HOMMAGE AU DJ ARAFAT

Victime d'un accident de moto dans la nuit du 11 au 12 août à Abidjan, l'artiste ivoirien Ange Didier Huon - alias DJ Arafat - est mort à 33 ans des suites de ses blessures dans une clinique d'Abidjan.

La star du "coupé-décalé" a eu un grave accident de la route, survenu dans la nuit de dimanche à lundi. Sa moto a percuté une voiture conduite par une journaliste de Radio Côte d’Ivoire. Le chanteur, inconscient, a été rapidement pris en charge et admis en soins intensifs.

« Il a été admis aux urgences dans un état végétatif. Il avait notamment une fracture du crâne et un œdème », a détaillé un médecin de la Polyclinique. Les équipes de l’établissement ont tenté de le ranimer, « en vain ». Son décès a finalement été confirmé par la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) : « Décès de l'artiste DJ Arafat, de son vrai nom Houon Ange Didier, ce lundi 12 août à 8 heures, des suites d'un accident de la circulation qui s'est produit dans la nuit de dimanche. »

Symbole du « coupé-décalé »

A seulement 33 ans, DJ Arafat était considéré comme une des grandes stars de l’Afrique francophone, figure majeure du coupé-décalé en Côte d’Ivoire.

Né en 1986 à Abidjan, DJ Arafat était le fils d’une autre artiste ivoirienne bien connue : la sulfureuse chanteuse Tina Glamour.

Ange Didier Huon a connu une enfance difficile qui le fait sombrer dans l’alcool et le banditisme, dès l’âge de 11 ans. C’est le producteur Roland Le Binguiste qui le repère quelques années plus tard, alors qu’il se rend régulièrement dans le plus grand maquis abidjanais, surnommé Shangaï.

En 2003, aux prémices du mouvement « coupé-décalé », un style musical jouissant d’une très grande popularité en Côte d'Ivoire, DJ Arafat se fait connaître du grand public avec son titre Hommage à Jonathan suivi d’un premier album, « Goudron Noir ».

Le style musical du « coupé-décalé » a été lancé par la jeunesse ivoirienne, inspiré des rythmes des percussions accompagnés d’une danse devenue célèbre. L’arrivée du « coupé-décalé » en Côte d’Ivoire correspond à peu près au début de la guerre civile ivoirienne en 2002.

Surnommé Arafat pour son tempérament

Avec un fort tempérament, le jeune Didier Huon se fait surnommer Yasser Arafat par ses amis libanais. Une référence à l’ancien dirigeant du Fatah et de l’Organisation de la libération de la Palestine. L’artiste a décidé de faire de ce surnom son nom de scène.

Grâce à son premier album, l’artiste se fait inviter en France par le promoteur de spectacles Désiré Kouadio. En 2005, après la sortie de son deuxième opus Femme, il décide de s’installer à Paris, malgré l’expiration prochaine de son visa.

Le chanteur compositeur est revenu sur le devant de la scène avec un troisième album qui rencontre un grand succès en 2008. L’artiste, alors âgé de 22 ans, se hisse en tête des classements en Afrique francophone. C’est en 2010 que DJ Arafat devient réellement l’emblème du mouvement « coupé-décalé » avec un concert au Palais de la Culture d’Abidjan.

Au cœur de nombreuses polémiques

En dehors de son succès musical, l’artiste est au centre de multiples polémiques. Il a notamment été pointé du doigt pour des affaires de violences conjugales sur son ex-compagne. Il a également entretenu de nombreuses rivalités avec des artistes tels que son binôme Debordo Leekunfa, avec qui il a connu ses premiers succès.

Malgré ces polémiques, les hommages pleuvent. A’salfo, le leader de Magic System, a notamment réagi auprès de Jeune Afrique :

« Le petit est parti. Il a vécu comme une étoile filante, a-t-il déclaré avec émotion. Nous sommes tous effondrés. Dans le style du zouglou, à l’international, il y a Magic System. Pour le coupe-décalé, c’était DJ Arafat… C’est une grande perte pour la musique ivoirienne. »

Britney Delsey pour DayNewsWorld