LE SALON DE L’AGRICULTURE ET L'EUROPE

LES AGRICULTEURS SONT TOUJOURS BREDOUILLES

Le Salon de l’Agriculture a fermé ses portes ce week-end laissant une fois de plus les agriculteurs « sur leur faim » (sans jeu de mots) et ceci malgré le ballet et les courbettes  de presque tous les responsables politiques. Pourtant ils ont eu droit à toutes les attentions et à l’extrême sympathie de ce que compte toute la classe dirigeante française.

Pourtant, ce ballet des politiques ou des responsables économiques n’a  pas rassuré le monde agricole qui se trouve depuis de longs mois en grandes difficultés que ce soit globalement ou à titre individuel (pour chaque agriculteur).

A l’issue du Salon, plusieurs questions sont restées sans réponse :

La PAC ( Politique Agricole Commune)

C’est le premier poste de dépense, soit 37,6% du budget de l’Union Européenne. La PAC s’inscrit depuis le Traité de Lisbonne  (2005) dans un cadre contraignant pluriannuel de 5 ans. Mais alors qu’auparavant, c’est la Commission seule qui contrôlait toutes les décisions du budget agricole, depuis 2005 le Parlement détient plus de pouvoir.

Les élections européennes approchant , il est donc facile d’imaginer tout l’intérêt que les agriculteurs vont porter à l’avenir de la PAC et à la place qu’elle aura dans les propositions des programmes des différents partis politiques qui vont présenter des listes pour ces élections.

Or la Commission Européenne, par la voix, en Commission de l’Agriculture de Phil Hogan, a déjà développé ses propres propositions pour le futur budget de la PAC pour la période 2021-2027.

2021, c’est presque demain ! Les discussions sont déjà allées bon train, dans une période de manque à gagner d’environ 12 milliards d’euros causé par le départ du Royaume Uni de l’E.U, en conséquence du Brexit.

Car, en suivant les premières propositions de la Commission Européenne, qui prévoit une réduction de 5% du budget total de la PAC la France ne recevrait que 7,147 Mds d’€ d’aides directes après 2020.

La réduction du budget de la PAC va donc avoir un  impact très négatif sur les revenus des agriculteurs …qui voient arriver avec frayeur ce virage.

La Commission s’est dite consciente de cette situation. Sous la pression (politique) à l’approche des élections européennes elle a lâché du lest et laissé chaque pays libre (ce n’est pas coutume) d’augmenter ses contributions nationales « pour financer les aides au développement durable, à la sauvegarde de la diversité, à la qualité des produits et aux attentes sociétales en matière de santé ».

Mais chacun sait que le budget de la France est exsangue et que les marges d’action sont  quasiment inexistantes à la suite de l’explosion des Gilets Jaunes.

C’est très exactement et pour cette raison, parce qu’il est aussi en campagne , qu’Emmanuel Macron a arpenté pendant 14H30 (un record) les allées du Salon de l’Agriculture, ponctuant ses arrêts d’échanges improvisés, promettant une Europe qui protège, berçant dans ses bras un chevreau, nommé Désir (ça ne s’invente pas !) offert par un agriculteur, promettant de réguler la « population des ours et des loups  de manière pragmatique », caressant les culs des vaches comme le faisait Jacques Chirac… Bref ! Au total, une somme vertigineuse d’aimables bavardages dont il n’est pas sorti grand-chose et qui laisse interrogatif sur les intentions concrètes de l’exécutif en matière de politique agricole nationale.

La loi Agriculture et Alimentation promulguée le 1er novembre 2018 :

Entrée en vigueur le 1er février 2019, la loi a pour objectif essentiel d’interdire la vente à prix coutants des produits d’appel (Coca Cola, Ricard, Nestlé, Nutella etc.) et d’obliger à des augmentations de 10%. Selon la loi, le surcroit de chiffre d’affaires qui devait en résulter, devait en théorie, mieux rémunérer les fournisseurs agricoles et le travail des agriculteurs. Les consommateurs ont retenu leur souffle, s’attendant à des hausses massives de leurs caddies.

La mesure a en fait, paradoxalement bénéficié aux grandes surfaces, une fois de plus … qui, usant de leurs poids financier considérable, ont obligé les industriels à baisser leurs prix (3% en moyenne) et qui par ailleurs ont joué sur les marges des produits distributeurs, non soumis aux marges minimales prévues par la loi. Extravagant !

Résultat, les paysans attendent encore « le ruissellement » qui leur avait été promis

Certes le Ministre de l’Agriculture, a élevé le ton, récemment. Il a promis contrôles et sanctions … a posteriori !

Mais dans le détail, trop occupé lui aussi par ses génuflexions obséquieuses faites à la profession pendant le Salon de l’Agriculture, il dit ne pas avoir encore eu le temps de s’occuper du problème. Les agriculteurs attendront encore !

Les passes d’armes entre écologie et Agriculture :

Sur ces deux points, l’atmosphère était très  tendue entre Nicolas Hulot et Stéphane Travers, l’ancien Ministre de l’Agriculture. Au demeurant, l’un et l’autre ayant démissionné en 2018, on espérait que les couteaux rentreraient dans les placards.

Que nenni ! Rien de tout cela ne s’est produit. Le duel entre écologie et agriculture est reparti de plus bel ! Didier Guillaume , le nouveau Ministre de l’Agriculture a dégainé le premier en dénonçant l’agri-bashing. La réplique de François de Rugy ne s’est pas fait attendre : »il faut être conscient que chaque fois que des concessions ont été faites au monde agricole, cela a crée des irritations dans l’opinion (référence à l’affaire du glysophate) ».

Pauvres agriculteurs, noyés sous la logorrhée présidentielle à l’occasion du Salon de l’Agriculture. Pauvres agriculteurs bernés une fois de plus, car comme Charles Pasqua le disait « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ».

Depuis qu’Emmanuel Macron a été élu , les agriculteurs sont bredouilles, systématiquement.

Aussi, les suicides s’enchainent dans les campagnes (1 tous les deux jours) de sorte que, vote après vote le Rassemblement National (ex FN) moissonne des voix en quantité .

Clara Mitchell pour DayNewsWorld