LEGISLATIVES

LE MODE DE SCRUTIN  CRITIQUE

Le scrutin uninominal à deux tours et le fort risque d’abstention invisibilisent les petites formations. Il les oblige à nouer des alliances pour augmenter leurs chances.

L’élection des 577 députés à l’Assemblée nationale se fait au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Le vote se fait par circonscription, chacune correspondant à un siège. Le siège est obtenu par le candidat qui décroche le plus de voix. L’objectif est d’obtenir la majorité absolue des sièges, soit 289 députés.

Depuis 2002, les élections législatives suivent les élections présidentielles. Et généralement, les électeurs donnent au président nouvellement élu une majorité à l’Assemblée nationale.

Pour être élu au premier tour, le candidat doit avoir obtenu la majorité absolue (50 % des voix plus une, représentant au moins 25 % des inscrits). Sinon, un second tour est organisé et c’est alors le candidat qui a obtenu le plus de voix (la majorité relative) qui l’emporte. Mais seuls les candidats qui ont obtenu 12,5 % des voix du nombre d’électeurs inscrits peuvent participer au second tour.

Les avantages

Ce mode de scrutin offre le bénéfice de dégager des majorités claires à travers des candidats ayant obtenu une majorité (absolue ou relative) de voix. Quitte à les surreprésenter. ll a généralement la vertu de donner à l’exécutif de solides bases pour gouverner. C’est d’ailleurs pour en finir avec l’instabilité politique de la IVe République que le Général de Gaulle avait rétablie, en 1958, le scrutin majoritaire pour l’élection des députés.

Les inconvénients

Ce scrutin élimine, à l’inverse, les autres candidats, qu’ils aient obtenu 5 % ou 40 % des voix. C’est en cela qu’on lui reproche de pénaliser les plus petites formations, implantées sur le territoire mais bénéficiant d’un nombre insuffisant d’électeurs pour l’emporter. Ces règles du jeu électoral ne permettent donc pas à toutes les sensibilités politiques de se faire entendre.

Il y a cinq ans, le Rassemblement national, peu implanté et sans allié, n’avait obtenu que six députés et deux apparentés malgré ses 13,2 % des voix au premier tour des législatives. L’abstention, qui atteint des records, pèse aussi très lourdement sur le scrutin.

Pour se qualifier au second tour, il faut obtenir 12,5 % des voix du nombre d’inscrits. Mais avec une abstention à 50 %, cela revient à devoir emporter 25 % des suffrages exprimés dès le premier tour. Et avec une abstention à près de 58 % comme en 2017 ? 29 %.

Les conséquences

Le scrutin et le niveau de l’abstention obligent à nouer des alliances dès le premier tour pour augmenter ses chances. C’est ce à quoi s’attellent activement actuellement les différentes formations politiques.

Des réformes avortées

Les plus petits partis réclament de longue date un changement de mode de scrutin aux législatives. Et le débat est réactivé cette année, comme ce fut déjà le cas en 2017.

Emmanuel Macron avait alors promis d’intégrer une dose (15 %) de proportionnelle dans le scrutin législatif, « pour refléter le pluralisme de notre vie politique ». Texte finalement enterré.

L’élection concerne les 577 députés à l’Assemblée nationale.




Jaimie Potts pour DayNewsWorld