DISCOURS SUR L'ETAT DE L'UNION OU

LE COME-BACK DE L'AMERIQUE

A la veille de l' acquittement annoncé à son procès en destitution devant le Sénat, le président américain a tenu un discours plein d'optimisme, mardi soir, face à un Congrès plus divisé que jamais.

Le président américain s'est d'abord félicité de son bilan économique, alors que les parlementaires républicains ponctuaient d'applaudissements chacune de ses phrases et se levaient régulièrement, criant même « Four more years ! » (« quatre ans de plus ! »).

Une économie « plus forte que jamais »

« Le marché de l’emploi est en plein boum, la confiance monte, la pauvreté s’effondre et notre pays prospère », a commencé Donald Trump, jugeant qu’il avait obtenu des « résultats extraordinaires ». Citant tour à tour les chiffres du chômage – à des niveaux historiquement bas à 3,5 % – et les « records de Wall Street », le président américain a insisté : « J’ai tenu mes promesses. »

Donald Trump s'est ainsi attribué la paternité des 7 millions d'emplois créés par l'économie américaine depuis sa prise de fonctions.

Opération séduction des minorités

A plusieurs reprises, Donald Trump a également mentionné que la santé de l’économie bénéficiait aux minorités, avec « un chômage au plus bas pour les Afro-Américains, les hispaniques et les Asiatiques ». Après avoir diffusé une publicité sur ce thème au Super Bowl, il a encore mis en avant sa réforme de la justice pénale, qui « offre une seconde chance à de nombreux anciens détenus ». Et sur la dizaine de personnes invitées par la Maison Blanche à son discours, six étaient afro-américaines ou hispaniques. Les élus ont notamment réservé une standing-ovation à une petite fille qui a décroché une bourse éducative et obtenu le droit de changer d’école – une réforme demandée par Donald Trump au Congrès.

Le locataire de la Maison Blanche qui n' a eu de cesse de vanter « le come-back » des Etats-Unis, avec une économie « plus forte que jamais », a assuré que le « meilleur était à venir » pour les Américains. Miser sur l’économie est d'ailleurs le meilleur atout de Donald Trump , un président sortant, de Ronald Reagan à Bill Clinton, ayant presque toujours été réélu en période de croissance.

Des gages à sa base

Pour le reste, Donald Trump a surtout donné des gages à sa base . C'est ainsi qu'il a abordé les sujets del ' assurance-santé comme ceux de l'immigration ou de l’avortement.

Donald Trump a ainsi accusé les démocrates de vouloir en finir avec le système d'assurance-santé actuel. Etaient directement visés Bernie Sanders et Elizabeth Warren, qui prônent une réforme éliminant les assurances santé privées au profit d’une offre publique. « Ils veulent imposer un contrôle socialiste de notre système de santé et détruire l’assurance privée de 180 millions d’Américains », a taclé Donald Trump. Le débat fait rage dans la primaire démocrate entre les progressistes qui veulent supprimer le système actuel et les modérés, comme Joe Biden ou Pete Buttigieg, qui préfèrent proposer une option publique. Avant d'assurer : « Nous ne laisserons jamais le socialisme détruire les soins de santé américains. » Et d'affirmer que le pays est en train d'inverser la tendance en ce qui concerne les morts par overdose, notamment dans la crise des opioïdes . Il a aussi appelé le Congrès à faire passer une loi faisant baisser le prix des médicaments.

Sur le sujet de l'immigration, il a aussi accusé les « villes-sanctuaires », dirigées par des démocrates, de protéger des criminels en situation irrégulière et appelé le Congrès à voter une loi en faveur des « victimes des villes sanctuaires »., citant l'exemple d'un homme abattu par un immigré en situation irrégulière. Il a promis d'instaurer un système d'immigration basé sur le mérite, « accueillant ceux qui suivent les règles, contribuent à notre économie, sont autonomes financièrement et défendent nos valeurs. »

Mise en scène de plusieurs Américains anonymes

Comme le veut la tradition, Donald Trump a mis en avant, au cours de son discours, plusieurs Américains anonymes. Ainsi d'un ancien combattant, devenu SDF et victime d'addictions, qui s'en est sorti en étant employé par une entreprise située en « zone d'opportunités », un programme créé par la Maison Blanche. De l’animateur radio conservateur Rush Limbaugh, qui souffre d’un cancer, médaillé par Melania Trump. Donald Trump a réservé une surprise à une famille, avec le retour du front du père, militaire. Enfin, l’opposant vénézuelien Juan Guaido, invité d’honneur, a été applaudi à la fois par les républicains et les démocrates.…

L'événement annuel a cependant été boycotté par plusieurs parlementaires démocrates et ponctué par de gestes peu grâcieux:mardi, le président américain n'a pas serré la main de Nancy Pelosi, qui a répliqué en déchirant le texte du discours...

Joanne Courbet pour DayNewsWorld