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L’AGRESSEUR D'YVAN COLONNA EST UN DJIHADISTE

Le détenu qui s’est sauvagement attaqué à Yvan Colonna mercredi soutient que ce dernier aurait « mal parlé du Prophète ». En Corse, la tension est palpable.

« Un blasphème », c’est le motif avancé par Franck Elong Abé lors de sa garde à vue pour expliquer la très violente agression d’Yvan Colonna mercredi matin dans la salle de sport de la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône).

Selon le djihadiste, condamné à neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste, Yvan Colonna aurait « mal parlé du Prophète ». 

L’agression, extrêmement violente, a été filmée par les caméras de surveillance et, selon un proche de l’enquête, aucun mot ne semble pourtant avoir été échangé entre les deux hommes. Franck Elong Abé se serait jeté sur Yvan Colonna, qui faisait des pompes, sans aucune raison apparente, à peine la porte refermée derrière lui par les surveillants. Selon les déclarations de l’agresseur, Colonna aurait insulté Dieu auparavant.

L’enquête devra vérifier la version avancée par le djihadiste. Ce qui est sûr, c’est que les deux hommes se connaissaient, puisqu’ils étaient tous deux affectés à la même aile de la prison, et qu’ils se côtoyaient lors d’activités comme la musculation.

Interrogations et accusations

Le militant indépendantiste, condamné à perpétuité pour l’assassinat du préfet Érignac, se trouvait toujours jeudi au soir dans un coma post-anoxique, dans un état stable mais critique à l’hôpital Nord de Marseille. Son avocat, M e Patrice Spinosi, a tenu à préciser qu’il ne se trouvait pas en état de mort cérébrale contrairement à ce qui avait été annoncé précédemment.

Au vu du profil de l'agresseur, le Parquet national antiterroriste s’est saisi de l’enquête. La garde à vue du djihadiste de 36 ans se poursuit donc pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».

Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a assuré que tout serait mis en œuvre pour que « la vérité soit faite », mais ces déclarations n’ont pas convaincu en Corse, où interrogations et accusations se font de plus en plus nombreuses. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des tags sont apparus sur les murs du palais de justice de Bastia. On pouvait lire « statu francese assassinu » et « gloria a te Yvan » (« État français assassin » et « gloire à toi Yvan »). À la prison de Borgo, près de Bastia, les détenus ont entamé une grève des plateaux et accroché des drapeaux corses au grillage.

Dans le centre de l’île, les étudiants ont bloqué la faculté de Corte. Une grande assemblée générale a réuni syndicats étudiants et partis politiques nationalistes jeudi après-midi. Il a été décidé d’organiser dimanche une grande manifestation régionale à Corte à 14 h 30.

Des rassemblements de soutien ont eu lieu dans plusieurs villes dès mercredi soir, dans le calme, mais les autorités craignent des violences et redoutent des représailles envers la communauté musulmane. Des renforts ont d’ailleurs été envoyés sur l’île.




Carl Delsey pour DayNewsWorld