VERS L'URGENCE DE LA PROTECTION

 DE LA HAUTE MER

Les océans sont l’un des principaux réservoirs de la biodiversité dans le monde, ce sont des puits de carbone essentiels à la régulation du climat et donc indispensables dans notre lutte contre le dérèglement climatique. Ils constituent plus de 90 % de l’espace habitable sur la planète et abritent quelques 250 000 espèces connues ainsi que de nombreuses espèces encore inconnues.

Quelques mois après l’adoption d’un accord lors de la COP15 biodiversité visant à protéger 30 % des terres et 30 % des mers d’ici à 2030, l’adoption d’un traité sur la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine en haute-mer est une étape clé pour protéger l’océan et sa biodiversité et permettre un juste partage de ses ressources.

Un accord historique après des années de pourparlers

Ce premier traité international de protection de la haute mer a été adopté le 4 mars par les pays membres des Nations unies. Une entente qualifiée d’historique, au moment où la santé des océans est menacée par le réchauffement planétaire, la pollution plastique, la surpêche et l’exploration minière des fonds marins.

Le nouvel accord est intervenu après plus de 15 ans de discussions, dont 4 années de négociations formelles entre les États membres de l’ONU. Il doit cependant être entériné par les quelque 190 pays membres avant d’entrer en vigueur.

Ce traité a vocation à élaborer un instrument international juridiquement contraignant afin de renforcer la gouvernance de la haute mer et d’établir les outils nécessaires à une protection effective de l’océan et à une utilisation durable de ses ressource

La haute me , ce sont les eaux internationales, qui commencent à la limite des zones économiques exclusives des États, soit à 370 km des côtes. La haute mer représente plus de 60 % des océans. Surtout, elle constitue près de la moitié (45 %) de la surface de la Terre.

Environ 1 % des eaux internationales sont actuellement l’objet de mesures de protection. Avec cette nouvelle entente, des aires marines protégées pourraient être créées en haute mer. Le nouveau cadre mondial pour la biodiversité, adopté à Montréal en décembre dernier, prévoit de protéger 30 % des océans.

Des éponges climatiques

Depuis le début de la révolution industrielle, vers 1750, les océans ont absorbé environ le quart des émissions de CO2 relâché dans l’atmosphère. Ils ont aussi absorbé presque tout l’excès de chaleur occasionné par la hausse des gaz à effet de serre, soit 93 % au cours des 40 dernières années. Sans les océans, les effets du réchauffement planétaire seraient encore plus importants. Mais en jouant ainsi le rôle d’éponge climatique, les océans s’acidifient et se réchauffent, ce qui modifie profondément certains écosystèmes marins.

Selon l’ONU, environ 90 % des populations d’espèces de poissons exploitées commercialement sont épuisées ou en voie d’épuisement.

Un eldorado minier au fond du Pacifique

Si les réserves terrestres de nickel sont estimées à 230 millions de tonnes métriques, celles situées au fond des océans sont évaluées à 306 millions de tonnes métriques. Or, la demande pour ce minerai est à la hausse, notamment pour assurer la production de voitures électriques. C’est le cas aussi pour le cobalt et les terres rares, dont les réserves sous-marines sont très largement supérieures à celles qu’on retrouve sur terre.

Appelée la zone de Clarion-Clipperton, cette fracture géologique longue d’environ 7200 km possède une superficie de 4,5 millions de mètres carrés, soit presque trois fois la superficie du Québec. À une profondeur de 4000 à 5000 mètres, on y retrouve des quantités importantes de cobalt, de terres rares, de nickel et de manganèse. Plusieurs permis d’exploration minière ont été délivrés par l’Autorité internationale des fonds marins ces dernières années.

Des zones presque inconnues

Plusieurs scientifiques et groupes environnementaux appellent à la prudence quant à l’exploration minière des fonds marins. Ils invoquent notamment le peu de connaissances de ces zones, plus difficiles à explorer que les milieux terrestres. Dans ces circonstances, les impacts des activités minières, par exemple, pourraient être sous-estimés, faute d’information.

L’un des éléments les plus importants du nouvel accord, c’est qu’il prévoit l’obligation de réaliser des études d’impact sur l’environnement pour des activités envisagées en haute mer, dans des zones qui échappent aux juridictions nationales.




Britney Delsey pour DayNewsWorld