L'ADN DES CHEVEUX DE BEETHOVEN

REVELE DES SECRETS DE SANTE DU MAESTRO

Les épreuves, dans la vie de l’auteur de L’hymne à la joie, n’ont pas manqué. Elevé par un père brutal et alcoolique, Ludwig van Beethoven (1770-1827) a perdu sa mère bien-aimée à l’âge de 17 ans ; et son existence a été scandée par une litanie de problèmes de santé. Outre sa célèbre surdité, qui a débuté vers l’âge de 28 ans pour devenir totale entre 45 et 48 ans, le compositeur se plaignait régulièrement de douleurs abdominales et souffrait de troubles dépressifs. Dans une lettre à ses frères, le compositeur demande en 1802 à ses frères Ludwig van Beethoven d'exiger de son médecin, J.A. Schmidt, qu'il décrive sa maladie au monde entier après sa mort, afin que "dans la mesure du possible, le monde se réconcilie avec moi après ma mort".

C'est la génétique généalogique qui arrive pour lever partiellement le voile sur les causes de ses souffrances. En l’occurrence Ludwig van Beethoven, le compositeur allemand dont l’ADN, issu de plusieurs mèches de cheveux, a pu être analysé dans le but de déterminer les causes de sa surdité et son décès. Les travaux, qui ont duré près de huit ans, ont été réalisés par une équipe internationale dirigée par Johannes Krause, paléogénéticien à l’Institut Max Planck de Leipzig, et sont publiés dans la revue Current Biology .

Ce sont en effet près de trois mètres de cheveux attribués au célèbre compositeur qu'une équipe internationale de chercheurs a analysés en laboratoire. Décédé d'une cause inconnue en 1827 à l'âge de 56 ans, Beethoven a cependant légué au monde 34 mèches de cheveux, dont toutes n'ont pas été formellement authentifiées, et dont huit ont permis de réaliser ces nouveaux travaux publiés dans la revue Current Biology.

Ce sont sept mèches, confiées par divers collectionneurs privés et musées, qui ont ainsi été digérées par des solutions spéciales, et dont les scientifiques ont ensuite extrait et analysé l'ADN. "C'était un processus long et compliqué avant de pouvoir utiliser notre séquençage", se rappelle Tristan Begg, premier auteur de l'étude qui a débuté fin 2014.

Parmi les huit échantillons, trois ont été écartés car l'ADN ne correspondait pas à celui des cinq autres.

Une prédisposition génétique aux maladies du foie

Les attentes autour de ces travaux sont grandes, tant le mystère entourant le décès de Beethoven persiste malgré la riche documentation qui y a trait. On compte notamment les propres écrits du compositeur et celles de ses contemporains tenues de son vivant et après sa mort, une autopsie, des descriptions de son squelette deux fois exhumé, mais également la littérature produite depuis.

On sait cependant qu'il était atteint d'une maladie du foie dont les premiers symptômes se sont déclarés six ans avant sa mort et dont il a lui-même narrées au moins deux crises de jaunisses. Compte tenu de sa consommation régulière et parfois importante d'alcool, la cirrhose du foie est depuis longtemps fortement suspectée d'avoir conduit à sa mort. "Un ami proche aurait déclaré que vers 1825-1826, Beethoven avait consommé au moins un litre de vin au déjeuner tous les jours", rapportent les chercheurs dans la publication.

Grâce à leurs analyse ADN, ils renforcent la crédibilité de cette hypothèse en détectant une prédisposition génétique pour les maladies du foie. Ils détectent notamment la présence en deux exemplaires (homozygotie) d'une variante du gène PNPLA3. Cette découverte renforce cependant considérablement l'hypothèse de la cirrhose.

Une surdité qui reste mystérieuse

Les chercheurs se sont également attardés sur l'atteinte la plus célèbre du compositeur : sa surdité, survenue dans sa vingtaine. Une perte auditive avec acouphènes, une trop forte perception du volume sonore et une perte des fréquences aiguës qui a finalement mis fin à sa carrière d'artiste au milieu de la quarantaine. Malheureusement, aucune atteinte connue n'a pu être identifiée dans l'ADN de Beethoven.

Une liaison illégitime

Une surprise cependant a émergé de la comparaison de l'ADN de Ludwig van Beethoven avec plusieurs des descendants de sa branche familiale.

L’étude a en effet mis en évidence l’existence d’un enfant illégitime dans la lignée paternelle de Beethoven que les chercheurs situent entre la naissance de Hendrik van Beethoven à Kampenhout dans le Brabant flamand autour de 1572 et celle du compositeur sept générations plus tard.




Kelly Donaldson pour DayNewsWorld