TIKTOK BIENTOT INTERDIT

AUX ETATS-UNIS

"En ce qui concerne TikTok, nous l’interdisons aux Etats-Unis ", a déclaré M. Trump à des journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One.

Le New York Times indique que Donald Trump pourrait prendre un décret se basant sur « l'International Emergency Economic Powers Act » afin de contraindre les magasins d'applications américains à retirer TikTok de leur catalogue. « J'ai cette autorité. Je peux le faire avec un décret », a martelé Donald Trump vendredi. Il a ajouté qu’il agirait dès samedi.

TikTok servirait les intérêts chinois

TikTok appartient au groupe chinois ByteDance. Il compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde et est très populaire auprès de la jeunesse.

Depuis plusieurs semaines, le réseau social est soupçonné de servir les intérêts du gouvernement chinois, entre censure du contenu et espionnage des données des utilisateurs américains.

Le réseau social a souvent dû se défendre de ses liens avec la Chine, où ByteDance possède une application similaire, sous un autre nom. Il a toujours nié partager des données avec les autorités chinoises et assuré ne pas avoir l’intention d’accepter de requêtes en ce sens. L’entreprise faisait l’objet d’une enquête du CFIUS, l’agence américaine chargée de s’assurer que les investissements étrangers ne présentent pas de risque pour la sécurité nationale.

Interdire l'application telle qu'elle existe actuellement pourrait également passer par une voie détournée. Car l'administration américaine envisage aussi de contraindre la maison mère chinoise de TikTok, ByteDance, à vendre la plateforme à un groupe américain. Là aussi, c'est l'argument de la protection de la sécurité nationale qui serait mis en avant. Des négociations seraient déjà ouvertes avec Microsoft, d'après le Washington Post. Selon une information de Reuters dévoilée ce samedi après-midi, le groupe chinois serait en effet prêt, sous la pression, à céder la branche américaine de TikTok à l'entreprise fondée par Bill Gates.

Des précédents existent, comme le souligne le quotidien américain. En mars, une société chinoise avait été contrainte de vendre sa participation dans une société américaine de logiciels hôteliers. L'année dernière, l'administration Trump avait imposé aux propriétaires chinois de l'application de rencontres homosexuelles Grindr d'abandonner le contrôle de l'entreprise.

« Nous ne sommes pas politiques »

Il y a quelques jours, TikTok s’était engagé à avoir un haut niveau de transparence et notamment à permettre des contrôles de ses algorithmes, pour rassurer les utilisateurs et les régulateurs.

« Nous ne sommes pas politiques, nous n’acceptons pas de publicité politique et nous n’avons pas d’agenda. Notre seul objectif est de rester une plate-forme animée et dynamique appréciée de tous », déclarait mercredi dans une note de blog le patron de TikTok, Kevin Mayer. « Toute l’industrie est examinée de près, et avec raison. En raison des origines chinoises de l’entreprise, nous sommes examinés d’encore plus près. Nous l’acceptons et relevons le défi », détaillait-il.

James Lewis, chef du programme de politique des technologies au Center for Strategic and International Studies, estime que le risque de sécurité encouru en utilisant TikTok est « proche de zéro ». En revanche, « il semble que ByteDance pourrait être mis sous pression par Pékin », a déclaré M. Lewis.

Le réseau social est aussi contesté ailleurs qu’aux Etats-Unis. Il est ainsi banni depuis le 30 juin en Inde, où il avait été placé à la tête de la liste de 59 applications chinoises bloquées par New Delhi sur son territoire pour « assurer la sécurité et la souveraineté du cyberespace indien ». Le Pakistan, pays musulman très conservateur, a pour sa part lancé récemment « un ultime avertissement » à TikTok afin que des contenus jugés « immoraux, obscènes et vulgaires » soient supprimés de sa plate-forme.

La décision américaine pourrait d’ailleurs pousser d’autres pays à faire de même.




Boby Dean pour DayNewsWorld