards de 2003 ? C'était, dit-elle, son idée. Elle évoque brièvement une liaison brève mais intense avec Colin Farrell, la décrivant comme "deux semaines de feu, deux semaines de lutte." Leur proximité était telle qu'ils semblaient se disputer en permanence. 

Les soirées endiablées avec Paris Hilton et Lindsay Lohan, autrefois largement médiatisées, les ont marquées du sceau de la débauche et de la toxicomanie.
Pourtant, dans son livre "La Femme en moi", Britney tient à préciser qu'elle n'a jamais eu de problème de drogue ni d'alcool. "J'apprécie de boire, écrit-elle, mais j'ai toujours su me modérer." L'Adderall, une amphétamine prescrite pour le trouble de l'attention, a été la seule substance qu'elle a admise avoir consommée. 

Elle explique que cela la faisait planer, mais surtout, cela la soulageait de sa dépression. Elle insiste sur les différences de traitement entre les artistes masculins et elle-même. Les hommes "peuvent se défoncer et tromper leur femme à loisir", tandis qu'elle était immédiatement qualifiée de "mauvaise mère" et d'"incontrôlable."

La sexualisation et la critique du corps des jeunes célébrités.

Ces jours difficiles correspondent à sa bataille pour la garde de ses enfants, Sean Preston et Jayden James, dans le cadre de son divorce avec le danseur Kevin Federline. La perte de la garde l'a plongée dans un profond désarroi, la poussant à un moment de crise en 2007 où elle a rasé sa tête et brandi un parapluie pour se protéger des paparazzis.

"Avec un crâne rasé, tout le monde avait peur de moi, même ma mère," confie-t-elle. Ce geste radical était aussi sa façon de rompre avec les normes de beauté oppressantes qui l'accablaient.

Britney évoque les regards scrutateurs auxquels elle a été exposée depuis son plus jeune âge. Elle raconte : "On m'a tellement regardé dans les yeux en grandissant. Depuis que je suis adolescente, on me regarde de haut en bas, on me dit ce que l'on pense de mon corps." 

Elle ajoute que "se raser la tête et jouer la comédie, c'était ma façon de me défendre."
À seulement 15 ans, Britney n' avait-elle pas signé un contrat avec Jive Records, marquant le début de son ascension irrésistible ? Elle se souvient surtout que sur scène, elle devait incarner une star sexy, suscitant le désir à tout prix, tout en restant en privé une gentille fille qui ne faisait pas de vagues. 

«Je sais que beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi j'aime me prendre en photo nue ou dans de nouvelles robes», y écrit l’interprète de «Toxic». «Mais je pense que s'ils avaient été photographiés par d'autres des milliers de fois, en étant mis en scène et en posant avec l'approbation des autres, ils comprendraient que j'éprouve beaucoup de joie à poser de la façon dont je me sens personnellement sexy et à prendre mes propres photos», poursuit Britney Spears. C'est un besoin fort de reprendre la main sur sa vie et de se réapproprier son corps, qui pousse la star à poser dénudée et à multiplier les photographies d'elle-même selon elle

L'obsession de la culture pop pour la sexualisation et la critique du corps des jeunes célébrités nous apparaît aujourd'hui comme toxique et misogyne. Mais dans les années 2000, cela était considéré comme la norme.

Les 13 ans de tutelle de son père "Dorénavant, Britney Spears, c’est moi,"

L'épisode de sa tête rasée, loin d'être anodin, a marqué un tournant en 2008, la plaçant sous la tutelle stricte de son père, Jamie Spears. Dans "The Woman in Me," elle écrit, "Je suis devenue un robot. Non, pire encore, un enfant-robot. J'avais été infantilisée à un point tel que je ne me reconnaissais plus." Jamie Spears était désormais aux commandes, prenant toutes les décisions la concernant, de ses médicaments à son régime alimentaire, en passant par sa carrière musicale.

Jamie s'est emparé du contrôle en déclarant : "Dorénavant, Britney Spears, c’est moi," comme le relate le livre dans un passage déchirant. Britney a fait son retour sur scène avec le "Circus Tour," générant 130 millions de dollars en un an. Cependant, elle n'avait accès qu'à 2000 dollars par semaine. Au cours de ces treize années de tutelle totale, Britney a été hospitalisée à plusieurs reprises. 

Elle ne pouvait pas choisir sa nourriture, voyager à sa guise ou même retirer son stérilet. 

Pourquoi n'a-t-elle pas réagi plus tôt ?

"J'ai échangé ma liberté contre la possibilité de passer du temps avec mes enfants," se défend-elle. Britney est convaincue que sa propre famille complotait contre elle. "J'ai parfois été rebelle, mais je n'ai rien fait qui justifie qu'on me traite comme une criminelle." Elle résume cette époque en disant : "Tout a dégénéré en treize ans, durant lesquels j'ai été comme l'ombre de moi-même. Aujourd'hui, je repense au fait que mon père et ses associés ont contrôlé mon corps et mon argent pendant si longtemps, et cela me rend malade."

Britney questionne : "Si je n'étais pas en état de prendre des décisions, pourquoi m'estimait-on capable de me produire en public ?" Elle se réfère aux 200 spectacles qu'elle a donnés, sous tutelle, lors de sa résidence à Las Vegas. Lors de son procès en 2021, elle a prononcé une phrase marquante devant la juge : "Madame [la présidente], mon père et tous ceux qui sont impliqués dans cette mise sous tutelle, qui ont joué un rôle important en me punissant lorsque j'ai dit 'non' [à la tournée] - Madame, ils devraient être en prison."

Le 22 juin 2021, elle a contacté la police pour porter plainte contre son père. En novembre, le tribunal lui a redonné sa liberté : "L'homme qui m'avait terrorisée enfant et dominée en tant qu'adulte n'avait plus le contrôle sur ma vie." Depuis, Britney a recouvré sa liberté, que ce soit pour danser sur Instagram ou pour enfin raconter son histoire.

La femme en elle

L'actuelle Britney ne pense plus à la musique. Elle se cherche en tant que femme. Longtemps, elle a été une petite fille prodige, sans jamais réellement accéder à l'âge adulte. Dans l'une de ses chansons les plus célèbres, "Piece of Me," elle chante : "Je suis Miss Rêve Américain depuis mes dix-sept ans / Que je m'agite sur scène ou que je bouge aux Philippines / Ils continueront à publier des photos de mes déhanchements. Vous voulez un morceau de moi ?"

Les vidéos qu'elle partage, parfois décalées, suscitent notre curiosité. L'une d'entre elles la montre en train de danser avec des couteaux. On peut dire que l'interprète de "Toxic" n'a plus peur du regard des autres. 

Depuis la fin de sa tutelle en novembre 2021, elle partage des moments de sa vie, même ceux les plus incongrus, joue la carte de la transparence dans les légendes de ses posts (mi-août, elle se disait «un peu choquée» par son divorce, avant de préciser à ses fans : ne sont pas vos oignons»), et n'hésite pas à mettre en lumière ce corps qu'elle s'est réapproprié.

Avec son livre "La Femme en moi," Britney tente de recoller les morceaux de son existence.




Kate White pour DayNewsWorld