UN PLAN SEGUR SANTE POUR SOIGNER

 L'HOPITAL PUBLIC MALADE

Après une épidémie de coronavirus qui semble refluer, le monde des soignants aura les yeux rivés ce lundi sur le lancement du « Ségur de la Santé », vaste concertation destinée à améliorer ses conditions de travail, ses rémunérations et la prise en charge des malades.

Cette grande concertation, du nom de l'avenue où se trouve le ministère de la Santé, lancée par le ministre Olivier Véran, doit aboutir " mi-juillet 2020 ".

Elle répond à la promesse d'Emmanuel Macron qui avait évoqué fin mars « un plan massif d'investissement et de revalorisation » pour l'hôpital.

Revalorisation des carrières du personnel soignant

« Le gouvernement doit se montrer à la hauteur de ce que les hospitaliers ont donné » pour faire face à la crise sanitaire du Covid-19, estime Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

« Il faut donner une reconnaissance aux infirmiers, aides-soignants, agents d'entretien, en leur offrant une rémunération plus décente, dès le début de carrière. Celle-ci doit être à la hauteur de leur utilité sociale. »

Interpellé lors d'une visite à l'hôpital, Emmanuel Macron a promis de « mettre fin » à la « paupérisation » des soignants, en engageant une hausse des rémunérations, parallèlement aux primes annoncées face à la crise du Covid-19.

Ce geste est attendu depuis des années par les syndicats, qui pointent la faiblesse des salaires hospitaliers, notamment pour les infirmiers  touchant 1 500 euros net en début de carrière.

L'exécutif a également promis de mettre sur la table des discussions la « question des montées en compétences », pour mieux valoriser toutes les carrières, tous les métiers et développer de nouveaux parcours professionnels. L'objectif est de renforcer l'attractivité des hôpitaux, qui peinent pour beaucoup à recruter et à fidéliser leurs salariés : près de 30% des postes y sont non pourvus et 30% des nouveaux infirmiers diplômés abandonnent la profession dans les cinq ans. Selon Frédéric Valletoux, il fautégalement « réduire les écarts de rémunérations entre public et privé, qui affaiblissent les hôpitaux »

Réorganisation du temps de travail

Olivier Véran a dit vouloir « revoir le cadre d'organisation du temps de travail à l'hôpital , estimant nécessaire de remettre en cause les « carcans qui empêchent ceux qui le souhaitent de travailler davantage ».Une annonce qui a fait bondir plusieurs syndicats, attachés aux 35 heures

La question n'est pas de « déréglementer le temps de travail », a toutefois précisé le ministre de la Santé, disant vouloir simplement permettre « aux salariés qui le souhaitent » d'organiser « leur temps de travail différemment ». Cette réforme correspond à une demande de longue date de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui préconise une nouvelle gouvernance du système de santé avec moins d'administration, plus poids donné aux médecins et un « dispositif d'autonomie » des hôpitaux.

Meilleure gestion des soins

L'exécutif pourrait également réformer un peu plus la tarification à l'activité (T2A), instaurée en 2003. Ce système, qui fixe les ressources des hôpitaux en fonction des actes effectués, est souvent accusé de pousser à la « course au volume ». Il pourrait aussi mettre un coup d'arrêt aux fermetures de lits, très critiquées par les hospitaliers : en l'espace de vingt ans, près de 100 000 lits ont en effet été supprimés dans les cliniques et les hôpitaux.

Un plan massif d'investissement

Fin mars, Emmanuel Macron avait promis  « un plan massif d'investissement » à l'issue de la crise. Ce plan est destiné notamment à renouveler le matériel aussi bien dans les hôpitaux que dans les Ehpad . La Fédération hospitalière de France réclame pour sa part d'augmenter l'investissement dans les hôpitaux de "deux milliards par an".

La question de la dette des hôpitaux, aujourd'hui proche de 30 milliards d'euros, pourrait également revenir sur la table. Dans le cadre du « plan hôpital » décidé à l'automne 2019, le gouvernement avait annoncé une reprise de dettes « massive » de 10 milliards d'euros sur trois ans.

« Nous irons vite, nous irons fort. », a promis Olivier Véran qui semble avoir compris l'urgence de la situation.




Andrew Preston pour DayNewsWorld