PRIX NOBEL DE LA PAIX 

LA MILITANTE IRANNIENNE 

NARGES MOHAMMADI RECOMPENSEE

Arrêtée à plusieurs reprises depuis 1998, Narges Mohammadi a été condamnée à de multiples peines de prison et devra bientôt comparaître pour de nouveaux chefs d'inculpation. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un «harcèlement judiciaire» incessant à son encontre.

Son attribution du Prix Nobel de la Paix revêt une symbolique profonde, surtout en cette période où le mouvement «Femme vie Liberté» secoue l'Iran depuis plus d'un an. 

Ce mouvement de protestation, déclenché par la mort tragique de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne décédée en détention à la suite de son arrestation pour un voile mal porté par la police des mœurs, a été réprimé violemment.

Dans une récente interview par écrit, Narges Mohammadi affirmait que ce mouvement avait accéléré le processus vers la démocratie, la liberté et l'égalité en affaiblissant les bases du gouvernement religieux despotique.

Le présentiment ou le hasard ? Deux mois avant le début des manifestations le 16 septembre 2022, Narges Mohammadi avait publié un texte sur son compte Instagram géré par sa famille, dénonçant l'obligation du port du hijab. 

«Dans ce régime autoritaire, la voix des femmes est étouffée, les cheveux des femmes sont cachés (…) Moi, Narges Mohammadi (…) déclare que je n'accepterai pas le hijab obligatoire», proclamait-elle. Deux mois plus tard, des vidéos montrant des femmes brûlant leur hijab en Iran devenaient virales.

Originaire de Zanjan, dans le nord-ouest de l'Iran et née en 1972, Narges Mohammadi a étudié la physique avant de devenir ingénieure. 

Parallèlement, elle s'est engagée dans le journalisme auprès de journaux réformateurs. Au début des années 2000, elle a rejoint le Centre des défenseurs des droits de l'Homme (dont elle est aujourd'hui vice-présidente), fondé par l'avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix en 2003. Elle milite activement pour l'abolition de la peine de mort.

«Narges avait la possibilité de quitter le pays, mais elle a toujours refusé (…), elle est devenue la voix des sans-voix. 

Même en prison, elle n'oublie pas ses responsabilités et informe sur la situation des prisonniers», confie Reza Moini, un militant iranien des droits humains basé à Paris qui la connaît bien.

L’ONU a réagi à cette distinction en demandant la libération de Narges Mohammadi et de tous les défenseurs des droits humains emprisonnés en Iran. "

Le cas de Narges Mohammadi illustre les risques énormes que prennent les femmes pour défendre les droits de tous les Iraniens. Nous demandons la libération de Narges Mohammadi et de tous les défenseurs des droits humains emprisonnés en Iran", a déclaré le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. 




Boby Dean pour DayNewsWorld