MORT DU DICTATEUR TUNISIEN BEN ALI

Le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, 83 ans, à la tête de la Tunisie de 1987 à 2011, est décédé jeudi 19 septembre 2019 en Arabie Saoudite, où il vivait en exil depuis la révolution de 2011, a indiqué le ministère tunisien des Affaires étrangères. « Nous avons eu la confirmation de sa mort il y a 30 minutes », a ajouté le ministère, sans plus de détails.

Une semaine avant sa mort, il avait été admis à l'hôpital, à Djeddah (Arabie saoudite). Sa famille a annoncé que son corps doit être transporté vendredi à La Mecque, où son enterrement aura lieu.

Plus de deux décennies d'un pouvoir répressif

Il avait succédé au père de l'indépendance, Habib Bourguiba, en 1987 « par un coup médical » pour passer vingt-trois ans au pouvoir, sans partage, avant d'être balayé en janvier 2011 par la Révolution de jasmin. Il avait fui, le 14 janvier 2011, dans des conditions rocambolesques, vers Jeddah, en Arabie saoudite, où il vivait depuis en exil avec sa famille

Au début des années 1990, le leader de Carthage annonce avoir découvert l'existence d'un « complot islamiste » visant à prendre le pouvoir par la violence. Ce militaire de carrière formé en partie en France (Saint-Cyr) et aux Etats-Unis instaure alors rapidement un régime ultra-répressif. Les arrestations commencent dans les rangs d'Ennahdha. De gigantesques procès sont organisés. La torture est systématisée dans les bureaux du ministère de l'Intérieur. Avec l'appui de l'appareil policier toute contestation est étouffée, la presse et les syndicats muselés.

Durant vingt-trois ans d'un régime autoritaire il entretiendra d'excellentes relations avec les pays occidentaux qui apprécient ses résultats économiques( 10 millions de touristes, 6% de croissance) et sa lutte contre l'islamisme.

Au régime répressif instauré par le rais s'ajoute l' accaparation des richesses du pays par la famille.

Accaparation des richesses du pays par le clan

En secondes noces, le président épouse Leïla Trabelsi, une ancienne coiffeuse de vingt et un ans sa cadette. Commence alors une ère de corruption et de népotisme, la belle famille faisant main basse sur richesses du pays en toute impunité et plaçant des proches à des postes clés. Les secteurs des banques, des télécoms, du tourisme, etc. passent en partie aux mains de la belle famille, les Trabelsi, les Ben Ali, les Materi. La Banque mondiale estimera à 5 milliards d'euros le détournement, près du quart des bénéfices du secteur privé partant dans les poches des clans Ben Ali.

Si la côte de la Tunisie connaît une prospérité certaine grâce au tourisme, la situation à l'intérieur du pays se détériore le bassin minier ne bénéficiant pas des retombées économiques de ce succès. En 2008, des émeutes éclateront, violemment réprimées. C'est le début d'un engrenage qui sera fatale à Ben Ali qui , réélu en 2009 avec 90 % des suffrages, ne répond pas aux attentes de la population.

Immolation de Mohammed Bouazizi et mouvement de protestation

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, jeune étudiant de 26 ans au chômage, s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, petite ville dans le centre du pays car la police vient de lui confisquer les fruits et légumes qu’il vendait pour faire vivre les siens, au motif qu’il n’avait pas de permis. Ce qui est vécu comme une humiliation insupportable. Ce geste désespéré va entraîner le soulèvement de ses compatriotes et aboutir à la chute de Ben Ali.

Une vague de contestation déferle à travers le pays jusqu'à Tunis où le 14 janvier 2011, 50 000 personnes sont massées devant le ministère de l'Intérieur. À 17 h 40, l'avion présidentiel décolle. À son bord, le président, son épouse et leurs enfants qui partent en exil à Djeddah en Arabie Saoudite.

En 2018, à l'issue de procès par contumace pour « homicides volontaires », « abus de pouvoir » ou encore « détournements de fonds », il est condamné par contumace à de multiples peines de prison, dont plusieurs à perpétuité.

Joanne Courbet pour DayNewsWorld