UN AVION MINISTERIEL RUSSE APPROCHE PAR DES CHASSEURS DE L'OTAN

Un avion de détection et de commandement est escorté par deux chasseurs F-16 au-dessus de Bruxelles, le jour de l'ouverture du sommet de l'OTAN, le 25 mai.

Les chasseurs F-16 de l'OTAN se sont approchés mercredi de l'avion du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou au-dessus de la Baltique . Les chasseurs étaient polonais, a annoncé jeudi l'armée polonaise.

Deux F-16 polonais effectuaient la mission de police de l'air dans le cadre de l'OTAN au-dessus de la mer Baltique. Ils avaient été chargés de suivre trois appareils russes, un Tupolev 154 non armé et deux chasseurs Su-27 armés de missiles air-air, selon le Commandement opérationnel interarmées polonais dans un communiqué .

«L'interception a été opérée conformément aux procédures en vigueur à l'OTAN», ajoute le communiqué, sans autre précision.

A tour de rôle cette mission de police de l'air qui est destinée à rassurer les pays baltes sur leur sécurité est remplie par des pays membres de l'OTAN.

D'après des journalistes des principales agences de presse russes présents à bord du Tupolev, les avions de l'Alliance atlantique ont tentés d'encadrer l'avion du ministre russe, mais lorsque l'un d'eux a voulu s'en approché le Su-27 escortant l'avion du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou l'a forcé à s'éloigner.

«Le Su-27 a montré (à l'avion de) l'OTAN qu'il était armé en virant de bord. Après cela, le F-16 de l'OTAN s'est éloigné», a raconté un journaliste d'Interfax, présent à bord de l'appareil ministériel.

De son côté, l'OTAN a affirmé qu'il s'agissait d'une «procédure standard».

Selon l'Alliance, l'aviation militaire russe auraient multipliés ces derniers jours leur vol sur la Baltique alors que L'OTAN déploie actuellement quatre bataillons multinationaux en Pologne et dans les pays baltes. Il est vrai que les pays baltes vivent dans la hantise d'une attaque russe éventuelle et met tout en œuvre en matière de dissuasion au point de former une armée très performante dans leurs pays respectifs.

Le ministère estonien de la Défense a déclaré le 2 mars que « l’arrivée de militaires britanniques prouvait l’unité des membres de l’Otan » et contribuait « à maintenir l’équilibre des forces dans la région ». Telle est la position officielle de Tallinn.

Ainsi l’aviation de l’Alliance stationne depuis plusieurs années en Estonie et en 2016, une compagnie de chars américains s'est installée. En outre, entre 4 000 et 5 000 militaires des pays de l’Otan arrivent dans le pays dans le cadre des traditionnelles « manœuvres de printemps ». Désormais, un bataillon de l’Alliance sera présent dans le pays sur une base permanente, objectif pour lequel les pays baltes ont longtemps lutté.

En Russie, le déploiement de ces forces a suscité l’inquiétude, mais surtout de la part des politiques et non des militaires.

En effet ce renforcement des forces de l'OTAN est interprétée par la Russie comme volonté d'encerclement et très mal toléré par le Président Vladimir Poutine.

Ces projets prévoient de déployer une nouvelle brigade aux frontières orientales de l’Alliance, de la mer Baltique à la mer Noire. Les effectifs ne sont pas très importants, mais c’est un nouveau pas vers la consolidation de la Force de réaction de l’Otan (NRF). Les frais d’entretien de la nouvelle force internationale seront assumés en grande partie par les pays est-européens qui l’accueilleront.

Selon le colonel à la retraite Viktor Kouznetsov, expert militaire, les militaires russes ne seraient nullement inquiets face au renforcement du contingent de l’Alliance :

« La pratique mondiale connaît depuis longtemps la notion de réaction en cas de menaces.

Par exemple, en cas de larges exercices près des frontières d’un pays, ce dernierr envoie la balle en organisant à son tour des manœuvres dans le but de manifester sa capacité défensive et rassurer la population.

Toutefois, c’est sciemment que la Russie ne réagit pas aux manœuvres de printemps estoniennes.

Moscou ne l’estime pas indispensable. L’armée russe lance régulièrement des manœuvres-surprise dans le district militaire occidental et organise les exercices Occident. En outre, on réalise des contrôles réguliers de la capacité au combat des troupes aux frontières de la Lettonie et de l’Estonie qui, tout comme les exercices de division, prennent une plus grande ampleur que tous les jeux de guerre lancés par l’Otan dans les pays baltes ».

Toujours selon Viktor Kouznetsov, l’un des grands objectifs du nouveau chef de la Maison Blanche, Donald Trump , consiste en une augmentation des exportations de l’industrie militaire américaine vers l’Europe. La livraison de nouveaux matériels et l’arrivée de militaires qui se chargeront d’entraîner l’armée estonienne s’inscrivent dans le droit fil de cette politique. « Le président américain Donald Trump a d’ailleurs plus d’une fois déclaré que l’Europe devait payer elle-même pour sa sécurité »a-t-il souligné.

La secrétaire générale adjointe de l'OTAN, Rose Gottemoeller, venue à Bydgoszcz, en Pologne, a réaffirmé que l'Alliance était résolue à prévenir des incidents de ce genre se répétant selon ses dires «depuis une dizaine d'années».

«Du point de vue de l'OTAN, nous devons prévenir toute action de ce genre, tant aérienne qu'avec une participation éventuelle de la marine, afin que cela ne se transforme pas en un conflit plus profond ou un malentendu», a dit Mme Gottemoeller en polonais.

«Fin mai, a-t-elle poursuivi, un groupe était censé se réunir pour élaborer des dispositions détaillées, car de telles situations ne profitent à aucune des parties»sans fournir la moindre précision.

Le stationnement de contingents supplémentaires de l’Otan dans les pays baltes et en Pologne était prévu dès le milieu de l’année dernière, soit longtemps avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Car l'inquiétude de l’Otan, c’est Kaliningrad située dans la région la plus occidentale de Russie qui accueille d’importants effectifs de troupes russes.

« Aussi bien Tallinn que Bruxelles et Washington réalisent qu’il est impossible de lancer une offensive contre Saint-Pétersbourg depuis Narva (Nord-Est de l’Estonie) par la force d’un seul ni même de cinq bataillons, indique-t-on de source occidentale. L’objectif du contingent occidental de l’Otan en Estonie est de s’entraîner à la coordination des opérations entre l’armée nationale et ses alliés occidentaux ».

"Nous avons accueilli avec joie l'initiative, venue il y a quelques années des pays baltes et de la Russie, de travailler en commun sur une méthode devant permettre d'éviter la répétition de tels incidents à l'avenir", a pourtant souligné Mme Gottemoeller.



Joanne Courbet pour DayNewsWorld