FAMINE DES ENFANTS A MADAGASCAR

Un demi-million d’enfants de moins de cinq ans vont souffrir de malnutrition aiguë dans le sud de Madagascar frappé par une sécheresse exceptionnelle, ont mis en garde le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Unicef lundi 26 juillet.

Les enfants souffrant de malnutrition aiguë vont être quatre fois plus nombreux, par rapport à la précédente évaluation d’octobre 2020, préviennent ces agences de l’ONU dans un communiqué, avec des conséquences « irréversibles pour leur croissance et développement »

« Ce qui se passe actuellement dans le sud de Madagascar est déchirant, nous ne pouvons pas tourner le dos à ces enfants », a souligné Moumini Ouedraogo, représentant du PAM à Madagascar, appelant à « redoubler d’efforts » pour lever les fonds nécessaires.

Plus d'un million de Malgaches touchés

Plus de 1,14 million de Malgaches, sur une zone vaste comme la Bulgarie ou Cuba (111,200 km2), souffrent de la faim.

Quelque 14 000 Malgaches ont déjà atteint le niveau cinq, soit la phase « catastrophe, quand les gens n’ont plus rien à manger » et ce nombre pourrait doubler d’ici octobre.

La région la plus durement touchée, autour d’Ambovombe-Androy, où la malnutrition aiguë globale atteint 27 %, « risque de connaître la famine si des mesures urgentes ne sont pas prises », prévient encore le communiqué. Impossible pour autant de donner un bilan chiffré du nombre de victimes, les autorités ne communiquant pas sur le sujet.

Du cuir comme nourriture

Quand la mendicité et les déchets alimentaires ne suffisent plus, de nombreux habitants sont réduits à se nourrir de chutes de cuir données par des fabricants de sandalesUne vidéo de Gail Borgia, journaliste malgache, montrant une famille se

Une vidéo de Gail Borgia, journaliste malgache, montrant une famille se nourrissant de peau de zébu a ému la toile. « Message à notre cher et beau président : savez-vous que certains habitants mangent des semelles de sandales en cuir de zébu (oui vous avez bien lu) car ils sont en train de mourir de faim ? Ils ramassent les déchets des cordonniers et les font cuire à l’eau et au sel. Ou alors les font griller mais c’est très très dur à avaler. Je pensais avoir touché le fond mais là nous creusons encore. C’est réel et c’est en 2021. Je vais de sidérations en sidérations… », a-t-elle écrit sur Facebook.

Immédiatement ces images qui ont été diffusées dans les journaux de France24 et TV5Monde ont été contestées par l’exécutif. Le gouverneur de la région d’Androy, comme l’ancienne directrice de la communication de la Présidence, Rinah Rakotomanga, ont dénoncé une manipulation grossière écrit Madagascar-Tribune ..

Des ravages liés au réchauffement climatique

La principale cause de la famine et des problèmes alimentaires qui touchent Madagascar est liée aux conditions climatiques locales. La rareté des pluies depuis quatre ans a rendu l'agriculture presque impossible. De plus, des tempêtes de sable ont transformé de vastes étendues de terres exploitables en friches. Ces ravages, liés au réchauffement climatique selon l'ONU, engendrent la pire sécheresse depuis 40 ans, déplore Amnesty International.

« Trois années consécutives de sécheresse ont gravement mis à mal les récoltes et l’accès à la nourriture, dans un contexte aujourd’hui marqué par la pandémie de Covid-19 », souligne également l'organisation Médecins sans frontières, qui intervient dans le pays. « Des chutes drastiques de production de l'ordre de 40 à 60% par rapport à la moyenne des cinq dernières années » ont touché les cultures principales de l'île comme le riz, le maïs ou le manioc, rappelait le 30 avril l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La rareté des aliments de base sur les marchés fait aussi flamber les prix, soulignent les agences de l’ONU, rappelant qu’elles travaillent avec le gouvernement depuis l’an dernier pour faire face à cette famine

Le manque d'infrastructures en cause

Cette catastrophe humaine est aggravée par « des structures de santé faibles et un accès limité à l’eau ». Particulièrement grave cette année, le phénomène de famine n'est en effet pas nouveau à Madagascar. La Grande Ile a connu au moins 16 crises alimentaires depuis 1896. Au-delà des conditions climatiques , c'est aussi l'isolement de nombreux villages du sud du pays qui aggrave la situation. Certains hameaux sont à « un jour de marche » du centre de santé le plus proche, dénonce notamment Médecins du monde. Un grand plan de « 141 projets d'envergure » a été présenté par le président de la République, Andry Rajoelina, et comprend notamment des travaux dans les secteurs de l'agriculture et de l'accès à l'eau. Il a également annoncé sur Twitter le 21 juillet la signature de quatre accords avec la Banque mondiale. Parmi les fonds alloués à l'île, près de 170 millions d'euros sont dédiés au développement des infrastructures routières pour sortir les villages de l'enclavement.

Dans un premier temps, les populations pourront ainsi accéder plus facilement à l'aide internationale.




Simon Freeman pour DayNewsWorld