TOURNEE DE EMMANUEL MACRON EN AFRIQUE

 LA DIFFICULTE POUR LA FRANCE DE TROUVER UNE PLACE POST FRANCE-AFRIQUE

L’Elysée a beau souligner qu’il s’agit au moins du 15eme voyage en Afrique d’Emmanuel Macron depuis qu’il est président de la République, celui que le président entame ce mercredi au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et en République démocratique du Congo a un goût particulier.

Aucun pays du Sahel ne figure au programme, alors que les troupes françaises viennent de quitter le Mali et ont mis fin à leur mission au Burkina Faso après des années de lutte contre des groupes terroristes. "Ce déplacement a donc été conçu comme une illustration de la volonté du président de la République d’aller au bout du changement de posture et au bout du changement de logiciel qu’il avait souhaité engager dès 2017", explique l’Elysée.

"Répondre à une demande de partenariat" par "une approche nouvelle" en Afrique, acteur majeur des enjeux du monde : telle est l'ambition affichée par Emmanuel Macron, qui a présenté ce lundi sa vision des relations avec un continent où la France perd de l'influence au profit de puissances comme la Chine et la Russie, sur fond de guerre en Ukraine.

La fin de l'ère de la "Françafrique"

En fil rouge de sa tournée africaine figurait la volonté de tourner définitivement la page de la "Françafrique", avec ses pratiques opaques et ses réseaux d'influence hérités du colonialisme, et mettre en place un nouveau "logiciel", reposant sur "l'humilité" et des partenariats pragmatiques, de la protection de l'environnement à la santé.

"Cet âge de la Françafrique est bien révolu", a-t-il lancé jeudi depuis Libreville qui a longtemps incarné ces dérives sous la présidence d'Omar Bongo.

Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre", a-t-il martelé, alors que l'opposition gabonaise l'accusait d'apporter son soutien au président Ali Bongo Ondimba, fils et successeur d'Omar Bongo, en pleine année électorale , écartant tout risque d'ingérence et affirmant que la France était désormais un "interlocuteur neutre".

Cette prise de parole intervient alors que l'armée française a définitivement quitté samedi dernier le Burkina Faso, quelques mois seulement après avoir déjà été éjectée du Mali. Dans plusieurs pays africains, le refrain "France dégage" a été repris par les populations.

Le "made in Africa" en Angola

La France est présente de longue date dans le secteur pétrolier en Angola, mais la visite d'Emmanuel Macron est l'occasion d'explorer des collaborations dans d'autres secteurs, avec notamment des accords conclus pour renforcer la "résilience climatique" de l'agriculture angolaise ou accompagner sa filière café. En effet, l’Angola souhaite diversifier son économie, aujourd’hui totalement dépendante du secteur pétrolier et surtout garantir sa sécurité alimentaire dans un pays qui importe beaucoup. La France s’est donc engagée dans le secteur agricole avec notamment une aide de l’Agence française au développement (AFD) de 200 millions d’euros pour un programme de résilience climatique..

"Ça correspond à l'idée que je me fais du partenariat économique entre le continent africain et la France", a expliqué le chef d'État français devant une centaine de participants. À savoir "répondre aux défis de l'Angola avec les acteurs qui sont les nôtres, les solutions qui sont les nôtres, plutôt que de venir plaquer des solutions toutes faites, et le faire en défendant nos intérêts de part et d'autre de manière respectueuse mais déterminée"

C'est une "stratégie de souveraineté alimentaire à laquelle nous croyons pour le continent africain", consistant à "bâtir des partenariats équilibrés et réciproques" et à développer du "'made in Africa' qui doit devenir une référence", a-t-il dit.

La position équilibriste de Macron en RDC

Le président français Emmanuel Macron a fini par condamner le soutien du Rwanda au M23.

Chacun doit « prendre ses responsabilités, y compris le Rwanda », a-t-il déclaré. Puis plus loin : « Le pillage à ciel ouvert de la République démocratique du Congo doit cesser. Ni pillage, ni balkanisation, ni guerre », a encore martelé Emmanuel Macron. « La France a constamment condamné le M23 et tous ceux qui le soutiennent. »

À Kinshasa, le président français a surtout défendu le plan de paix régional avec le nouveau calendrier de sortie de crise, validé lors du sommet de l’Union africaine mi-février. Puis, il a évoqué la nouvelle date du cessez-le-feu du 7 mars à midi.

Si ce plan échoue, le chef de l'État a prévenu que des sanctions pourraient alors être prises contre ceux qui ont "des responsabilités".

Enfin, la France a annoncé une contribution de 34 millions d’euros à un pont aérien humanitaire qui doit être mis en place par l’Union européenne avec la ville de Goma.

La politique africaine de la France à l’épreuve du changement

Emmanuel Macron a affirmé lundi avant sa tournée africaine que la France était "au milieu du gué", que l’Afrique n’était plus son "pré carré" et qu’il voulait "bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable". Au dernier jour de sa visite en Afrique, Emmanuel Macron a prononcé des mots en forme de déclaration d’amour à l’Afrique : "C’est un immense continent d’avenir avec lequel on a une histoire plurielle, si je peux utiliser ce terme, multiple, mais qui est un continent que j’aime".

Si Emmanuel Macron a tenté de trouver les moyens de nouer une nouvelle relation tournée vers l’avenir avec les pays africains, cette ambition s’est parfois heurtée à une réalité politique dans laquelle le passé a toujours sa place.

De plus coexiste en Afrique un certain désintérêt et un certain éloignement par rapport à la France et ce qu'elle représente.




Alize Marion pour DayNewsWorld