BETTINA RHEIMS HORS NORME

Rendez vous à la Maison européenne de cet ancien hall en friche admirer sous l 'objectif de Bettina Rheims les 180 grands tirages de la femme dans tous ses états.

Vous en resterez déroutés et bouche bée devant ce jeu de miroir constant.

Car ce qui passionne cet artiste hors norme, ce n’est pas tant la plastique que le trouble et le mystère :

Bettina Rheims a fait des femmes son sujet photographique central depuis quatre décennies tout en questionnant les genres .

«  Khôl coulant, pupille voilée, abandon des corps, les femmes de Bettina Rheims sont dans un entre-deux. » . «  Après l’amour ou après une rupture les femmes ne sont jamais aussi belles que lorsqu’elles sont un peu défaites », glisse Bettina Rheims.

Les plus grandes célébrités se sont soumises à son objectif. Madonna, Charlotte Rampling, Carole Bouquet, Marianne Faithfull, Kylie Minogue, Barbara et d'autres encore apparaissent davantage dans leur chair que dans leur plastique.

L’aura troublante entoure Charlotte Rampling d'un voile de mystère.

De même l'érotisme félin de Madonna. La reine du pop , confie en 1994 une séance photo à Bettina Rheims dans le style de « Chambre close », sa série phare et fondatrice, dans des chambres d’hôtels miteux...

La star désire ce décor reconstitué à New York pour une séance d'une nuit entière .

Le spectateur se sent troublé face à sa beauté platine et féline de la « Ciccone »se frottant au mur, le visage enfoui dans son angle.

Les références des femmes à la toilette de maîtres du XXI°se glisse dans son esprit de voyeur.

Car « Bettina porte un regard de femme sur les femmes, et cela change tout.  Lorsqu’elle déshabille, dénude, elle obtient de ses modèles une intimité », résume Jean-Luc Monterosso.

Elle varie ses expériences. En 2005 "Héroïnes" apparaît davantage comme un travail qui se veut avant tout un hommage à la sculpture.

La photographe collabore alors avec le créateur Jean Colonna pour habiller les femmes de vêtements originaux.

D' icônes contemporaines toutes de robes anciennes vêtues émanent alors une beauté décalée

.Mais tout au long de sa carrière, elle poursuit le questionnement sur les représentations du genre et de l'androgynie comme en témoigne la série "Gender Studies"de 2012 devancé déjà par la série Modern Lovers des années fin 80 et du sida.

L'originalité de 2012 émane du dispositif liant image et son (par Frédéric Sanchez) dans la re présentation  de 27 portraits sonores de jeunes hommes et jeunes femmes.

Alors la puissance de l'intime sort renforcé par le témoignage sonore de chaque portrait et explose dans l'espace de l’exposition.

D'autres variations surprenantes vous interpelleront dans l'organisation spatiale et non chronologique de cette exposition sur trois étages.

La mise en parallèle de musiciens idoles des années 80 et celles de femmes détenues dans les prisons d'aujourd'hui par exemple..

Déroutant aussi ses clichés de femmes félines, crues, provocatrices parfois, confrontés à des égéries drapées dans leur aura.

Vous aurez compris. La photographe Bettina Rheims ne cesse de questionner et de magnifier la femme et la féminité.

Un rendez-vous à ne pas manquer.



Joanne Courbet pour DayNewsWorld