AUX REGIONALES LA REPUBLIQUE EN MARCHE

PREND UNE CLAQUE

C’est un premier tour qui ne ressemble pas vraiment à ce que prévoyaient les sondages. Plus de 66 % d’abstention, soit deux Français sur trois qui boudent les urnes ! C’est 17 points de plus qu’à la précédente édition en 2015.

Dans un contexte d’abstention « abyssale », les candidats de la majorité LREM ne vont pas être en mesure de peser sur le second tour.

La République en Marche « KO debout »

Eliminées dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie, à peine à plus de 10% dans les autres régions: les listes de La République en marche et de ses alliés ont connu une sévère déroute, dimanche soir, ôtant à la macronie toute possibilité d'être faiseur de roi. LREM se voulait modeste, espérant recueillir 15% des voix, peut-être même davantage dans certaines régions, comme certains sondages optimistes le prédisaient. Las: le parti présidentiel n'a convaincu qu'environ 10 des électeurs. . Ses candidats enregistrent des scores tellement décevants, parfois sous les 10 %, qu'ils ne permettent même pas de se maintenir et de jouer un rôle au second tour.

Pire : il est éliminé du second tour en Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et surtout dans les Hauts-de-France, où le ministre Laurent Pietraszewski est annoncé entre 7,3% (Harris Interactive) et 9,1% (Ifop), malgré la présence de quatre autres membres du gouvernement sur sa liste - Agnès Pannier-Runacher, Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin et Alain Griset.Malgré ses cinq ministres, elle enregistre un échec cuisant. Autre désillusion : le MoDem Marc Fesneau, le meilleur espoir macroniste pour décrocher une région, termine quatrième du premier tour. En Bretagne, la bataille des héritiers de Le Drian tourne au profit du socialiste plutôt que du « marcheur ».

Les présidents de région sortants arrivés en tête

Malgré l’abstention, les présidents sortants peuvent avoir le sourire. Les deux grands partis traditionnels bénéficient à plein de la « prime aux sortants », qui ont été à la manœuvre lors de la crise sanitaire. Cela permet à la droite d'espérer pouvoir conserver ses sept régions et la gauche ses cinq en France métropolitaine.A droite, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Jean Rottner ou encore Hervé Morin sont désormais bien placés pour être réélus. Tout comme à gauche, Carole Delga en Occitanie ou Alain Rousset en Nouvelle Aquitaine. En Bretagne, alors qu’on le donnait au coude à coude avec LREM, le socialiste Loïg Chesnais-Girard vire en tête et pourrait repartir pour un second mandat (surtout en cas d’accordavec EELV). Au sein de la gauche, les écolos tirent leur épingle du jeu quand il n’y avait pas de sortant PS : c’est le cas en Ile-de-France où Julien Bayou gagne la petite primaire avec Audrey Pulvar et Clémentine Autain.

Bertrand bien placé pour 2022 ?

Avec plus de 41 % des voix au premier tour, Xavier Bertrand peut savourer sa victoire et devient incontournable à droite pour la présidentielle de 2022. Il est incontestablement l’un des grands gagnants de la soirée. Xavier Bertrand, rival déclaré pour la présidentielle, sort renforcé, avec en prime la preuve qu’il peut seul, sans le renfort des macronistes, battre le RN.

Gérald Darmanin refuse toutefois de voir un avertissement pour la présidentielle de 2022 dans les résultats médiocres du parti présidentiel aux régionales. « Je considère que les Français répondent à la question qu'on leur pose : 'qui voulez-vous comme président de région ? Ils ont répondu. Ne tirons pas de conclusions hâtives sur l'élection présidentielle. (...) Quand ils voteront pour le président de la République, ils choisiront le président de la République », a commenté Gérald Darmanin.

Le RN en retrait  ?

Les enquêtes d’opinion promettaient au Rassemblement national (RN) d’arriver en tête dans 6 des 13 régions métropolitaines alors qu'il ne parvient que dans une seule, en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Il était annoncé haut dans les sondages.. Alors qu’il avait viré en tête dans six régions en 2015, il n’a remporté ce premier tour que dans une région : Provence-Alpes-Côte d’Azur. Thierry Mariani, transfuge de la droite, vire bien devant mais n’y creuse pas autant l’écart qu’annoncé ; le second tour s’annonce serré. Dans les Hauts-de-France, où Marine Le Pen avait recueilli 40,6 % aux dernières régionales, Sébastien Chenu tombe aux alentours de 24 %. L’abstention n’a pas du tout réussi au parti de Marine Le Pen qui connaît de nombreuses déconvenues . Reconnaissant que ses électeurs ne s'étaient « pas déplacés », Marine Le Pen a appelé « au sursaut » pour le second tour.

Comment expliquer ces échecs ? Tiennent-ils à l’abstention qui aurait plus touché l’électorat du Rassemblement national (ce qui n’était pas forcément le cas jusqu’ici) ? Au choix des candidats ? A la stratégie de « banalisation » voulue par Marine Le Pen ? Pour celle qui se lance dans sa troisième candidature à la présidentielle, c’est en tout cas une alerte à ne pas négliger .

Renversement de situation

Les candidats de la majorité ne franchissent la barre des 10 % – seuil minimal pour se maintenir ne franchissent la barre des 10 % – que dans 8 régions. Droite et gauche, pendant ce temps-là, maintiennent leurs positions. A part en PACA, l’ensemble des présidents de région sortants sont arrivés en tête.

Le match serré annoncé avec le RN n’a pas eu lieu, le candidat déclaré à la présidentielle Xavier Bertrand peut déjà asseoir son image d’homme capable de battre le RN, « mon seul et unique ennemi », a-t-il déclaré. Il inverse le rapport de force avec le parti de Marine Le Pen par rapport à 2015

C’est un premier tour qui ne ressemble pas vraiment à ce que prévoyaient les sondages.

Les résultats des Régionales 2021 du premier tour bousculent les stratégies présidentielles de Macron et de Le Pen. D'ici là, les négociations d'alliances, fusions ou retraits vont alimenter la chronique jusqu'au dépôt des listes mardi à 18H00, notamment en Paca, région où le RN est le mieux placé.

« L’abstention à 66% des Français confirme désormais une forme de fatigue démocratique, comme si une partie grandissante des citoyens, désabusés par la politique ou les politiques, ne jugeait plus utile de voter. ».

Si la claque se confirmait au second tour pour la majorité, la question d'un remaniement gouvernemental pourrait être posée, alors qu'Emmanuel Macron doit exposer début juillet la feuille de route pour la fin de son quinquennat, qu'il souhaite « utile »

« Râler c’est bien, mais voter c’est mieux », a tenté de mobiliser Jordan Bardella à la télévision, reprenant le mot d’ordre des candidats RN, de Mariani à Odoul en passant par Chenu, pour tenter de mobiliser leurs troupes pour le second tour.




Joanne Courbet pour DayNewsWorld