BREXIT BRAS DE FER ENTRE LES VINGT-SEPT

ET LE ROYAUME-UNIS

Sorti vendredi soir de l’UE, le Royaume-Uni doit désormais redéfinir les modalités de sa relation avec les Vingt-Sept et se mettre d’accord avec le bloc européen sur la nouvelle architecture de leur relation, en particulier commerciale .Le chef du gouvernement britannique, Boris Johnson, a présenté sa vision, expliquant que son pays allait «quitter sa chrysalide» européenne et prendre son envol vers le reste du monde.

S'affranchir des règles européennes

Le premier ministre britannique a certes affirmé lundi 3 février dans son discours de trente minutes que son pays ne ferait aucune « concurrence déloyale » à l’UE après le Brexit

« Nous ne ferons aucune concurrence déloyale, qu’elle soit commerciale, économique ou environnementale », a déclaré le dirigeant conservateur, s’engageant à ne pas revoir à la baisse les normes européennes.

Mais dans le même temps, Boris Johnson a signifié aux Européens son intention inflexible de s’affranchir des règles de l’Union européenne après le Brexit rejetant tout alignement sur les règles européennes comme prix d’un accord de libre-échange avec Bruxelles : « Allons-nous insister pour que l’UE fasse tout comme nous comme prix du libre-échange ? Bien sûr que non. »

« Je ne vois aucun besoin de nous contraindre par un accord avec l’UE. Nous allons restaurer notre pleine souveraineté sur nos frontières, l’immigration, la souveraineté sur nos frontières, l’immigration, la concurrence, les règles encadrant les subventions, les approvisionnements, la protection des données. »

Il a aussi estimé que la coopération avec les Européens en matière de défense et de politique étrangère ne nécessiterait « pas nécessairement un traité ».

Boris Johnson a également présenté ce lundi 3 février 2020 sa vision de la place du Royaume-Uni dans le monde. Le Royaume-Uni cherche de nouveaux partenaires, du côté de son allié historique américain mais aussi en Asie-Pacifique. Le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a ainsi annoncé dimanche qu’il se rendrait la semaine prochaine au Japon et en Australie pour négocier des accords commerciaux et explorer les opportunités « à l’international ». De son côté, le président américain Donald Trump fait miroiter depuis plusieurs mois un accord commercial bilatéral « magnifique » à son allié historique. Son chef de la diplomatie Mike Pompeo, en visite au Royaume-Uni jeudi, a insisté auprès de Londres sur les « énormes bénéfices » de leur rapprochement post-Brexit.

Les propositions de Bruxelles

De son côté, l’UE a justement mis en garde Londres lundi contre toute tentation de concurrence déloyale, et s’est dite prête à négocier « un accord commercial très ambitieux ». Cet accord visera notamment à éliminer tous les droits de douane et tous les quotas sur les biens échangés avec le continent, une proposition jamais vue de la part de l’UE avec ses partenaires, a précisé le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier. Il a également prévenu que l’UE n’accepterait pas de voir émerger une économie dérégulée à sa porte qui profiterait d’« avantages concurrentiels déloyaux ».

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a toutefois prévenu que le niveau d’accès du Royaume-Uni au marché unique européen dépendrait de son niveau d’alignement sur les règles communautaires.

« Plus le Royaume-Uni veut être proche [des règles], plus l’accès au marché unique sera facile, mais rien n’est gratuit (…), je pense que c’est une question d’équité de respecter les règles », a-t-elle souligné, rappelant que la déclaration politique, qui accompagne le traité de retrait, a été signée par Boris Johnson. Si les Britanniques veulent un accord douanier avantageux ouvrant le marché européen à ses produits, ils ne pourront donc pas s’affranchir totalement des normes communautaires et créer ainsi un concurrent dérégulé et déloyal aux portes de l’Union.

Les ambitions de Boris Johnson diffèrent grandement de celles de la Commission européenne.

Neuf tables rondes de négociations auront lieu d’ici octobre «pour faire le maximum» d’ici la fin de la période de transition, prévue pour l’heure fin décembre 2020

Des propos des deux côtés qui laissent entrevoir un bras de fer intense sur leur future relation commerciale...Le Royaume-Uni compte bien défendre chèrement ses intérêts dans ses futures négociations commerciales.

Abby Shelcore pour DayNewsWorld