NICOLAS SARKOZY IMPITOYABLE SUR LE REGNE D'EMMANUEL MACRON

Voilà six ans que Nicolas Sarkozy n'occupe plus de fonction politique au niveau national. Rare dans les médias, l'ancien chef de l'Etat est sorti du silence pour accorder une longue interview au Journal du Dimanche.

Nicolas Sarkozy a soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle de 2022 et il ne le regrette pas. « Dans l’intérêt de la France, la meilleure décision possible était donc d’aider le président Macron ». « La politique n’est jamais un choix de valeur absolue, toujours un choix de valeur relative. » Lors de cette présidentielle, la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, a réalisé un score extrêmement bas au premier tour. « Pour pouvoir choisir un candidat au second tour, encore fallait-il qu’il y soit qualifié. Ou qu’il ait une chance crédible de l’être », assène l'ancien président de la République. Il rappelle que François Fillon a fait 20 % en 2017, Valérie Pécresse 4,7 % en 2022.

« J'aimerais parfois qu'il franchisse le Rubicon »

Il ne donne pas pour autant un blanc-seing à l'actuel président : « Est-ce à dire que je suis d’accord avec tout, ou satisfait de tout ? C’est une autre histoire ». Et il estime qu'Emmanuel Macron peut parfois avoir la tentation de « s'arrêter au milieu du gué. Ce sont les inconvénients du 'en même temps' », tacle Nicolas Sarkozy. Quitte même à donner un conseil à l'actuel chef de l'Etat : « J’aimerais parfois qu’il franchisse le Rubicon de façon plus franche, car la France est aujourd’hui majoritairement du côté du parti de l’autorité, de la fermeté, de la liberté. Appelez cela centre droit, centre, droite républicaine, peu importe : l’axe stratégique du pays se trouve clairement là ».

Le recours à l'article 49.3 un aveu de faiblesse

Nicolas Sarkozy rappelle qu'il n'a jamais eu besoin d'utiliser cet article pour faire adopter un texte sans le vote des députés. Il comprend qu'Emmanuel Macron l'utilise, étant donné qu'il n'a pas de majorité absolue, mais il prévient que le chef de l'Etat ne pourra pas le faire indéfiniment. Il appelle Emmanuel Macron à « faire un accord politique en bonne et due forme avec toutes les bonnes volontés prêtes à constituer une majorité dans l’intérêt supérieur du pays ».

Ainsi de la réforme des retraites

L'ancien président rappelle d'abord que sa réforme des retraites qui a fait reculer l'âge de départ de 60 à 62 ans « rapporte chaque année 20 milliards d'euros bien utiles pour payer les pensions des retraités ». Il estime qu'un nouveau recul de l'âge de départ est la seule solution pour garantir le régime de retraite de la France sinon « le régime vieillesse ira à la faillite ». 63, 64 ou 65 ans, il ne précise pas son choix. Il estime néanmoins qu'il faudrait reculer tout de suite l'âge de départ à 63 ans.

Le meurtre de Lola, « un drame absolu »

« J’ai appris avec effarement ce qui était arrivé à Lola. J’ai, comme tout père d’une petite fille du même âge, pensé que cela aurait pu lui arriver », affirme Nicolas Sarkozy dans le JDD. « Les fous, les barbares, hommes ou femmes, cela a toujours existé. J’aimerais qu’on ne mélange pas tout », continue l'ex-chef de l'État. Il se montre virulent vis-à-vis de la polémique politique autour de cette affaire. « L’exploitation politique est toujours aussi stupide et contre-productive ».

« La non-exécution des décisions de quitter le territoire n’est pas la question. J’aurais été tout autant bouleversé si cet acte ignoble avait été commis par un Français », appuie l'ancien locataire de l'Élysée. Pour lui, « la mort de Lola, quel que soit le criminel, est un drame absolu. Mais je veux ajouter que si Lola était toujours en vie, je serais quand même scandalisé par la non-exécution des reconduites à la frontière », tient-il à ajouter.

« À mon époque, les OQTF n'étaient pas à 6% d'exécution »

Dans l'affaire du meurtre de Lola, la principale suspecte était concernée par une Obligation de quitter le territoire. « Cela fait longtemps qu’on aurait dû se préoccuper de la non-exécution des reconduites à la frontière », expose Nicolas Sarkozy, revenant sur son passage à l'Élysée. « J’avais changé la législation. J’ai été littéralement insulté pendant les cinq années de mon mandat par tous les 'droits de l’hommistes' parce que nous allions jusqu'à organiser des charters de reconduite dans les pays d’origine. »

Avant de pointer du doigt le bilan de « successeur immédiat »" sous-entendu François Hollande. « À mon époque, les OQTF n’étaient pas à 6% d’exécution, même s’il y avait des progrès à faire. Tout l’arsenal législatif pour lutter contre l’immigration irrégulière que nous avions mis en place a été systématiquement démantelé par mon successeur immédiat. Gérald Darmanin a raison de réclamer davantage de fermeté », assure Nicolas Sarkozy.

La crise de l'énergie : le résultat d'un « choix stratégique irresponsable »

Parmi les sujets évoqués avec nos confrères du JDD, Nicolas Sarkozy s'est exprimé sur la crise énergétique que traverse la France. Si le pays est menacé par des coupures d'électricité cet hiver, pour l'ex-locataire de l'Élysée, ce risque « est le résultat d’un choix stratégique irresponsable, en rupture complète avec l’histoire de la Ve République. Tous les présidents, y compris François Mitterrand (...) ont soutenu le nucléaire. Jusqu’à François Hollande qui, pour séduire les écologistes, a pris le risque insensé de suspendre l’avenir de filière nucléaire française », fustige Nicolas Sarkozy.

La guerre en Ukraine : il faut « hélas » s'en inquiéter

L'ancien chef de l'État aborde également la guerre en Ukraine, et pour lui, il faut « hélas ! » s'inquiéter. « J’aimerais qu’un jour, quelqu’un m’explique ce que veut dire 'faire la guerre sans la faire' », lance-t-il. « S’il y a une notion qui devrait exiger de la clarté, c’est celle de la guerre et de la paix. Soit on fait la guerre, soit on fait la paix. Allier les deux n’a pas grand sens. En tout cas, quand on les utilise en même temps », expose Nicolas Sarkozy.

L'ancien chef de l'Etat estime qu'Emmanuel Macron a raison de garder le contact avec Vladimir Poutine et que la France a un rôle primordial à jouer. « L’Europe et la Russie sont condamnés à entretenir des relations de paix et de bon voisinage. Si nous avons réussi la réconciliation franco-allemande, nous serons capables de réconcilier l’Europe et la ­Russie. C’est à la France de prendre le leadership dans cette crise ».

Son procès dans l'affaire des écoutes téléphoniques

Nicolas Sarkozy sera jugé en appel dans l'affaire dite des écoutes téléphoniques à la fin de l'année.

 Il rappelle que tous ses comptes ont été scrutés dans le détail depuis dix ans - y compris la succession de sa mère - mais il entend bien « prouver que je n’ai jamais trahi la confiance des Français ».




Garett Skyport pour DayNewsWorld