UN REGAIN DE CONSCIENCE

A L'APPROCHE DE LA MORT

Les récits d’expériences de mort imminente, lumière blanche, visites d’êtres chers décédés, voix, etc..., captivent notre imagination et sont profondément ancrés dans notre paysage culturel.

Des expériences "conscientes" de mort imminente donc, assez incompatibles avec la réalité biologique d’un cerveau mourant. Est-il possible que le cerveau humain soit activé par le processus de la mort ?

Récemment, des chercheurs ont rapporté une augmentation de l’activité électrique dans le cerveau de personnes mourantes. Elle pourrait être associée à des expériences conscientes de dernière minute, une nouvelle vision du rôle tenu par le cerveau dans cette ultime étape de vie. 

Pour en avoir le cœur net, des chercheurs de l’université du Michigan, aux États-Unis, ont décidé d’étudier, de manière "plus détaillée que jamais auparavant", le mécanisme biologique à l’œuvre dans le cerveau dans les tout derniers instants.

L’étude, dirigée par Jimo Borjigin, professeur agrégé au Département de physiologie moléculaire et intégrative et au Département de neurologie, et son équipe, fait suite à des études animales menées il y a près de 10 ans en collaboration avec George Mashour, directeur fondateur du Michigan Center for Consciousness Science.

Un sursaut cérébral avant un arrêt complet

Le cerveau "en feu"

Pour ce faire, il a fallu trouver des patients morts, pour le coup, d’un arrêt cardiaque, mais maintenus sous assistance ventilatoire. Et observer les signaux d’électrocardiogramme et d’électroencéphalographie (EEG) avant et après le retrait de l’assistance, synonyme de mort cérébrale.

Ils ont étudié les dossiers de quatre personnes. Quand elles ont été débranchées de leurs respirateurs artificiels, deux d’entre elles (une femme de 24 ans et une autre de 77 ans) ont vu leur rythme cardiaque s’accélérer, et leur activité cérébrale a aussi montré un pic d’ondes gamma, à un niveau de fréquence associé habituellement… à la conscience.

En plus de confirmer cette stimulation, déjà observée chez des animaux, ces chercheurs ont surtout identifié la partie du cerveau la plus stimulée, le carrefour temporo-pariéto-occipital , une zone auparavant associée, entre autres, à la mémorisation des rêves. 

"Un schéma similaire a été observé sur cerveau sain pendant l’éveil et le rêve, chez des patients en proie à des hallucinations visuelles ou des expériences de hors-corps", décrit l’étude.

Jimo Borjigin indique, à l’appui de ces résultats obtenus après avoir observé une zone postérieure du cerveau associée à la conscience : Si cette partie du cerveau est stimulée, cela signifie que le patient voit quelque chose, peut entendre quelque chose et peut potentiellement ressentir des sensations extérieures à son corps.

Elle précise que cette zone précise était "en  feu ! ".

Dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), qui a publié ce lundi leurs travaux, les scientifiques tracent toutefois des limites à leur étude : ils concèdent d’abord ne pas vraiment savoir pourquoi ces signes n’ont pas été observés chez les deux autres patients, des antécédents de convulsions pourraient avoir eu un impact, selon eux.

George Mashour explique dans un communiqué : 

"La façon dont une expérience vivante peut émerger d’un cerveau dysfonctionnel pendant le processus de la mort est un paradoxe neuroscientifique. Le Dr Borjigin a mené une étude importante qui aide à faire la lumière sur les mécanismes neurophysiologiques sous-jacents".

Les prémices d’une conscience "secrète" encore incomprise

En raison de la petite taille de l’échantillon, les auteurs mettent en garde contre toute déclaration globale sur les implications des résultats. Ils notent également qu’il est impossible de savoir dans cette étude ce que les patients ont vécu (car ils n’ont pas survécu pour en témoigner).

Des études plus importantes, incluant des patients en soins intensifs surveillés par EEG qui survivent à un arrêt cardiaque, pourraient fournir des données indispensables pour déterminer si ces sursauts d’activité gamma sont la preuve d’une conscience cachée, même à l’approche de la mort.

Bien que les mécanismes et la signification physiologique de ces découvertes restent à explorer, ces données démontrent que le cerveau mourant peut encore être actif. Elles suggèrent également la nécessité de réévaluer le rôle du cerveau lors d’un arrêt cardiaque.

Cette étude jette alors les bases d’une recherche plus approfondie sur la conscience secrète lors d’un arrêt cardiaque, qui pourrait servir de système modèle pour explorer les mécanismes de la conscience humaine.




Pamela Newton pour DayNewsWorld